Souffre douleur officielle du gouvernement et de sa seigneurie Sarko Ier, la ministre des Finances avance doucement vers la sortie.
Christine Lagarde se souviendra longtemps de son voyage à Porto. La présidence portugaise avait réuni les ministres des Finances pour faire le point sur la situation économique européenne, notamment après les dernières prévisions de l’Ocde. Certes, il est désormais de bon ton parmi les dirigeants de tourner en ridicule les prévisions défavorables et de vanter la scientificité des prévisions favorables. Et comme le taux de croissance de la France a été estimé par l’Ocde pour 2007 à 1,8 %, soit moins que celui de l’Italie, le sarkozysme militant s’est déchaîné contre les pseudo-économistes et leur boule de cristal.
Christine Lagarde a assumé la colère des partenaires européens de la France qui ont oscillé dans leur propos entre la hargne et une forme de commisération à l’égard de la malheureuse victime potentielle de l’ire présidentielle. Christine pour sa part a d’abord été ferme sur les principes argumentant que la France terminerait l’année sur un redressement et que la croissance en 2008 serait de 2,25 %. Puis, devant les questions sarcastiques et la pression de moins en moins polie de ses collègues, elle a préféré se taire et songer à organiser son départ. De Porto, bien sûr, de Bercy peut-être. Ses futures noces lui ouvrent de nouvelles perspectives privées et on ne table plus dans les couloirs du ministère des Finances que sur son départ. Derrière tout ce qui se passe dans le champ économique, tout le monde voit la main de Guaino et d’aucuns n’hésitent pas à le voir profiter de l’aubaine pour se propulser à Bercy. Pour les hiérarques du ministère, cela a quelque chose d’angoissant et la formule vacharde qui circule le concernant dit tout en elle-même. « On croyait qu’il était keynésien, en fait, il est imprévisible ».
En tous cas, c’est fou le nombre d’endroits où on le voit. Pour la tête d’Edf, sa côte est en baisse, d’autant que Gérard Longuet multiplie les intrigues pour y parvenir et les démentis pour ne pas trop être humilié par la déconvenue d’un refus présidentiel. À la tête de la Caisse des Dépôts, on vient de découvrir qu’Augustin de Romanet, le titulaire, était bien jeune pour de telles responsabilités et surtout qu’il était chiraquien. En fait Guaino pour le moment est bien là où il est, convaincu de préparer une œuvre politique de référence au travers des discours que prononce Sarkozy. Et tant de gens pensent autour de lui que le départ certainement imminent de Fillon va redistribuer les cartes… Les gens bien informés prétendent en effet que Fillon a déjà menacé de partir, mais que d’autres l’auront fait avant lui. Ainsi, Christine – Lagarde bien sûr – appréhende le moment où il faudra commenter les chiffres du déficit public pour 2007 à l’occasion de la présentation du budget, déficit que certaines notes internes à Bercy chiffrent à 3,1 %, au-delà des limites du Pacte de Stabilité et de croissance, au-delà des résultats des autres pays membres de la zone euro.
Les Grecs, quant à eux deviennent insupportables. Non seulement les anciens cancres de l’UE ne sont pas les moins rigoureux, ayant réduit de 5 points de Pib leur déficit budgétaire en 4 ans mais en plus, le gouvernement gagne les élections sans avoir à trop multiplier les promesses. Christine, rien ne va plus !