Un rapport policier sur la disparition au Portugal l’an dernier de la petite Britannique Maddie McCann a fuité sur internet. On comprend mieux pourquoi les policiers portugais ont un temps fortement suspecté les parents de l’enfant. Alors que l’enquête policière a officiellement pris fin début juillet, ces derniers ont officiellement été mis hors de cause.
Tout le monde se souvient de la photo de la petite Maddie McCann qui s’est volatilisée le 3 mai 2007 dans une station balnéaire située en Algarve, au sud du Portugal. Sa disparition avait alors provoqué un tourbillon médiatique avec en guest star ses deux parents, Gerry et Kate McCann, respectivement cardiologue et ancienne médecin généraliste. Si l’on reste toujours sans nouvelles de la petite Britannique, la police portugaise a décidé le 1er juillet dernier, de mettre fin à son enquête, faute de nouvelles pistes. Un temps soupçonnés d’être mêlés à la disparition de leur fille, les parents McCann, qui ont toujours clamé leur innocence, ont été mis hors de cause.
Puis, le 22 juillet, un rapport de la police judiciaire portugaise a subitement fait surface sur internet. D’abord sur le site web du journal portugais Expresso, avant d’être promptement retiré. Puis maintenant sur le site web www.wikileaks.org. Daté du 20 juin 2008 et composé de 57 pages, il a été rédigé par l’inspecteur Joao Carlos du Département d’investigation criminelle de la police judiciaire de la ville de Portimao.
L’élément le plus intéressant du document reste de loin les raisons qui ont poussé les policiers portugais à considérer un temps les époux McCann comme suspects. A savoir l’utilisation de chiens renifleurs que le rapport présente comme « une technique d’enquête utilisée de façon banale au Royaume-Uni , fréquemment avec des résultats positifs ». Dans le dossier Maddie, ce sont deux chiens anglais qui ont été appelés à la rescousse : l’un « entraîné à détecter l’odeur de cadavre et l’autre à identifier les restes de sang humain » précise le rapport.
Le premier animal a reniflé une odeur de mort (sans que l’on sache s’il s’agit de celle de la petite Maddie ou non) à plusieurs reprises : dans l’appartement où l’enfant a disparu, sur « deux vêtements » de la mère, sur « un vêtement » de la fillette ainsi que sur la clé de la voiture louée par les McCann lors de leurs vacances au Portugal. Le second chien a, lui, détecté une odeur de sang (on ne sait pas non plus s’il s’agit de celui de Maddie ou non) dans le même appartement, « exactement au même endroit » où le chien qui « signale les odeurs de cadavres » l’a fait, précise le document. Mais aussi sur la clé de la voiture des époux McCann ainsi que dans le coffre de leur véhicule. Le rapport précise même que « sur un total de dix véhicules » inspectés, les deux chiens n’ont repéré des traces que « dans le véhicule de la famille McCann ». L’inspecteur de police précise toutefois que les prélèvements ADN effectués aux endroits désignés par le chien flairant le sang n’ont soit pas détecté de sang, soit n’ont pas permis de déterminer de quel fluide corporel il s’agissait. Pas plus que de savoir si le fluide appartenait à quelqu’un en particulier.
De façon plus anecdotique, ce rapport retrace la quantité invraisemblable de pistes que les policiers ont suivi pour tenter de retrouver Maddie McCann. Dès la diffusion de photos de la fillette, les appels de témoins pensant l’avoir aperçu se sont multipliés… de par le monde. Cela a notamment été le cas en Espagne, en Indonésie, à Singapour, en Belgique et au Maroc (une enquête a toutefois été menée dans ces deux derniers pays compte tenu de la précision des signalements). Et l’inspecteur de police d’indiquer qu’à certains moments la petite Maddie avait été aperçue simultanément dans deux endroits distants de 4 000 kilomètres !
Aussitôt la fuite de ce rapport sur internet connu, les parents McCann ont fait savoir par l’intermédiaire de leur porte-parole qu’ils ne commentaient pas ce qui semblait provenir des « sources anonymes habituelles ». De son côté, le téléphone de la police judiciaire de Portimao sonnait dans le vide tout le mercredi 23 juillet…
Les chiens utilisés ne sont jamais trompés dans ce type d’affaires, et une affaire vient d’être résolu grâce à leur apport : "Les chiens pisteurs, Eddie et Keela, utilisé par la police britannique pour retrouver des traces de Madeleine au Portugal ont découvert des restes humains, d’une probable fillette, sous une dalle de béton de 20 centimètres d’épaisseur. Le tout dans un orphelinat de l’île de Jersey au R-U. Selon la police, d’autres "restes humains" pourraient être retrouvés faisant de cette histoire un des plus grands scandales en la matière. Mais le seul lien avec la disparition de Madeleine est l’utilisation des mêmes chiens pisteurs. Soulignons que cette affaire confirme l’efficacité redoutable de ces chiens."
De plus aux états unis, certaines preuves seraient suffisantes pour établir et un indice matériel suffirait pour établir la culpabilité et non au Portugal : "La technique utilisée par les spécialistes britanniques, pour analyser les vestiges rassemblés dans l’appartement et dans la voiture des parents, est une des plus sophistiquée du Monde. Cette technique est utilisée aux États-Unis parce qu’elle permet d’extraire des profils ADN précis à partir de vestiges très ténus par l’augmentation des cycles d’amplification. Dans ces rapports, envoyés à la PJ avec quelques mois de différences l’un de l’autre, les autorités commencent à expliquer la technique utilisée et rendent compte comment ils ont utilisés un échantillon d’ADN de référence de Madeleine McCann. Cet échantillon a été obtenu via des taches de salives existantes sur le coussin de la petite. L’ADN des autres membres de la famille a été vérifié afin d’extraire les marqueurs génétiques identiques pour qu’il n’y ait pas de confusion lors du résultat. Le rapport est de 22 pages et signé par un expert biochimiste et spécialiste en microbiologie. Il détermine que 15 marqueurs génétiques sur 19 coïncident parfaitement avec l’ADN de Madeleine McCann. Le second rapport, envoyé après que Kate et Gerry furent déclarés suspects, soulève des doutes théoriques quant aux conclusions du premier rapport. On parle, ici, de 15 marqueurs sur 19. Aux États-Unis pour condamner quelqu’un il ne faut que 12 marqueurs d’ADN concluant. Ainsi, aux États-Unis, sur base de ce rapport, les parents seraient accusés. Or au Portugal, La loi exigeant 19 marqueurs identiques, les parents pourraient bénéficier d’un non lieux voir même d’un classement du dossier." "Une partie du dossier reposerait sur les résultats d’analyses de vestiges, dont les résidus biologiques et synthétiques avaient été envoyés à l’INML et au FSS et dont le profil génétique s’approche terriblement de celui de Madeleine. Pour beaucoup d’enquêteur, cette preuve semble être suffisante. Mais la vérité c’est que devant le tribunal, ces résultats peuvent créer le doute. Les résultats sont entre les mains de la PJ depuis quelques mois et il existe un haut degré de similitude entre le sang trouvé dans la voiture de location des McCann et celui de Madeleine. Les mêmes comparaisons ont été faites avec les vestiges retrouvés dans l’appartement d’où la petite a disparu le 03 mai de l’an dernier. Un an après les faits, sans cadavre ou sans confessions, les parents continueront à créer le doute. Or, en termes de droit, le doute bénéficie toujours aux accusés. Le doute ne sera pas créé sur la qualité des vestiges mais sur le fait académique qu’il n’existe pas de résultats d’ADN à 100 % exacts. Et si les résultats des tests ADN ne démontrent pas à 100% qu’ils sont de Madeleine, alors le doute existe… "