La peine de Granomort

Ministre des contraventions, Ministre de l’Information, Ministre d’État, de l’Aménagement du Territoire, candidat à la présidentielle, Nicolas Sarkozy a présidé mercredi 14 mars 2007 à 11h30 dans la cour de la Préfecture de Police, une cérémonie de remises de décorations. « Nicolas SARKOZY a également rendu hommage aux méritants ayant reçu depuis 2002 la médaille d’honneur pour acte de courage et de dévouement ou ayant accompli un acte de bravoure », indique ainsi le communiqué tout à fait sérieux et officiel de l’Intérieur.

Pour sa part, en dépit de quelques efforts –il est vrai vite découragés par des impératifs de sécurité nationale – Bakchich n’est pas parvenu à savoir si Antoine Granomort avait été convié à cette belle cérémonie.

On se souvient que ce fonctionnaire de police s’était distingué en novembre dernier en se portant au secours d’un supporter juif poursuivi par des skinheads du PSG.

Une intervention qui s’était aussitôt soldée par la mort de l’un des agresseurs « présumé ».

Intervention héroïque ? Grosse bavure ? Dans des circonstances confuses et un contexte émotionnel certain, le parquet avait très rapidement conclu à la légitime défense.

Quoi qu’il en soit et à défaut d’avoir été décoré, le policier n’est pas en manque de convocation officielle. Il honorait ainsi de sa présence le 6 mars dernier, le banc de la XVII° chambre correctionnelle. Pour des faits qui remontent à 2005 : « escroquerie et dénonciations mensongères ».

En résumé, il ressortait des débats que le policier avait pris l’habitude de siphonner discrètement la carte bleue de son beau-père. À 44 reprises et pour un montant de 13 200 euros. Un beau jour – eh oui ! – sa belle-mère ( on ne s’en méfie jamais assez ! ! ) intriguée par les mystérieuses ponctions s’en ouvre à son gendre, policier de son état. N’est–il pas le mieux placé pour résoudre l’affaire ?

Sur quoi le gendre-policier se précipite au commissariat pour raconter le cauchemar qu’il vit depuis des mois. Et d’expliquer qu’il est tombé sous la coupe d’odieux trafiquants de drogue. « Des arabes », qui l’on enlevé, sequestré, torturé et même violé . Ceci à plusieurs reprises au cours de l’année 2004. Soumis à rançon -15 000 euros- le gardien de la paix Granomort n’a pas d’autre solution que de pomper la carte de beau-papa.

Le récit, on l’imagine, provoque une certaine émotion chez les collègues. Saisie, la 3ème DPJ met le turbo pour mettre la main sur les tortionnaires. Il apparaît rapidement toutefois que le gardien de la paix a tout inventé. Enfin presque. Surgit alors une seconde version. En fait explique le fonctionnaire , « avant de rentrer dans la police , j’avais escroqué avec mon cousin, des dealers de cannabis. Des années plus tard ils m’ont retrouvé. Ils me menaçaient de mort ainsi que ma famille. J’étais obligé de rembourser. »

De guerre lasse , aucune enquête ne tentera de vérifier cette variante. 6 à 8 mois avec sursis a requis le Procureur, en invitant le tribunal à envisager « une interdiction définitive d’exercer le métier de policier ».

Pour l’heure, notre policier est affecté à la sécurité du métro et du RER. Conseil Bakchich ? N’oubliez pas de composter votre billet…