Entre perquisitions et auditions par les juges de l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin eut juste le temps, cet été, de faire 25 heures d’avion pour passer quelques jours de vacances à Tahiti. À Papeete, ce fidèle de Chirac fut accueilli par Gaston Flosse, l’ex roitelet de l’île, soupçonné d’avoir alimenté le fameux compte de l’ancien chef de l’Etat au Japon. « Et si Chirac n’a pas compris que ses deux fidèles amis lui envoyaient un message, c’est qu’il est vraiment fatigué ! », confie un ancien ministre.
Avec la convocation de Villepin le 13 septembre par les juges d’Huy et Pons, les giboulées de septembre risquent fort de prendre des airs d’apocalypse judiciaire. Déjà, les témoignages en juin et juillet de quelques-uns de ses vrais faux amis (Rondot et Gergorin) ont fait de ce dernier un des initiateurs de cette gigantesque et dérisoire usine à gaz. Sans parler de l’audition de Nadine, la fidèle secrétaire de Villepin, forcément trop bavarde. Mais il y a pire. Consultées avidement par Bakchich, les auditions de pontes de la Dst révèlent le beau foutoir qu’a mis l’affaire dans le service de contre-espionnage.
Entre fin 2004 et début 2005, la fausseté des listings est démontrée par la justice. Panique dans les rangs, il faut trouver des coupables. Le patron chiraquien de la DST et ses affidés, dont un très souterrain commissaire, pondent note sur note, aussitôt déclassifiées, accusant tous les cabinets d’intelligence économique d’être à l’origine du bidouillage. Reste que le service, lui, réalise des documents, mais eux « classifiés » et donc non consultables, qui remontent assez facilement jusqu’à la source de l’entourloupe, l’axe Villepin-Gergorin. Avec l’arrivée de Sarko à l’Elysée et de ses hommes à l’Intérieur, les deux juges d’Huy et Pons, ont pu –enfin !-déclassifier ces précieux documents. Saine lecture dans le cabinet des juges pour Dominique.
Depuis règne à la DST, selon un de ses éminents membres, « une ambiance mortuaire ».