Le 26 octobre 2008, Fabio Butali était abattu d’une balle à sanglier dans le dos, tirée à 20m, alors qu’il circulait à VTT sur un chemin. Compte-rendu du procès en correctionnelle, qui s’est déroulé le 4 juin à Privas, en Ardèche.
Au premier rang, à droite, une brochette de moustachus est venue soutenir l’auteur du tir. Dans le reste de la salle, des amis, de la famille du jeune homme de 25 ans et des « usagers de la nature » interpellés par cet accident mortel d’un non-chasseur, une triste première en Ardèche.
Deux thèses s’affrontent au cours de l’audience : le chasseur maintient avoir pratiqué un tir fichant, c’est-à-dire en direction du sol (qui en l’espèce se trouvait être un talus de 4 à 5 m de hauteur), visant un ou plusieurs sangliers. Il suppose que c’est un éclat qui a atteint mortellement le jeune homme, au travers d’impénétrables fourrés. L’épaisseur de la végétation expliquerait qu’il n’ait pas vu arriver le cycliste sur le sentier. Il admet qu’il s’était mal représenté les lieux et n’imaginait pas que le sentier, large de deux mètres environ, fut si proche. C’est pourtant un habitué, qui chasse dans la région depuis trente ans.
Ses avocats soulignent que le sentier est privé, que la battue en cours était signalée (les gendarmes ont cependant estimé que les panneaux, cachés par la végétation, étaient peu visibles). Ils mettent en cause l’expertise balistique, effectuée sans déplacement sur le terrain ni autopsie mais d’après photos et analyse du T-shirt de la victime. Arguties sur la balle – déviée ou pas par le sol, les branches ? – la possibilité d’un ricochet… Ils plaident le concours de circonstances, la fatalité, et non l’erreur humaine ou l’imprudence.
Autre son de cloche. La fédération de chasse, constituée partie civile, met en cause le chasseur, et non les règles. La ligue Roc, anti-chasse, met en cause le chasseur et les règles. La famille soutient qu’une imprudence a été commise par le chasseur : tir non-fichant, absence de visibilité. Pas de fatalité. Simon Dellis, qui roulait avec Fabio Butali ce jour-là, est mis en cause par la défense : il a fait courir sciemment des risques à son ami ! Il ne flanche pas : « quand on pratique des sports de pleine nature, il y a des risques qu’on peut accepter et d’autres qui ne devraient pas exister. »
Le procureur rappelle la solide tradition alcoolique du milieu de la chasse en reconnaissant que, dans ce dossier, l’alcool n’est pas en cause. Il demande le maximum : 5 ans d’interdiction de permis de chasse et de détention d’arme, et deux ans de prison avec sursis. Jugement le 18 juin.
Au final, qui blâmer ? Le chasseur, sans doute. Le tir fichant a été négligé, ou l’on n’en serait pas là. La visibilité manquait. Mais les règles ? La ligue Roc met en cause le laxisme de la législation et les règles non-contraignantes, établies le plus souvent par les chasseurs eux-même : à chaque accident de chasse, il observe le même enchaînement de négligence entraînant l’accident. Les responsabilités se partagent entre le législateur, le chef de battue, et ses différents participants.
Pour y remédier l’Aspas (Association de sauvegarde et de protection des animaux sauvages) réclame, relayée par différentes associations sportives, l’interdiction de la chasse le dimanche sur tout le territoire. Et pétitionne.
Les accidents de chasse en 2005-2006 (derniers chiffres officiels disponibles) ont fait 24 morts et 145 blessés, dont 61 graves, à peu près dans la moyenne des dix dernières années. La majorité des victimes sont des chasseurs. Une balle de carabine à gros gibier reste mortelle à 2km de distance. Paradoxalement, ce type de munition est moins dangereux que la désormais proscrite chevrotine, moins puissante, qui ricochait plus facilement et causait plus de blessures, aux dires de la fédération de chasse.
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
La défense des chasseurs est plus que douteuses, et leur éthique discutable ( il y a des règles de sécurité à respecter dans la chasse, ce qui n’a visiblement pas été le cas ). Quant à mettre en cause la victime et son ami, c’est abject. On se croirait chez les Inconnus.
Mais la récupération de cet accident par les anti-chasse est tout aussi abject ! Profiter de la mort d’un homme pour tenter d’imposer ses opinions ne mérite que le mépris. Ces gens me rappellent ceux qui, à chaque crime sordide, demande le rétablissement de la peine de mort. Incapable de convaincre dans un débat serein, ils veulent profiter de l’émotion pour faire croire qu’ils ont la solution.
Parlons-en, de la balistique !
Tant que certains IMPUISSANTS continueront de venir tirer en battue du gibier moyen (oui, un sanglier c’est moyen) avec des calibres MONSTRUEUX qui n’ont d’autres intérêt que de flatter leur égo flétri, il y aura des tragédies.
Sans rentrer dans des détails que les néophytes ne pourront pas saisir, qu’ils se représentent simplement qu’aujourd’hui une grande partie des cows-boys qui terrorisent les sous-bois utilisent des trucs genre 300 Winchester Magnum. Ce calibre a été conçu avec un cahier des charges clair : être capable de tuer du gros gibier américain (antilope de 300 kilos) et moyen gibier africain à distance (2-300 mètres). Les tireurs d’élites militaires aussi l’utilisent, pour des tirs mortels à 1.000 mètres…
Par chez nous, les beaufs en 4x4 en raffolent pour tirer des chevreuils à trente mètre…ben ouais, quand ça même bourré tu tues…suffit de shooter la pauvre bête « au jugé », aucune chance de survie (car ils osent souvent mettre en avant l’argument de pas blesser la bête, ces tireurs du dimanche)…avec les résultats que l’on voit.
sans rentrer non plus dans les détails et pour me faire l’avocat du diable, la portée (ahurissante) des armes n’est pas forcément le problème si le tir est bien dirigé vers le sol (fichant). de plus dans ce cas la balle explose du fait de sa vitesse (non moins ahurissante).
au delà du pour ou contre la chasse, pour ou contre tel ou tel type d’arme, on peut se demander si tout est fait pour que des règles strictes soient toujours respectées.
Si on ne devait faire que des tirs "fichant", on ne tirerait JAMAIS…
En battue 1 tir sur 100 est fichant…le reste c’est de la théorique de compte de fée pour rassurer les VTTistes et autres promeneurs…
L’Ardêche et ses vallons, ok, mais en plaine picarde ou en Sologne…réfléchissez deux secondes..
les chasseurs emmerdent le monde, s’ils ne sont pas capables de chasser en conscience de ce qui les entoure ils restent chez eux.
encore une fois c’est la ploutocratie qui va triompher et l’incompétence.
C’est l’inverse qu’il se passe. Les chasseurs qui ont une conscience ne chassent plus, et depuis plusieurs années déjà ; meme s’il renouvellent leur permis par nostalgie. Ils ne surveillent plus les battues non plus. Et là, le manque se fait sentir hein ?
On ne peut pas dire que les chose se soient passées en douceur. Les chasseurs consciencieux connaissent parfaitement l’environnement naturel. Ils connaissent et respectent bien mieux la nature et la vie que beaucoup d’écolos aux méthodes débiles et brutales qui rendu tout dialogue impossible.
Ca me fait penser au "décroissants" et autre "casseurs de pub" qui vivent en ville, qui respirent les vapeurs de gasoil et qui fulminent contre les chiens qui urinent et défèquent sur le bithume en parlant de morsures et d’accidents pour faire peur, en disant que ça fait marrer les propriétaires.
Ils ne voient pas que c’est le bithume qui est de trop ? Les villes, les bagnoles, et la déforestation, l’exploitation à outrance des ressources qui leur permet d’entretenir ce mode de vie ? Ils ne voient pas que les gens prennent des chiens pour avoir un peu de compagnie dans ce monde désolant ?
Et si on comparait le nombre d’accidents de chasse, de morsures de chiens avec le nombre de femmes défigurées et tuées par leur conjoint ? On compte 6 meurtres par mois en France de manière officielle. C’est à dire sans compter les familles qui ne demandent pas d’autopsie et les rapports biaisés par les médecins légistes. Sans compter les blessures, les tortures mentales, etc..
Alors, les femmes doivent se mettre à diffuser des journaux en propagenant l’idée que les hommes sont dangereux, qu’il faut éviter d’en avoir un à la maison ? On serait tenté à force de les voir au pouvoir et de n’etre capable que de détruire la nature, de polluer les sols et de faire la guerre.
Mais là, bizarrement tout le monde crierait au grand n’importe quoi… bizarrement. Alors arretez avec vos jugements péremtoires, pour revenir à des façons intelligentes de résoudre les problèmes.