De bons pères de famille travaillant dans des laboratoires modernes trouvent normal de changer des plantes alimentaires en carburant automobile.
De l’art de mettre les lecteurs dans la poche : le monde est fou. On formulera même la pénible hypothèse qu’il le devient de plus en plus.
Voyez plutôt la manière dont un pays civilisé – la France – a accueilli sans broncher le déferlement des « biocarburants », que je préfère, et de loin, nommer nécrocarburants. N’apportent-ils pas la mort avec eux ? Rappelons que des bons pères de famille travaillant dans des laboratoires modernes trouvent normal de changer des plantes alimentaires en carburant automobile.
Ces excellentes personnes morales jugent acceptable de changer des millions de tonnes de maïs, de canne à sucre, de soja, de blé, de colza, de tournesol, de betterave, en essence et diesel.
Cela, dans un monde qui compte plus d’un milliard d’affamés chroniques.
La limite est-elle atteinte ? Oui, car on pourrait difficilement faire plus extrémiste. Non, car il existe des réserves d’imagination, comme en témoignent les historiettes suivantes.
On apprend fin 2007 que João Cláudio Plath, habitant de la ville brésilienne d’Apucarana, a décidé de fabriquer seul l’essence de son auto. Ingrédients : de l’alcool, de la soude caustique et du méthanol, le tout accompagnant de la graisse de poulet.
Au même moment, deux géants industriels américains, Tyson Foods et ConocoPhillips, lancent une gamme de carburants tirés de restes de porc, de poule et de volaille. Il faut ajouter que le gouvernement fédéral accorde au même moment 1 dollar de déduction fiscale pour chaque gallon – 3,78 litres – de carburant issu des animaux. Au Danemark, l’entreprise Daka lance, à Løsning, une usine qui devrait à terme produire 55 millions de litres de diesel à base de graisses animales.
La France, je suis navré de devoir l’écrire, serait plutôt en retard. L’entreprise Saria, spécialisée dans l’équarrissage, avait annoncé en 2007 l’ouverture d’une usine capable de traiter 200 000 tonnes de diesel par an grâce à ses nombreux et savoureux déchets d’abattoir. L’installation n’est pas encore opérationnelle. Mais cela viendra, car, apparemment, tout viendra.
D’ailleurs, lecteurs de Bakchich, êtes-vous choqués ? Utiliser l’animal jusqu’à cramer l’ultime goutte de sa graisse, est-ce que cela vous gêne ? Moi, cela me rappelle le pire.
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Votre post m’a profondément choqué ! Vous mélangez tout ! Utiliser des plantes alimentaires pour les transformer en carburant est contestable et c’est pour moi aussi, une grave dérive.
Mais recycler des déchets qui sont toxiques et non comestibles pour l’être humain (c’est à dire graisses, sangs, peaux de bêtes mortes) et les transformer en diesel me semble une idée plutôt saine. Préfériez-vous que l’on enterre ces déchets toxiques et que l’on pollue encore plus les sols ? A titre d’info, on fait aussi maintenant en France de l’essence avec de l’huile usagée que l’on récupère dans les restaurants. Ceci aussi est-il monstrueux ?
Je tiens à dire que je suis une lectrice fidèle de Bakchich depuis plus d’un an et je suis choquée par le manque de pertinence de celui-ci !