Faillites, dégraissages, restructurations, George Clooney est un coach du licenciement, un serial vireur. Par le réalisateur de Juno, une comédie légère sur fond de crise grave.
- J’adore Clooney.
Tout le monde adore Geooooorge. Les femmes succombent devant son charme rétro et son œil de velours, les mecs ont envie d’aller boire une petite mousse avec lui : c’est vraiment la star cool, décontractée, immaculée, il te donnerait presque envie de déguster un Nespresso.
- Doucement quand même… J’aime également son engagement. Il a été un des premiers à soutenir Obama et se montre infatigable pour mobiliser pour le Darfour ou Haïti.
C’est la star équitable qui tourne de grosses machines afin de financer de petits films engagés.
- En plus d’être un bon acteur, c’est également un producteur avisé et un vrai réalisateur.
Exact. Il a même déclaré : « Quand je regarde de vieux films pleins de charme, cela me rend nostalgique. J’ai de plus en plus de mal à trouver des films qui m’intéressent, c’est pourquoi, aujourd’hui, je les fais moi-même. »
Il est comment dans In the Air ?
Simplement fabuleux. Il incarne Ray Bingham. Son job, vous virer de votre boulot, avec un sourire XXL. Spécialiste du licenciement sec à l’américaine, il est le nettoyeur à qui les entreprises font appel pour ne pas avoir à se salir les mains et annonce la bonne nouvelle aux quatre coins des USA à des salariés éplorés. De plus, notre homme n’a aucun état d’âme et son but dans la vie est d’accumuler les miles d’avion. Pourquoi ? Pour la beauté du geste et obtenir le bingo absolu : les 10 millions de miles ! Ray est donc un mec vide, détaché de tout, un connard misanthrope qui n’a qu’un dieu : sa carte Gold VIP. Comme c’est George, il va faire connaissance de deux femmes. Et comme on est dans un film américain, notre homme va changer.
- Oups, ça se barre en sucette, donc.
Le film est impeccablement tenu pendant la première heure. C’est drôle, acerbe, méchant, bref, c’est bon comme du Billy Wilder vintage. Derrière la caméra, Jason Reitman, déjà auteur de Thank you for smoking et du formidable Juno, prouve qu’il peut faire rire avec des sujets graves (un VRP du cancer, une gamine de 16 ans qui abandonne son enfant, l’horreur économique) et offre une radiographie sans fard d’une Amérique cupide, en plein marasme, complètement déboussolée. Mais bientôt, la comédie noire, absolument jouissive, sur l’individualisme et la solitude se métamorphose en une histoire d’amour un poil convenue. Comme s’il avait peur de son sujet, Reitman verse un peu trop de sirop dans son arsenic et assène quelques messages du style la famille c’est bien, rien ne vaut la vie à deux, il ne faut pas vieillir seul…
Il veut décrocher un maximum d’Oscars.
Oui, et il a tort. Juno était un vrai bijou, bizarre, drôle et poignant, car Reitman, épaulé par sa scénariste, Diablo Cody, prenait à rebours tous les clichés du genre pour dessiner le portait ébouriffant d’un petit bout de femme. Reitman tente à nouveau de boucler le « feel good movie » de l’année, mais il n’est plus dans le miracle Juno, il est dans la recette. Malgré son côté putassier, In the Air reste néanmoins passionnant, notamment grâce aux acteurs. Après avoir révélé la jeune Ellen Paige, Reitman offre à George Clooney un de ses meilleurs rôles depuis Hors d’atteinte, un polar de 1998 signé Steven Soderbergh. Qui d’autre que lui aurait pu incarner cet enfoiré absolu, cet homme pathétique au sourire de Cary Grant ?
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Cher J-P M,
J’ose un "Cher", car on se connaît n’est-ce pas ? C’est vous qui laissez des posts rageurs depuis deux ans où vous m’accusez de tous les maux, notamment d’avoir bossé à UGC. C’est pas beau la délation… Maintenant, vous me cherchez car je serais grossier. Quelle persévérance…