La guerre de succession au FN vire à la bataille rangée. Tous les coups sont permis, y compris judiciaires. Une perquisition a eu lieu au « Paquebot »
Ça n’a pas traîné. Un mois à peine après le congrès du Front National ouvrant la succession du « leader maximo », le FN s’offre sa première nuit des longs couteaux. D’ores et déjà le match entre partisans de Marine de le Pen (celle-ci supposée incarner l’ouverture et le modernisme) et les « orthodoxes » qui défendent donc eux la ligne « dure » du parti.
Petite cause grands effets, une modeste opération de la brigade financière conduite il y a dix jours au siège du FN vient d’offrir aux uns et autres l’occasion de défourailler.
À l’origine de cette descente de police, un obscur contentieux entre un ex-militant du FN et le et le secrétaire départemental du FN dans le département du Nord Philippe Bernard. Montand du contentieux ? 15 000 euros et des plaintes croisées qui remontent à 2004…
Une embrouille financière sans doute embarrassante pour les apôtres du « tête haute mains propres » mais à priori pas de quoi faire trembler un parti qui quoi qu’il en dise en a vu bien d’autres. En interne, on qualifie toutefois de « sans précédent » le lâchage dont vient de faire l’objet le conseiller départemental. A peine les flics avaient –il en effet poussé la porte du siège du FN et sans attendre les résultats de l’enquête judicaire, voilà que Le Pen décide de suspendre le dit conseiller et de donner à cette décision un gros coup de pub via un communiqué officiel. : « Au vu des premiers éléments de l’enquête interne diligentée par les auditeurs du Front national, Philippe Bernard est suspendu à titre conservatoire de toutes ses fonctions », annonce urbi et orbi Jean-Marie laissant ainsi entendre que le contrôle interne du parti colle de près aux présomptions de la brigade financière… Voilà donc le chef de fille lillois du FN, en principe supposé conduire la bataille des municipales, lâché brutalement en rase campagne, par ailleurs déchargé de toutes ses responsabilités.
Sur son blog, Philippe Bernard n’apprécie guère la félonerie : « après 23 ans de militantisme ( …) j’aurais pu m’attendre à une autre solidarité de la part de mon propre parti ! », écrit-il.
Avant d’ajouter « Jean-Marie Le Pen prétend que " les premiers éléments de l’enquête interne diligentée par les auditeurs du Front National " justifient ma suspension de toutes mes fonctions.Or je n’ai jamais été entendu à l’occasion de cette prétendue enquête, les " auditeurs " du FN étant pour moi de véritables fantômes. Et peu de temps après cette décision, les membres du Bureau exécutif ont même refusé de m’entendre ! »
Pour enfin conclure : « En rendant publiques des mesures disciplinaires qui devraient rester conservatoires et internes, ces personnes participent à une réelle opération de lynchage à mon encontre. Tels étaient sans doute les buts poursuivis, l’opération judiciaire fournissant un prétexte en or à celle et ceux qui souhaitent ma mort politique ! »
On aura pas trop de mal à reconnaître l’intéressée – Marine Le Pen –laquelle cherche précisément à se tailler un fief dans le nord après son relatif succès dans le Pas-de-Calais ( à Hénin-Beaumont) aux dernières législatives.
Problème le patron de la Fédération Nord, un territoire particulièrement convoité en ces temps de disette électorale c’est Carl Lang. Chef de file des orthodoxes c’est le principal opposant à la ligne « rénovatrice » de Marine Le Pen.
Pour ses partisans toute cette affaire est cousue de fil blanc : « Philippe Bernard est un fidèle de Lang et comme par hasard la financière a aussi débarqué chez Christian Baeckeroot candidat à Tourcoing [1]
Un cadre historique notoirement hostile à Marine. Bref ça flingue a tout va et parmi les orthodoxes on n’hésite plus a dénoncer la « collaboration » des partisans de Marine Le Pen avec la police de Sarkozy. Une saine ambiance qui préfigure sans doute de joyeux développements…
[1] le 24 novembre dernier le Bureau Exécutif du Front National » ( c’est-à-dire Jean -Marie) « s’étonne de l’annonce de la candidature de Monsieur Baeckeroot à l’élection municipale de Tourcoing dans la mesure où celui-ci ne l’a pas présentée devant la Commission Nationale d’Investitures (c’est-à-dire Jean -Marie) du mouvement, seule compétente en la matière. »