Tout nouveau règne a ses martyrs. Celui de Sarko Ier a trouvé son patron-coupable, Noël Forgeard.
Sale temps pour les patrons gloutons ! L’ambiance est même carrément au lynchage en place publique pour Noël Forgeard, le plus emblématique d’entre eux.
L’ancien patron d’EADS qui a quitté le groupe aéronautique avec un pactole de 8,5 millions d’euros en guise de « golden parachute » va devoir rendre des comptes à la justice. Et plus vite qu’il ne le croit. L’enquête préliminaire sur ce pactole, ouverte par le parquet de Paris, dans la discrétion il y a un mois, est pratiquement terminée. Et pas dans le sens de la clémence. Une information judiciaire en bonne et dûe forme va bientôt lui succéder.« La hiérarchie attendait visiblement de voir comment tournait la conjoncture politique, avant de donner l’ordre de boucler les investigations », observe, en souriant, un enquêteur. Justement, depuis le 6 mai et l’élection de Sarko Ier, le climat est plutôt à l’hallali. Le nouveau président, qui n’a pas arrêté pendant la campagne de pourfendre les patrons-voyous - tout en festoyant avec eux - s’est promis de faire un exemple.
Noël Forgeard, étiqueté chiraquien et viré d’EADS, ce qui le rend doublement vulnérable, va donc faire office de victime expiatoire du nouveau régime. Les 8,5 millions d’euros de parachute doré s’apparentent-ils à un abus de bien social ? C’est la question qui était posée aux flics de la financière. Pas du tout, clament les défenseurs du patron déchu. Il n’a pas volé cet argent, expliquent-ils en substance puisque c’est le conseil d’administration d’EADS qui le lui a donné et que l’Assemblée Générale ne s’y est pas opposée. « Peut-être, note-t-on au parquet de Paris. Mais la jurisprudence est claire : l’assentiment des organes sociaux de la société ne fait pas disparaître l’aspect frauduleux d’un abus ».
Autre ligne de défense avancée par Forgeard et balayée d’un revers de main par les enquêteurs : les parachutes dorés existent parfaitement légalement dans tous les grands pays capitalistes. « Sauf que nous avons vérifié qu’aux États-Unis par exemple, les salaires de nabab s’accompagnent d’une vraie prise de risque », rétorque-t-on au parquet de Paris. Et ici, on est quand même devant un patron qui coule sa boîte et se tire avec la caisse ». Un peu brutal comme constat. Mais pas entièrement faux non plus.
Circonstance aggravante, outre la petite fortune touchée à son départ, Forgeard est également dans le collimateur de la justice pour une autre opération juteuse réalisée quelques semaines avant de se faire virer : la vente de ses actions EADS juste avant que leur valeur s’effondre. À la clé, un gain de 2,5 millions d’euros quelques jours avant de rendre publique une alerte sur les résultats du groupe et donc la chute de l’action en bourse. « Le délit d’initié, ici, est avéré », tranche déjà un haut magistrat au fait du dossier et visiblement peu soucieux de la présomption d’innocence. Autant Arnaud Lagardère, également visé dans l’enquête confiée d’abord au juge Courroye puis à son successeur Jean-Christophe Hullin, « peut s’en sortir », dixit la même source, autant « Forgeard n’y coupera pas ». Et on exhibera sa tête en haut d’une pique dans les rues de Paris ?
la vente de ses actions EADS juste avant que leur valeur s’effondre. À la clé, un gain de 2,5 millions d’euros quelques jours avant de rendre publique une alerte sur les résultats du groupe et donc la chute de l’action en bourse. « Le délit d’initié, ici, est avéré », tranche déjà un haut magistrat au fait du dossier et visiblement peu soucieux de la présomption d’innocence
Le délit d’initié est avéré pour Forgeard.
lagardère le "frère de Sarkozy a aussi vendu avant la chute de l’action et l’annonce des retards.
Aucun juge à l’horizon pour trancher ? quand les petits actionnaires se sont fait troncher..