Faut-il sauver le soldat Mam ?

Michèle Alliot-Marie, l’insubmersible ministre de l’Intérieur est bichonnée par le bien-aimé Président Sarkozy. Déjà, l’aimable Nicolas, dans une galanterie infinie, l’a soulagée de tout un pan de son ministère dès sa nomination. La création du doux ministère de l’Immigration et dépendances lui a ôté la responsabilité des reconduites aux frontières. Ensuite, la valse des nominations à la tête de la police, comme l’a raconté Bakchich (cf.Sarko soigne l’intérieur de Mam in Bakchich # 37), ne lui a pas provoquée de migraine. Tous lui ont été imposés. Quant à la fusion RG-DST, dont Madame n’a jamais été fan, pas trop de boulot non plus en perspective. Bernard Squarcini, le patron de la DST et l’ami Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée s’en chargent. Seul reste à Mam le soin d’annoncer un projet d’interdiction de croisement de races de chiens dangereux. En voilà une belle décision qui restera peut-être comme sa dernière grande déclaration.

Aux petits soins avec ces dames, le chef de l’Etat sait quels tourments peuvent les habiter. Et songe de plus en plus à la soulager de cette tâche. D’autant qu’un chevalier est prêt à la remplacer au pied-levé : l’inénarrable Christian Estrosi, ci-devant ministre de l’Outre-Mer. Le fier garçon s’est multiplié pendant l’été et va continuer pendant l’automne. Juillet : voyage à Saint-Martin, Saint Barthélémy et Mayotte ; août : Guyane et Polynésie, et un petit tour par la Guadeloupe et la Martinique après le passage de l’ouragan Dean. Et en prévision, une escapade à Wallis-et-Futuna, un saut à la Réunion, sans oublier la Nouvelle-Calédonie. Bref, un véritable marathon pour le « motodidacte », preuve de sa bonne santé et son envie de servir. Le bonhomme s’est bien remis de ne pas avoir été nommé à la présidence du groupe parlementaire UMP, et s’est même mis en tête, donc de délester sa ministre de tutelle de son titre.

Autre signe de sa ferveur, l’élu des Alpes-Maritimes a même choisi d’abandonner un de ses vieux combats : la prise de la citadelle niçoise. Depuis des années, le sémillant Estrosi lance ses assauts pour soustraire la ville à son maire, pourtant UMP, Jacques Peyrat. La quête obsessionnelle dure depuis 1995, sans autre résultat que de lézarder la droite locale.

A l’Intérieur, promis, la trêve sera signée. Un gage a même déjà été donné. Le bon président doit sceller la paix en inaugurant la fameux tramway niçois en novembre, chantier phare du maire, qui paralyse tant la ville que les services de police, saisis pour quelques affaires de gros sous.

Autant d’efforts pour soulager la vie de Mam pourrait presque paraître suspects. Gageons que l’affaire Clearstream n’a rien à voir avec ces assauts de bonté envers Alliot-Marie. De méchantes rumeurs enflent ces derniers temps, sur une possible mise en examen de la ministre, pour complicité de dénonciation calomnieuse. Mais Sarko Ier, dans sa grande clairvoyance, ne peut donner crédit à de tels dires et penser qu’au courant de toute la machination, l’alors ministre de la Défense ne lui en ait soufflé mot. Inimaginable.