Il est beau, il va vite, et en plus il est fanatiquement sarkozyste. Triomphalement réélu député, Christian Estrosi a décidément tout pour plaire.
Tout sourire ! Christian Estrosi est un homme ravi. Elu dès le premier tour avec 60,08% des voix dans sa 5ème circonscription des Alpes-Maritimes, l’ancien motard professionnel peut se targuer de performances électorales dignes d’un Bol d’or. Et il espère bien gagner la course pour obtenir la présidence du futur groupe UMP à l’Assemblée nationale. Une lourde responsabilité de pilote que ce sarkozyste du premier cercle, qui va fêter ses 52 ans, guigne ouvertement. Pour l’emporter, il devra obtenir le vote des députés. En dépit de son profil atypique et des soupçons de lobbying dans son entourage (voir Un perroquet conseille l’Intérieur), ses chances ne sont pas minces.
D’abord, Sarko le lui a promis. Et comme chacun sait, Nicolas a juré qu’il tiendrait ses promesses. A défaut d’offrir un beau portefeuille de ministre à son fidèle Estro, « Nicolas » lui a proposé de conduire la grosse armada des quelques (probables) 400 députés de la majorité présidentielle. L’Elysée a besoin d’un homme sûr pour faire rouler en ordre ces godillots, éviter les embardées, faire respecter les consignes venues d’en haut. La tâche ne sera pas commode, mais ce serait une consécration pour ce fils d’émigré italien, surnommé « motodidacte », entré à l’Assemblée nationale en 1988, promu en 2005 ministre délégué à l’Aménagement du territoire. Accessoirement, Estrosi vise aussi la mairie de Nice en 2008, en digne fils spirituel du controversé Jacques Médecin.
Ensuite, Estrosi dispose de solide appuis au sein de l’UMP. Il a notamment l’aide de l’ancien président du groupe, Bernard Accoyer, très influent parmi les députés, qui vise, lui, la présidence de l’Assemblée. En échange de son précieux soutien, Estrosi défend, bien sûr, la candidature d’Accoyer au perchoir, face aux ambitions de Patrick Ollier et François Baroin. Estrosi aurait également un autre député de poids dans sa poche, en l’occurrence Jean Leonetti, ancien vice-président du groupe UMP. Leonetti a le mérite d’être très écouté par ses pairs et d’avoir été élu, lui aussi, dès le 1er tour, avec 64% des voix dans les Alpes-Maritimes.
Enfin, le zèle sarkozyste du bel Estrosi est rarement pris en défaut (comme le prouve cette belle aubade le soir du 26 avril). Il préside le conseil général des Alpes-Maritimes, le département le plus sarkozyste de France (68% des voix au deuxième tour de la présidentielle), pays où le Président adore prendre des bains de foule triomphaux, comme le 12 juin dernier (voir la jolie vidéo musicale sur l’accueil triomphal de Sarko et Estro). Sur ses 9 circonscriptions, 7 ont plébiscité des députés UMP (ou assimilé) dès le premier tour des législatives. Un modèle ! Et le patron de la fédération départementale de l’UMP – Christian Estrosi en personne – compte faire le grand chelem, avec l’élection attendue de Bernard Brochand et Eric Ciotti le 17 juin. Ce dernier, proche collaborateur d’Estrosi au conseil général, a reçu l’investiture du parti, afin de punir Jérôme Rivière, élu UMP dans la précédente assemblée, pour son soutien trop voyant à Philippe de Villiers. Rivière, candidat malgré tout, n’a réuni que 9,8% des voix au premier tour dans sa circonscription niçoise, contre 44,5% pour Ciotti. Le message est clair de la part d’Estrosi à tous les futurs dissidents, qu’il soit dans son fief comme au Palais-Bourbon : gare à vous !
Admirez ci-dessous une vidéo ou l’éclatant humour d’Estrosi éclate (Le député est venu « soutenir » une camarade à Nice). Et pour les insatiables, le « vrai » soutien, moins drôle. Et puisqu’on est dans les joies du multimédias, un extrait du reportage de Canal + consacré aux proches d’Estrosi et de Sarko dans le lobbying.
"Nous ferons ce que nous avons dit" "Je ne vous trahirai pas" Ce sont des paroles fortes mais dans la bouche de quelqu’un dont la vie politique n’est qu’une longue suite de trahisons… Quand on a promis tout et son contraire pendant la campagne, effectivement, quoi que l’on fasse ensuite, on ne trahira pas ….
Quelle ironie et, surtout, quelle perversité !!