Quelques documents historiques pétant feu et flammes sur l’épopée de la révolte anti-autoritaire.
Regard d’un Parisien sur la Commune (Gallimard/ Paris Bibliothèques) : Commentées fortichement par le cinéaste Jean Baronnet, les chouettissimes photos du méconnu Hippolyte Blancard, un pharmacien qui a réussi à croquer sur le vif le déroulement de l’insurrection libertaire de 1871 et de sa répression sanglante.
Nous plongent dans les mêmes événements hard : le Courbet des éditions Terrail frigoussé par Manuel Jover et celui de Gallimard « Découvertes » agencé par Pierre Georgel, Courbet le poème de la nature, dans lequel le peintre-agitateur s’exalte sur l’utopie communarde (« Paris est un vrai paradis. Point de police, point de sottise, point d’exaction d’aucune façon, point de dispute »)
Sur la Commune – Cerises de sang de Philippe Riviale (L’Harmattan) : Une analyse culotée pissant au bénitier des innombrables lectures précédentes (le plus souvent conservatrices ou léninistes/marxistes) des événements en s’ingéniant à démontrer que « la Commune ne fut pas un gouvernement ouvrier, qu’elle ne fut ni une ébauche ni le préambule nécessaire à une prise de pouvoir par le prolétariat » mais qu’elle reflétait tout bonnement les diverses tendances du « camp républicain » comme ce sera le cas un demi-siècle plus tard pendant la guerre civile d’Espagne.
Paris sous la Commune par un témoin fidèle : la photographie (Dittmar : 371 rue des Pyrénées, 75020 Paris) : Dans un format cinémascope idyllique, une série de splendides photos de barricades et de bâtiments réduits en capilotade durant la semaine sanglante de mai 1971 sous-titrées par des commentaires assez futes-futes.
Fille de la colère de Michel Peyramaure (Laffont) : Le roman haut en couleurs de braise de la très-très sympa Louise Michel qui guerroya sans pouls ni haleine contre tous les modes d’oppression, qui pilla des boulangeries en 1883 pour distribuer des miches aux crève-la-faim, qui combattit rageusement sur les barricades de la Commune et qui écrivit en 1860 des Rondes pour récréations enfantines qui, de nos jours, devraient encore affoler bien des pédagogues :
« Maintenant que nous savons
Que les rich’s sont des larrons
Si notre pèr’ notre mère
N’en peuvent purger la terre
Nous quand nous aurons grandi
Nous en ferons du hachis. »
Louise Michel racontée par un homme assez fou pour se prendre pour son chat de Roland Thibeau (Roulotte Théâtrale : 18 rue de la Paix, B- 7370 Elouges) : Une pièce biographique pleine de vie où une Louise Michel bien croquée file de belles frottées à des militaires, à des consuls, à des préfets de police et à ses prétendants aux avances desquels elle n’entend céder que s’ils s’en vont préalablement tuer l’Empereur.
Un polémiste à Paris Henri Rochefort de Claude-Jean Girard (L’Harmattan) : Louise Michel adorait faire les 400 coups avec Henri Rochefort dont le principal titre de gloire reste d’avoir réellement réussi tout seul, car il était le seul et unique rédacteur du journal qu’il avait créé, La Lanterne, à mettre en péril un régime autocratique, celui du Second Empire. Une autre fois, Rochefort jeté en prison suite à la virulence d’un de ses papiers sera spectaculairement libéré par un raz-de-marée de lecteurs. L’auteur de cette bio bien enlevée (dans laquelle on apprend qu’Emile Zola a peut-être été assassiné) ne pardonne heureusement pas à Rochefort le virage anti-dreyfusard qu’il prendra tout à coup imbécilement à la fin d’une vie vouée à la mutinerie anti-autoritaire.
Flora Tristan : la paria et la femme étrangère dans son œuvre de Porfirio Mamani Macedo (encore l’Harmattan) : A ne lire que si on est quelque peu familiarisé avec les frasques libertaires de Flora Tristan que nous ont si bien racontées jadis une Dominique Desanti ou un Stéphane Michaud. L’intéressante plaquette du poète péruvien Macedo nous explique à quel point la femme du XIXe siècle était non seulement considérée comme étrange mais comme étrangère dès qu’elle ne filait pas tout à fait doux, et à quel point du coup même les écrits anti-ségrégationnistes, anti-phallocrates, et anti-patronaux de Flora choquèrent salement la bonne société.
La Guerre sociale : un journal « contre » présenté par Raoul Vilette (Les Nuits rouges) : Une anthologie surexaltante de textes furieusement rentre-dedans frigoussés par les meilleurs pamphlétaires anarchisants du début du 20e siècle (Gustave Hervé, Miguel Almereyda, Sébastien Faure, Emile Pouget…) pour en finir une fois pour toutes avec « la tripouillerie patronale », avec « la racaille jugeuse », avec « la maladie votarde », avec « la cambronnade militaire », avec « l’inondation ratichonnesque », et avec « la cochonne de galette ».
Le Mousquetaire Zo d’Axa d’Alexandre Najjar (Balland) : La vie feuilletonesque d’un génial agitateur anar des années 1900 plein de panache et de drôlerie qui tint le gouvernail de plusieurs brûlots libertaires dont la devise était « En joue !… Faux ! » ; qui préconisa la jouissance sans entraves immédiate avec la faconde d’un Oscar Wilde ; qui soutint bec et ongles bien des réprouvées du moment (forçats, grévistes, avorteurs, terroristes à la Ravachol…) ; et qui fut emprisonné pour provocation au meurtre ayant comparé « le pesant ministre Loubet » à deux de ses congénères en ces termes : « Ces gens sont de la même famille. Ils devraient être de la même branche – cette même branche où balanceraient les cordes à nœud-coulant ».
Espagne 1936-1975, tome 2 (Editions libertaires, 35 allée de l’Angle, Chaucre, F-17190 St-Georges d’Oléron) : Prolongées par d’incisives précisions historiques, une débauche surexcitante d’affiches politiques, de journaux muraux, de timbres, de photomontages, de « tangentes » postales ou de « pinturas de guerra » récapitulant les combats pour « la liberté libre » s’étant livrés en Espagne et en France durant 40 ans. Aussi superbement dynamiteur que le tome 1.