Ruptures, Ruptures… celles qui concernent le domaine économique ne semblent pas tout à fait porter leurs fruits.
François Fillon existe, les ministres vont le rencontrer… Très précisément le 27 octobre à Rambouillet en séminaire gouvernemental pour préparer la présidence française de l’Union européenne. Il faut dire que la chose se présente mal. Non seulement la France accumule les retards dans les préparatifs par rapport à ce qu’avait été la situation l’année dernière pour la présidence allemande – à Bruxelles on parle de 50 jours de retard… ! – mais les comptes publics que vient de présenter Eric Woerth, le ministre en charge du dossier, mettent Paris en position délicate. Pour ce qui est du budget de l’État, en adoptant une hypothèse de croissance pour 2008 de 2 %, hypothèse qui pourrait paraître prudente eu égard à la moyenne européenne mais qui est en train de devenir quasi-inaccessible vu les évolutions récentes de l’économie française, on obtient une augmentation des recettes fiscales de 18 milliards d’euros.
Les réductions d’impôt votées au début de l’été dernier vont coûter en 2008 douze milliards. La hausse des taux d’intérêt va alourdir la charge de la dette de deux milliards. Les nombreux départs de fonctionnaires que l’on envisage de ne remplacer qu’à hauteur des deux tiers vont mobiliser deux milliards supplémentaires sur les retraites. Rajoutez à cela 2 milliards pour la recherche, et vous avez absorbé toutes les nouvelles ressources. Résultat, le déficit 2008 sera de 42 milliards comme celui de 2007. Et comme la situation de la Sécurité sociale n’est guère brillante avec un déficit programmé de 9 milliards en 2008, la France devrait tangenter en terme de déficit public global les célébrissimes 3 % du Pib au-delà desquels Bruxelles fait les gros yeux. Sarkozy a réagi à l’événement selon son habitude. Il a sonné la charge. Pour se faire comprendre, il interviendra devant le Parlement européen dès le 13 novembre de cette année pour expliquer pourquoi les déficits français ne sont pas significativement graves. Il a longuement téléphoné à Barroso pour lui rappeler l’indispensable solidarité latine dans une Europe élargie où les repères se perdent. Incidemment, il a évoqué le renouvellement prochain, en 2009, de la Commission, renouvellement qui sera au centre des débats politiques de la présidence française et pour lequel la voix de la France compte plus que toute autre.
Barroso, qui comprend à merveille le français, n’a depuis de cesse de calmer les Commissaires qui menacent la France des sanctions prévues par les traités si elle dépasse les 3 % de déficit. La Commission doit se montrer patiente. Il sera toujours temps, après les élections municipales, de mettre en place un plan qui ne sera pas de rigueur comme sous les socialistes ou d’austérité comme à l’époque de Raymond Barre mais qui diminuera quand même le pouvoir d’achat et augmentera les recettes publiques. Les municipales sont déjà assez compliquées comme cela, il serait ridicule de ruiner les espoirs de reconquête de la majorité en faisant dans le pointillisme financier. D’autant que Sarkozy s’en veut d’avoir laché si vite les 12 milliards de l’été dernier. À Neuilly, dans son fief où l’on attendait avec impatience la disparition de l’ISF qu’il a subtilement organisée, on se permet de conspuer son héritier en la personne de David Martinon. Triste destin que de subir en même temps l’ire bruxelloise et l’ingratitude de Neuilly…