La France, pays des Droits de l’homme n’est pas mauvaise fille. La preuve, le 14 décembre dernier, une petite sauterie a eu lieu. Et a récompensé un militant des droits de l’homme congolais qui ose soupçonner Denis Sassou Nguesso -son auguste président auquel Jacques Chirac n’oublie jamais d’apporter son soutien- de ne pas être un démocrate notoire.
Sous les auspices du très transparent ministre de la Justice Pascal Clément, Roger Bouka, président de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH Brazzaville), s’est vu remettre le prix des droits de l’Homme de la République française. Le tout, dixit le communiqué officiel du ministère de la Justice, « pour son projet d’évaluation de la situation des parents des victimes de disparitions forcées au Beach ».
Un motif et une cérémonie qui ne manquent pas de piquant. En 1999, après trois guerres civiles, le Congo-Brazzaville entre dans une période de paix relative. Trois cents cinquante réfugiés, en provenance de Kinshasa, accostent sur le Beach, principal port de Brazzaville. Et s’évanouissent malencontreusement dans la nature sitôt après le passage des milices de Denis Sassou Nguesso, le président congolais. Étouffée dans un procès sans coupable à Brazzaville en 2005, l’affaire a failli rebondir en France. Des familles de victimes déposent plainte en France, guidées par Roger Bouka en 2002. En 2004, un haut responsable du régime congolais, Jean François Ndengue, directeur de la police nationale congolaise, est même embastillé à Meaux. Avant d’être libéré dans la nuit et exfiltré vers Brazzaville. Le tout sur ordre du ministère des Affaires étrangères et avec le blanc-seing du ministère de la Justice…
La continuité de l’État français, plus qu’un principe, un sacerdoce !