Arrestation ratée et fuite du leader de l’opposition au Président malgache, Andry Rajoelina, réfugié chez l’ambassadeur de France à Antananarivo depuis vendredi 6 mars. Nouvelles manifestations contre le pouvoir et nouvelles répressions, mutineries dans les casernes : à Madagascar, tous les ingrédients sont réunis pour une situation explosive.
Encore quatre morts la semaine dernière à Madagascar, pays que se disputent deux petits dictateurs en puissance. Deux petites bombes à retardement, partiellement manipulées si ce n’est par des forces étrangères, au moins par l’appât du gain. Deux apprentis sorciers qui expérimentent des amalgames dangereux de démocratie et de populisme dans leurs chaudrons. Deux clones engendrés par le libéralisme sauvage, interchangeables, confondables, l’un dans l’ombre de l’autre. Le premier craignant le deuxième, bien trop au faîte de sa propre histoire pour ne pas se reconnaître et sentir le vent du boulet. Ivresse du pouvoir, ambition personnelle auxquelles semble se mêler un conflit intime datant d’avant l’accession en politique des deux hommes.
Cela fait plusieurs mois que le jeune et déjà ancien maire de la capitale malgache, Andry Rajoelina, interpelle, provoque le pouvoir et fait descendre la population dans les rues afin de déstabiliser le gouvernement de Marc Ravalomanana. Celui que l’on surnomme TGV en référence au nom de son parti politique Tanora malaGasy Vonona (les jeunes malgaches décidés) remet en cause la politique du président et revendique le pouvoir pour lui-même. Après une brève tentative de pourparlers sous l’égide du Conseil chrétien des églises à Madagascar (FFKM) qui s’étaient soldés par quelques avancées dont l’une était la promesse de ne plus provoquer de manifestations contre le gouvernement contre celle de ne plus arrêter les partisans de l’opposition, le dialogue a à nouveau été rompu il y a deux semaines.
La semaine dernière, de nouveau l’escalade. Des rassemblements ont fait deux tués par balles mercredi dans le centre de Madagascar lors de la dispersion par les forces de l’ordre d’une manifestation de l’opposition. Mercredi et jeudi, le centre-ville d’Antananarivo était le théâtre de jets de pierres contre grenades lacrymogènes. Là aussi, deux morts par balle, dont une jeune fille vraisemblablement victime d’une balle perdue dans le quartier de l’université [1].
Enfin, dans la nuit de jeudi, rebondissement : la tentative avortée d’arrestation d’Andry Rajoelina à son domicile. Ses partisans auraient alors dressé des barrages autour de son quartier. Une fois encore, le jeune Andry TGV ne faillit pas à la ligne qui l’a bien servi jusqu’ici : rameuter une population exsangue, affamée et fatiguée, envoyer ces gens manifester, et occasionnellement se faire tuer. Après son arrestation manquée, le maire destitué aurait appelé, via sa chaîne de télévision, ses partisans à venir le défendre. Toujours sans égard pour les conséquences que cela pourrait engendrer [2].
Aujourd’hui, l’expectative. Après des mutineries de soldats dans des casernes, la résolution de neutralité observée jusqu’ici par l’armée pourrait être remise en cause de la base comme du sommet. Autant dire que Marc Ravalomanana marche désormais sur des œufs.
Aujourd’hui réfugié dans la résidence de l’ambassadeur de France, à Antananarivo, entré en clandestinité, l’apprenti sorcier Rajoelina remet sa marmite sur le feu. Attention à la prochaine ébullition.
Chère Angelina,
C’est dommage que vous mettiez TGV dans le même sac que Ravalomanana. L’ingratitude de ce dernier à l’égard de la France est sans nom : n’est-ce pas nous qui avions stoppé les affreux envoyés par Ratsiraka pour renverser Ravalomanana ? Ravalomanana a refusé de rendre hommage aux deux Malgaches assassinés à Bombay au prétexte qu’ils étaient des Indiens Karan, des parias. Maintenant, il a la guerre …
Pourtant, la France a bien longtemps soutenu Ratsiraka face à Ravalomanana après les élections présidentielles pourtant gagnées par le premier. Je rappelle que ce soutien a duré bien après que la communauté internationale (dont les USA en premier lieu) ait commencé à reconnaître Ravalomanana comme vainqueur. Elle a, certes, ensuite stoppé les mercenaires commandés par le président (dictateur) sortant mais elle a clairement joué un double jeu qui de mon point de vue penchait plutôt du côté de Ratsiraka qui a d’ailleurs trouvé asile en France. A l’époque la France avait bien tardé à reconnaître la victoire de l’actuel (bientôt ex- ?) président pour des raisons d’amitiés bien connues entre les 2 chefs d’Etat et aussi certainement par intérêt économique : la France était le premier partenaire économique (avec de très bons prix sur les produits bien évidemment) et était destinée à le rester avec Ratsiraka aux commandes. Entretemps, le nouveau venu a allègrement tout vendu (voire dilapidé) aux Asiatiques et à leurs firmes : ce qui n’est pas plus glorieux, loin de là.
Ni l’un, ni l’autre des protagonistes actuels n’est pour moi réellement valable, surtout quand on sait que TGV semblerait lié à la famille de Ratsiraka et que Ravalomanana fait tirer à balles réelles sur la foule (comme en son temps Ratsiraka).
Il y a du vrai dans votre point de vue. Ne mettez pas sur le même pied Ravalomanana et Rajoelina. Ravalomanana a plus d’étoffe, il a été élu par la majorité de l’ile, au vue de ce qu’il a fait pour la ville d’Antananarivo dont il était le Maire, les autres provinces ont exprimé qu’il pourrait le faire à l’échelle de la nation s’il était Président. Il l’a fait et même encore plus car les provinces qui ne l’ont pas votés, ont bénéficiés de gros investissements, ce qui a indigné plus d’un parmi ses partisans. Ce coup d’état n’opposait pas Ravalomanana à Rajoelina. Ce dernier jouait le rôle de l’opposition je dirais "normal", mais il s’est fait coiffé par deux dinosaures de la diplomatie et de la démocratie.
La diplomatie : La France évincée par Ravalomanana, 13 audiences refusées, a réagi comme il se doit, lorsqu’un pays de "sous influence française", veut s’affranchir de sa tutelle, on le vire avec des gants : cela veut dire, M.Kouchner annonce que la France est neutre dans le conflit. Elle utilise (sous-jacent) cet excité de Rajoelina qui est déjà dans la lice, et accepte le deal de la clique de l’ancien dictateur, ceux réfugiés en France. Ils ont toujours été de bons élèves n’est-ce-pas Monsieur Kouchner ? Comme tous ceux des pays sous influence française ??? Donc on les aide a remettre en place, ils ont déjà montré qu’ils obéïssent bien, et ils tiennent bien le pays. La démocratie : L’ancien dictateur et sa clique, approchés ou approchant la France veulent se remettre au pouvoir, ils ont bien tenu les malgaches, 27 ans sans bronchés, pas de mutinerie, pas d’opposition, la presse parlant d’une même voix, bref, les malgaches tous dans les rangs. Oui, 3ème dans les rangs des plus pauvres à partir du dernier.
Et si M. Kouchner, qui a déjà commencé à dire ce que tout le monde attendait : que le secrétariat du droit de l’homme ne fait pas bon ménage avec la diplomatie française, parlait ou reparlait de la diplomatie française ? C’est trop facile, de maintenir ces chefs africains qui comme la France se soucie peu de l’intérêt de ces pays, et de laisser dire que ces africains sont des incapables, des affameurs de peuples et de se désengager de la "dèche noire" ?
Ravalomanana a fait beaucoup pour Madagascar en 7 ans, routes, écoles, les sociétés fleurissent et comme par magie à enseignes malgaches et non pas uniquement "indiens" ou "chinois". Pour une fois qu’un malgache s’affirme et se démarque de tous les dictateurs, la France n’a pas aimé …
Monsieur Kouchner, bien fait pour Ravalomanana qui n’a pas fait sciences po et qui ne sait pas que les pays d’influence doivent composés avec son tuteur, comme c’est le cas du Tibet qui nous révolte tous, nous faisons la leçon aux chinois. Avec Rama Yade, revoyons nos copies.
Bref, à Madagascar, pendant que les Américains arrêtent tous leurs projes et rapatrient ces ressortissants ; la France installe le Chef de cabinet de M.Kouchner comme ambassadeur et annonce en grande pompe vive la coopération franco-malgache. L’ancien dictateur, à sa façon démocratique, par les kalachnikov, va éliminer l’excitateur Rajoelina, et Madagascar tiendra son rang, l’armée ne mutinera pas, la presse malgache parlera d’une seule voix, et l’opinion internationale soupira pour ce pays fatalement incapable, et on enverra des ong françaises pour panser les ventres creux, désinfecter la gale, et on reparlera dans 27ans s’il y a un nouveau Ravalomanana qui aura le cran de s’opposer aux dictateurs, espérant que celui là, fera sciences po et ne s’affranchira pas de la France ou bien que le futur "kouchner" changera de type de diplomatie.