En fin de semaine dernière, Charles Villeneuve s’en est allé dans les Cévennes, du côté d’Alès, étrenner ses nouveaux habits de président du PSG à la chambre correctionnelle du coin. L’occasion de purger son passé de journaliste parachuté…
Mis à la retraite par TF1, après 14 années de bons et loyaux services, le tressautant Charles Villeneuve est encore un peu lié à ses anciens patrons, Patrick Le Lay et Etienne Mougeotte, eux aussi partis de la grande maison. À Alès, le tribunal du coin aurait même pu prendre des airs de réunion de famille, ou plutôt d’anciens combattants, à partir du 29 mai. Charles et ses amis Etienne et Patrick y sont tous trois poursuivis pour recel de violation de secret de l’instruction et du secret professionnel. De méchantes accusations passibles de 5 ans de prison. Et tout cela pour avoir pratiqué du journalisme total. Car, comme l’a tonné un penseur moustachu de la presse : « Le journaliste est payé pour violer le secret de l’instruction ». Mais les belles retrouvailles n’auront pas lieu. Aux dernières nouvelles captées par Bakchich dans les Cévennes, seul « Charles Leroy dit Villeneuve, mis en examen », a été annoncé à la barre du tribunal. Ses deux acolytes de toujours se sont contentés de se faire représenter. Dommage, les trois compères auraient pu se remémorer, à l’occasion l’un de leurs grands coups, un scoop de l’émission phare alors produite par le nouveau patron du PSG, « Le droit de savoir » : « l’affaire Marjorie ».
En avril 2004, une jeune fille répondant à ce doux prénom de fleur est sauvagement assassinée, dans le Gard. Le parquet d’Alès et la section de recherche de la gendarmerie de Nîmes mènent rondement l’affaire et coffrent les suspects dès mai. Un reportage fort bien informé est diffusé dès le 25 mai par le droit de savoir, puis le grand œuvre « l’affaire Marjorie », le 7 septembre 2004…qui ressemble à s’y méprendre à une caméra embarquée. Le journaliste qui l’a réalisé « avait assisté au déroulement de toute l’enquête de flagrance dirigée par le parquet d’Alès puis d’actes effectués sur commission rogatoire et même interrogé les personnes gardées à vue », notent les enquêteurs. Bref du journalisme total comme on l’aime à TF1. Mais pas au parquet d’Alès, qui ouvre, dès le mois de mai, une enquête pour violation du secret de l’instruction.
Le journaliste, quelques gendarmes, l’équipe de direction du droit de savoir et de TF1, en voilà du beau monde mis en examen. Et ce joli ban s’échine à se renvoyer la responsabilité de la violation depuis trois ans…
Seul le preux Charles Villeneuve tient la ligne sans charger personne. « Après visionnage du reportage monté (…), note la flicaille qui l’a interrogé pendant sa garde à vue, il jugeait qu’il n’y avait pas de violation du secret de l’instruction tenant la présence du journaliste auprès des enquêteurs et que la présomption d’innocence des personnes gardées à vue était quasiment inexistante en raison de leurs aveux ». Du courage, des principes, de la droiture. Voilà bien ce qu’il fallait au PSG.
Bon pied, bon œil à 67 ans Charles Villeneuve a vécu une fort agitée semaine. Qui a commencé par une bien belle nouvelle pour les amoureux de la gaudriole et du ballon rond : le héraut du journalisme parachuté devient président du Paris Saint Germain… Éventé lundi soir, la nouvelle est confirmée dès le mardi, le board du club de la porte d’Auteuil se fendant d’une belle unanimité pour le soutenir. Unanimité également du côté de ceux qui l’ont côtoyé au service des sports de TF1. L’éternel et gouailleur Thierry Roland, en signe d’encouragement, clame sur le site du Point que « Villeneuve n’y connaît strictement rien au football ». Son ancien collègue de TF1, Jean-Michel Larqué aux analyses toujours acérées, a été plus pudique. « Je ne pense pas que ce soit son sport favori ». Aux vues des derniers résultats du PSG, et des prestations de l’équipe première, cela tombe bien, le foot ne paraît pas la première préoccupation des joueurs parisiens. Le temps d’une conférence de presse, et Villeneuve a confirmé tous les espoirs qui étaient placés en lui, en avouant qu’il ne connaissait pas beaucoup de joueurs du club. Pas même l’incroyable coursier Bernard Mendy, au PSG depuis 8 ans… Et la semaine s’est achevé en bouquet judiciaire. Avec jeudi et vendredi un petit procès personnel (voir-ci contre). Et mercredi, un joli dossier que le nouveau président du club le plus drôle de France aura à gérer. Après trois ans d’enquête, les juges Van Ruymbeke et Françoise Dessert ont enfin bouclé le dossier des transferts du PSG sur la période 1998-2003, avec toute une flopée de mise en examen. Dont le PSG en tant que personne morale. Bienvenue au club, M. le président.
PS : 10 000 euros d’amende ont été requis contre Charles Villeneuve jeudi 29 mai par le parquet…
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Curieux !
En général, quand un journaliste passe devant un tribunal pour violation du secret de l’instruction, toute la profession monte au créneau …
Il semble que parfois la "loi scélérate" ne le soit pas tant que ça ….
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