Les juges chargées de l’affaire Borrel ont tenté de perquisitionner l’Élysée pour savoir si des pressions avaient été exercées sur la justice.
La perquisition avait été programmée mercredi matin, mais les journalistes en sont restés pour leurs frais. Ils avaient pourtant été obligeamment prévenus par les avocats de la partie civile et, dès mercredi matin, les téléphones portables chauffaient pour prévenir les retardataires. Les juges Fabienne Pous et Michelle Ganascia, chargées d’enquêter sur d’éventuelles pressions sur la justice dans le cadre de l’affaire Borrel, du nom de ce magistrat visiblement assassiné à Djibouti, voulaient faire une descente à l’Élysée.
Elles avaient bien fait les choses : arriver rue du Faubourg Saint-Honoré en plein conseil des ministres, à 10h15, ce qui garantissait l’affluence médiatique. Les journaleux rechignent en effet à se trouver sur les lieux d’une perquisition dès 6 heures du matin, heure plancher autorisée par le code de procédure pénale pour perquisitionner. Mais les juges téméraires se sont heurtées au statut très particulier de l’ancien palais de la Pompadour, où Chirac a pris ses aises pendant 12 ans et où un futur (une future ?) locataire s’installera bientôt. Comme ne l’ignoraient pas les juges, l’Élysée, siège de la présidence de la République, est régi par un statut militaire. Les magistrates ont donc requis l’autorisation du gouverneur militaire de Paris, Xavier de Zuchowicz. Ce dernier, logé dans l’un des plus grands logements de fonction de la capitale, aux Invalides, est censé diriger l’armée pour défendre la capitale en cas d’attaque. Autant dire qu’en dehors de l’organisation du 14 Juillet et du 11 Novembre, le galonné se tourne les pouces. Au moins les juges d’instruction ont-elles mis de l’animation dans la journée ensoleillée du général.
Mais gouverneur militaire ou pas, l’Élysée a dit niet aux juges qui voulaient rendre une petite visite dans les locaux de la cellule Afrique, rue de l’Élysée. « Il leur a été précisé qu’en vertu de l’article 67 de la Constitution, il ne pouvait être fait droit à leur demande », a aussitôt dégainé l’Élysée, déroulant immédiatement un cordon de gendarmes dans la cour d’Honneur pour empêcher l’intrusion de la justice. L’article 67 stipule que le chef de l’État ne peut pas durant son mandat « être requis de témoigner, non plus que faire l’objet d’une action, d’un acte d’information, d’instruction ou de poursuite ». Les magistrates, accompagnées d’experts informatiques, ont fait le pied de grue pendant plus d’une heure.
Les 19 et 20 avril, elles avaient perquisitionné le Quai d’Orsay et le ministère de la Justice dans la même affaire, faisant moisson de documents. Mais les gendarmes, là encore, n’avaient pas été des plus coopératifs : la section de recherches de Paris avait refusé de les assister « compte tenu du contexte actuel de période électorale », avait écrit le lieutenant-colonel Guérin, patron de cette unité de pandores. Finalement, les flics de Nanterre avaient donné leur coup de main. Au moins ce dossier de « pression sur la justice », sûrement pas le plus passionnant que la justice aura eu en mains, aura servi à réactiver la bonne vieille guerre police-gendarmerie…
Madame, Monsieur,
Une remarque catégorique et qui ne souffre pas de discussion à propos de votre article sur l’affaire Borrel : B.Borrel n’a pas été "visiblement assassiné" mais il a été assassiné…. ! Tout simplement.
Pour approfindir votre connaissance de ce dossier je vous renvoie aux sites internet suivants :
1) le site du comité de soutien à Elisabeth Borrel la veuve de Bernard Borrel http://comitesoutienborrel.free.fr/ ;
2) à la fiche Wikipedia du juge Borrel (en français http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Borrel et en anglais http://en.wikipedia.org/wiki/Bernard_Borrel) ;
3) au site sur les assassinats de coopérants français en Afrique que j’anime http://assassinatsdecooperants.ouvaton.org.
Paris le 9 mai 2007.
Mariama Keïta (assassinatsdecooperants@yahoo.fr)