Le patron de LVMH est impatient de déballer son nouveau jouet.
Tout le monde fait mine de ne pas connaître la fin du feuilleton alors que c’est écrit depuis le début : Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, qui possède LVMH, va bien prendre le contrôle du quotidien économique Les Echos. La décision pourrait intervenir ce mois-ci même si Pearson, qui possède le journal depuis la fin des années 1980, fait mine de vouloir respecter la période d’exclusivité prévue jusqu’à fin novembre. En fait, même si Marc Ladreit de Lacharrière, patron de Fimalac, a fait une offre de 245 millions d’euros – soit 5 millions de plus que le président de LVMH –, le groupe anglais n’a pas le choix. S’il rompt avec Bernard Arnault, il devra lui verser plusieurs dizaines de millions de pénalités.
Et puis peut-on se permettre de se fâcher avec quelqu’un qui a été le témoin de mariage de l’actuel président de la République, Nicolas Sarkozy, dont il emploie d’ailleurs un proche, Nicolas Bazire, ancien dircab d’Édouard Balladur à Matignon ? Car Bernard Arnault est du genre soupe au lait. De peur de l’affronter, Olivier Nora, le très courageux patron des éditions Grasset, avait renoncé, il y a quelques années à publier un livre d’Airy Routier intitulé L’ange exterminateur, sorti finalement chez Albin Michel. Par ailleurs, un ouvrage sur le 150e anniversaire de la maison Louis Vuitton commandé par LVMH a été envoyé au pilon parce que l’auteur avait découvert que la famille Vuitton n’avait pas trop souffert de la Seconde guerre mondiale et était même sortie de l’Occupation plus riche qu’en y entrant. Bernard Arnault n’a pas voulu que cet épisode soit popularisé. Dommage. Il n’a pas hésité non plus à attaquer en justice Morgan Stanley parce qu’une note d’une analyste financière sur son entreprise ne lui avait pas plu. Il avait accusé la banque américaine de prendre fait et cause pour François Pinault, un des clients de ce grand établissement financier il est vrai. Tous ces éléments font que la crédibilité des Echos risque de s’effondrer dès que Bernard Arnault en prendra possession.
Mais ce milliardaire aux manières parfois rudes s’en fiche. Il voulait le quotidien économique de référence en France et il l’aura. En attendant, peut-être, de mettre la main sur le Financial Times, qui appartient aussi à Pearson. Bernard Arnault a promis de respecter l’indépendance éditoriale des Echos mais il ne lui est jamais venu à l’idée d’appliquer les principes qu’il défend aujourd’hui à La Tribune, qu’il possède depuis les années 1990 et qu’il va vendre, même s’il a déclaré lui-même que ce journal était impossible à rentabiliser. Ce n’est plus son problème. Il se concentre sur son nouveau joujou. Il a certes promis de maintenir en place le directeur de la rédaction, Erik Izraelewicz, mais tout le monde est persuadé que celui-ci va être limogé. Les remplaçants potentiels sont légion : Jean-Marie Colombani, Philippe Manière et même Nicolas Beytout, en froid avec le propriétaire du Figaro, Serge Dassault, et aussi avec la rédaction. Des soupçons qui font s’enrager les proches de Bernard Arnault qui assurent que leur patron tiendra ses engagements. Certes mais rien ne l’empêche de nommer quelqu’un au-dessus d’Izraelewicz. Dès que Bernard Arnault aura pris le contrôle des Echos, on ne pourra donc plus lire les articles sur la mode, les parfums, les grands magasins (Le Bon Marché), la grande distribution (il possède un morceau de Carrefour), l’immobilier et même l’Internet sans une petite interrogation
Comme ça, on pourra recommencer à lire tranquillement "La Tribune"… Ca avait beaucoup baissé depuis que le big boss avait mis la main dessus.
Ou alors c’est le retour de Nicolas Beytout, de la famille des anciens fondateurs des "Echos". Devinez donc qui aura retrouvé son fauteuil avec l’argent des z’autres en empochant une jolie plus-value (de toute une vie) ?