Pitbull pour les uns, cow-boy pour les autres, le juge Charles Duchaine, passé par Monaco, Bastia, puis Marseille, enchaîne les dossiers chauds.
Une bande de fous furieux. La juridiction interrégionale spécialisée de Marseille abrite une maison de juges d’instruction kamikazes. « Plutôt des pit-bulls qui ne lâchent rien », relativise un habitué des prétoires marseillais. Avec en figure de proue ces derniers temps, le bon juge Charles Duchaîne. Un Limousin qui aime la terre, le monde rural… et les affaires de grand banditisme, comme le décrit sa petite fiche dans le who’s who. Presque incompréhensible pour un juge passé par Monaco, Bastia, pour se retrouver à Marseille… et y faire grand bruit.
Le garçon enchaîne les dossiers chauds, et ramène dans ses filets de gros morceaux. Dans l’instruction de l’affaire du Cercle Concorde, le limousin se permet de serrer Roland Cassonne, de le mettre en examen et de le garder au frais aux Baumettes, la prison Marseillaise, depuis près de 3 mois. Une insulte pour le bon Roland, parrain supposé du Sud-Est, qui, contrairement à feu ses contemporains (Francis Le Belge, Gaétan Zampa) ou aux rescapés des luttes du milieu marseillais (Jacky Imbert) n’avait jamais passé une journée à l’ombre. « Cassonne, on ne l’aura pas, mieux vaut ne jamais écrire son nom », conseillait encore courant octobre un juge bien attentionné à Bakchich.
« Le juge paysan » a aussi mis les pieds dans l’étonnante affaire de la SMS, une boîte de sécurité visée par une enquête pour escroquerie en bande organisée. Dans le lot, une flopée de mis en examen, dont nombre de nationalistes corses, plutôt ouverts au dialogue avec l’État et plutôt affairistes. « Il est en train de mettre l’île à feu et à sang », siffle d’admiration un avocat insulaire. Cerise sur le gâteau, l’ami Duchaine a aussi sur les bras une enquête qui vise l’OM. Plus précisément les conditions du transfert de Lorik Cana, du PSG vers l’OM… dont le joueur albanais est devenu capitaine en début de saison. Pas franchement un cadeau tant « à Marseille, l’OM jouit d’un statut particulier », dixit le procureur de la république de la ville (en partance), Jacques Beaume.
Labourant à souhait, Duchaine veut tracer son sillon toujours droit. « Il a une petite réputation de cow-boy », concède avec affection un confrère. Courageux mais pas forcément très diplomate. Un brin gênant pour mener à bien des dossiers sensibles.
Son sens de la justice à fleur de peau a même failli lui coûter sa carrière. En poste entre 1995 et 1999 à Monaco, le bon Charles a peu goûté à la justice « Canada Dry » prônée sur le rocher. Ou aux multiples intercessions du procureur général Carrasco sur ses affaires. Ni une ni deux, Duchaîne envoie une lettre à sa hiérarchie… française. Petite erreur d’aiguillonnage qui lui vaut une rude procédure disciplinaire monégasque. Bienveillant à son égard, le cabinet de la ministre française de la Justice d’alors, Marylise Lebranchu, le tire de ce mauvais pas et l’envoie guerroyer en Corse. Le juge a tiré de ses aventures monégasques un livre, Juge à Monaco (paru en 2002 chez Michel Lafon), aujourd’hui épuisé.
Sur le Rocher encore aujourd’hui, avocats et magistrats qui l’ont côtoyé se souviennent avec nostalgie – ironie ? – de ses combats contre le blanchiment dans les casinos ou les étranges investisseurs qui ont tourné autour du Grand prix de formule 1 de Monaco. Ou glosent sur sa condamnation pour diffamation en 2003. Une sanction intervenue un an après la parution du brûlot de Duchaine Juge à Monaco et assez étonnante. Le nom du plaignant n’apparaît jamais dans l’ouvrage… Mais blesse durement l’ego du juge : Daniel Ducruet. Condamné par l’ex de Stéphanie de Monaco, un brin vexant !
Du passé. Désormais, ce sont les robes du Vieux Port qui ont affaire à l’ouragan Duchaîne.
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Marseiile il va retrouver Dallest, nommé procureur à la stupéfaction générale sauf des initiés qui connaissent sa capacité à étouffer les dossiers ou à les accélérer selon la volonté politique du moment
Vous pouvez développer ? j’avais lu un bon papier sur lui dans bakchich
http://www.bakchich.info/article2382.html
Jacques Dallest sera procureur à Marseille. Le poste vacant de procureur de la République à Marseille était très convoité. C’est finalement Jacques Dallest, actuellement avocat général à la cour d’appel de Bordeaux, qui va débouler près du Vieux Port. Sa nomination devrait être officialisée en mars. Mais le magistrat pressenti a déjà été prévenu. Grand et gueule carrée, Dallest est réputé pour ses compétences et sa ténacité, ainsi que par son absence de marquage politique ou syndical. « Il est sorti indemne de situations très complexes et de nombreux pièges » note un initié, qui rappelle son long passage comme procureur au tribunal de grande instance d’Ajaccio à la fin des années 90. En Corse, il avait eu à gérer tous les bourbiers imaginables, de l’enquête sur l’assassinat du préfet Erignac aux dérives de l’équipe du préfet Bonnet, dans la sombre affaire des paillottes. A Marseille, il ne sera pas totalement dépaysé. Dans les dossiers « chauds » en cours de traitement par le parquet et les juges d’instruction, dont l’affaire du club de jeu Concorde, il y a pas mal de Corses !