Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MODES DE VIE

Une presse porno en manque de jus

Kiosque / samedi 20 décembre 2008 par Sherlock Olmes
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Hormis le lancement de Marc Dorcel Magazine, le porno tire la gueule. Pourquoi en parler ? Parce que personne d’autre ne le fait, et que Bakchich accepte de s’y coller.

Décembre 2008. Marc Dorcel lance enfin son magazine, le bien nommé Marc Dorcel Magazine, à 8,90€, et à 35 000 exemplaires, avec 2 DVD. Pourquoi enfin ? Rappelons que le bonhomme a commencé sa carrière dans les romans photos pornos à la fin des années 70. Objectif cross-média pour le « leader » du X français : Dorcel TV, Dorcel Vision, Marc Dorcel.com, et maintenant la presse. Autant de relais pour véhiculer sa vision d’un porno « sophistiqué et déringardisé ». Tant mieux pour la firme au toucan. Hormis cette alléchante nouvelle, si la presse pornographique arrive encore à nous faire bander, elle ne nous fait plus jouir. Petit retour en arrière.

Marc Dorcel arrive en kiosques - JPG - 110.6 ko
Marc Dorcel arrive en kiosques
(DR)

1963, Daniel Filipacchi lance Lui à Paris. Dans l’hexagone, les éclats de la « presse érotique » restent timides. Le salut va venir de l’étranger. 1967, première photo de coït non simulé, et 1968, coïts explicites dans les digests danois. Les Français vont jusqu’à Amsterdam se procurer ces fameuses revues hardcore scandinaves. En 1972, Filipacchi ayant conclu un accord avec Hughes Hefner, le boss de Playboy, Lui est distribué aux Etats-Unis sous le titre Oui. On ne peut faire plus explicite.

Titres précurseurs …

Et en France ? Un jeune éditeur se fait la main avec un courrier des lectrices chaudes comme la braise, Lettres de femmes, lancé en 1972. «  Il faut se rappeler que les revues érotiques ne se vendaient pas en kiosque. On pouvait seulement les acheter dans les sex-shops. Moi, j’ai décidé de lancer en kiosque Lettres de femmes, en petit format. Pendant un an, nous en avons vendu 130 000 exemplaires chaque mois, se rappelle Michel Sitbon, actuel éditeur de la revue pour échangistes Couples, et de Cinérotica. Aujourd’hui, les magazines féminins ont pris le relais, mais on y a perdu le côté crû du fantasme de cul ».

L’apparition de la vidéo donne un coup de fouet au marché de la pornographie. En province, en 1980, même le boucher vendaient des K7 vidéo X sous le rideau ! Mais elles coûtent cher, très cher. Près de 500 à 600 francs (de 75€ à 90€). Alors le parc de magnétoscopes et de vidéos-club explose. "Vous pouviez louer un film pour 50 francs le week-end, se souvient Christophe Lemaire, ex-pigiste pour X Mag.

Marc Dorcel arrive en kiosques - JPG - 176.1 ko
Marc Dorcel arrive en kiosques
© Matos

En 1986, un ancien maquettiste de Paris Match, Franck Vardon, lance ProjeXion Privée. C’est la première fois qu’un éditeur se saisit à bout de bras et des films, et de l’univers du porno et de ses acteurs. Pendant trois ans, il se vend bien en sex-shop. Du coup, sûr qu’il existe une demande, Franck passe à la vitesse supérieure, et lance le mensuel Hot Vidéo en 1989, au prix de 100 francs avec une K7. Au début, le milieu était méfiant, «  le X français, déjà ghettoisé, ne voulait pas se promouvoir », raconte Pierre Cavalier, actuel secrétaire de rédaction d’Hot Vidéo. Le 1er numéro est plus soft que Lui et Playboy, et les sexes sont recouverts d’un carré noir à décoller. Puis, s’enhardissant, ses journalistes parcourent le monde : Afrique du sud, Chine, Colombie, à l’affût de nouveaux visages et de films différents. En 1992, c’est Hot Vidéo qui crée l’évènement avec les premiers Hots d’Or, et vend près de 80 000 exemplaires.

… délires journalistiques, et manque de moyens

Années 90, apparition du « gonzo », le fameux porno sans histoire. C’est la fête au hardeur gonzo Staggliano, et à la presse, avec plus de 300 titres qui inondent le marché. Et c’est le moment où Christophe Lemaire se lance dans la pige X, «  pour bouffer ». « J’ai commencé à Vidéo Extrême, à Sexy Mag et avec le groupe indépendant de Paul Putti : Vertiges, Pulsions, X Mag. Avec Alain charlot, un ancien de Canal+, on délirait sévère. On devait recenser les pénétrations et les sodomies. Une fois, j’ai même écrit sodomie du pape = 0 ». En gros, les journalistes écrivaient ce qu’ils voulaient sur des films que personne ne voyait. De toute façon, ces magazines étaient achetés pour se branler. « Un jour, un mec appelle à Pulsions. Il dit : c’est combien pour une nuit avec la fille de la page 48 ? Paul Putti prend le combiné, et lui répond : "Monsieur, nos filles ne sont pas à vendre !". C’était ça notre lectorat ! Bon, en cinq ans, on en a fait le tour de la presse de cul : toujours les mêmes questions : t’aimes bien baiser et les mêmes réponses : oui, j’adore ça, et en plus payés au lance-pierre, ou pas du tout ! ».

2008, un marché dévasté

Aujourd’hui, il reste seulement une centaine de titres pour une quinzaine d’éditeurs. Même Hot Vidéo peine à recruter, et n’hésite pas à taper à la porte des écoles de journalisme. « Nous avons du mal à trouver des rédacteurs passionnés de cul qui connaissent l’histoire du porno, estime Pierre Cavalier. Nous avons des jeunes qui n’aiment pas le sexe, ils font juste leur boulot, sans faire de faute d’orthographe. A l’époque de Vidéo7, en 1987, on embauchait même le coursier ! ».

Couples - JPG - 87.8 ko
Couples
(DR)

La revue échangiste Couples, pour bénéficier de la commission paritaire, et d’une TVA à 2,10 %, vient de se passer de son DVD « explicite » et des « sexe durs », dixit Laurent Chiche, secrétaire de rédaction.

Catastrophe chez les lecteurs

Les titres ont trop segmenté le marché : entre femmes mûres, blacks aux gros seins, et j’en passe, faîtes votre choix ! Cinerotica dérange au rayon ciné, les diffuseurs voudraient qu’il soit cantonné au rayon X. Et ça ne risque pas de s’arranger, puisque les Etats généraux (pas généreux ?) de la presse écrite pourrait faire appliquer une TVA à 19,6 % pour tous les petits éditeurs du X. Ce qui signifie, par exemple, que les efforts sur Couples n’auraient servi à rien. Et qu’Union, bien protégé par Lagardère, restera toujours bien mis en avant dans les Relay H, bien à l’abri, même si tout le monde sait que leurs lettres de lectrices sont bidonnées, parce qu’écrites, réécrites ou totalement inventées par des pigistes.

A lire ou relire sur Bakchich.info

Depuis mercredi, en kiosque, vous pouvez reluquer, et plus si affinités, le nouveau mensuel Cinérotica, au rayon cinéma. Avec un dico ludique encarté, en 25 épisodes, de 1 700 films X gaulois, d’ « A bout de sexe » à « Zob, zob, zob », et un site web (…)
La Syrienne Salwa Al Neimi revendique sans détours une sexualité libre. Dans un livre érotique interdit dans beaucoup de pays arabes. Au Liban, on se l’arrache.
Ce vendredi 13 (juin) n’aura pas vraiment porté chance à l’équipe de France de football, qui vient de perdre le match contre les Pays-Bas, 4 à 1. Pour rire un peu quand même, « Bakchich » s’est demandé si la défaite n’était due à un surplus de sexe chez (…)

AFFICHER LES
12 MESSAGES
0 | 5 | 10

Forum

  • Une presse porno en manque de jus
    le vendredi 30 janvier 2009 à 22:23, LucianoBDC a dit :

    Flesh :

    "Hot Video (ou Q-X, ou Chobix, ou désormais Dorcel mag etc…) offre une plus value passionnante"

    En se situant au-delà du "style" des uns et des autres, de leur intérêt profond pour le porno, de leur réelle "passion" pour le "cul", ainsi que de leur "connaissance brut" de ce dernier, il convient de faire le distingo entre Hot Video et Chobix, Dorcel Mag et Q-X. L’approche et le but est tout autre entre l’un et les autres. L’un reste dans le domaine du journalisme, les autres s’en éloignent très fortement, pour n’être essentiellement que des supports à la vente, à la "vente de frigos aux esquimauX", dans les faits, dans le "fond" et via X "effets".

  • Une presse porno en manque de jus
    le samedi 27 décembre 2008 à 23:39, miluz a dit :
    La fin de l’esclavage sexuel, de la torture volontaire, du trafic d’êtres humains ? Ah…si c’était vrai !
  • Une presse porno en manque de jus
    le mardi 23 décembre 2008 à 15:40
    pour avoir travaillé dans le milieu je peux vous dire que le porno peut bien se casser la gueule on ne s’en portera que mieux !
    • Une presse porno en manque de jus
      le mardi 23 décembre 2008 à 17:20, vous dit haleine a dit :
      il pourrait aussi casser sa pipe !
  • Une presse porno en manque de jus
    le lundi 22 décembre 2008 à 11:32
    Allons le presse porno a usé et abusé du systeme cooperatif lui permettant de mettre en vente tout et n’importe quoi dans le réseau…et ce n’est pas fini car c’est encore le fond de commerce d’une messagerie comme les MLP avec des taux de vente ridicule, des taux d’invendus abusifs pour des "contenus" qui n’avaient de la presse que les avantages (tva, distribution sans barriere,recuperation des invendus pour remise en vente etc etc) personne ne pleure les voyous !
  • le jus est pourtant bel et bien la et le restera
    le dimanche 21 décembre 2008 à 21:31, Flesh a dit :
    Bah, internet a certes changé la donne, mais il faut aussi voir la vérité en face : le porno sera toujours une des choses les plus demandées, tout media confondu.Le media utilisé pour assouvir ce fantasme est un moyen, pas une finalité.D’où le nom de media d’ailleurs, ou interface entre la personne qui cherche et ce qu’il souhaite trouver.Sachant cela, c’est aux medias eux-mêmes de s’adapter, en par exemple cherchant à coloniser toute les niches de diffusion, dont la presse écrite, dont internet. Hot vidéo, qui parmi d’autres a bien compris ce message, avec son nouveau site internet de presse, a le mérite d’offrir à tous une porte vers le monde de ce porno qui nous fait pour beaucoup fantasmer.C’est à dire que ce media à la fois cherche à nous faire trouver ce qu’on cherche - la photo d’une fille bien excitante dans une pose qui l’est encore plus par exemple - à la fois cherche à nous faire connaitre comment cette photo est arrivée sur le magazine en nous renseignant sur la manière dont ce petit monde fonctionne, ce que fait la fille photographiée et ce qu’elle a fait pour en arriver dans le magazine.Et par extension, tout ce qui a été nécessaire pour cela. Il n’y aurait pas de porno dans le presse ou dans les vidéos s’il n’y avait pas tous ses acteurs et toutes ses actrices, dont les réalisateurs, producteurs, diffuseurs, et le commerce et les commerciaux qu’il y a tout autour.Sur tous ces points, un magazine comme hot Video (ou Q-X, ou Chobix, ou désormais Dorcel mag etc…) offre une plus value passionnante qu’on ne trouve certainement pas dans un "simple" roman photo porno.C’est aussi ce qui en explique le succès en plus d’un contexte où le porno est de plus en plus accepté. Et apprécié.
0 | 5 | 10
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte