Le président en sursis du conseil de surveillance du « Monde », qui murmure à l’oreille de Sarko, piétine l’un des principes sacrés du capitalisme : l’actionnaire-roi.
Il l’avait promis, il l’a fait. Pour une fois qu’Alain Minc tient une promesse, on ne peut que lui rendre hommage. Furieux d’être contesté par la Société des rédacteurs du Monde (SRM), qui l’a forcé à quitter la présidence du conseil de surveillance le 31 mars prochain au plus tard, le consultant multi-cartes qui murmure aujourd’hui à l’oreille de Super Sarko, s’était engagé à casser la SRM et le quotidien vespéral. Il a presque réussi. Il a convaincu Eric Fottorino, le directeur de la rédaction qui voulait devenir grand chef, de lâcher le président de la SRM, le vindicatif Jean-Michel Dumay, pour pouvoir obtenir l’onction des « actionnaires externes », c’est-à-dire des patrons qui ont mis de l’argent dans le quotidien ces dernières années. Fottorino a accepté d’autant que Minc lui promettait les foudres de l’enfer, à savoir le rejet de sa candidature et la désignation d’un administrateur judiciaire qui aurait été chargé de vendre le groupe au plus offrant, s’il n’obtempérait pas. Et devinez quoi, il y a deux « plus offrants » : Lagardère, qui a déjà 17% du capital, et le groupe espagnol Prisa, qui a 15%. Les deux « partenaires » promettaient de mettre chacun 40 millions d’euros pour prendre le contrôle du journal fondé par Hubert Beuve-Méry.
« Minc veut se venger. Il n’en fait pas mystère. Il veut que Lagardère prenne le contrôle du Monde et ainsi il pourra continuer à jouer un rôle », assure un patron siégeant au conseil de surveillance qui précise que Minc pariait sur un refus de Fottorino d’entrer dans sa combine. Pas de chance, entre deux maux, l’écrivain-journaliste a choisi le moindre. Ce qui est intéressant dans cette affaire c’est qu’elle ouvre des horizons insoupçonnés pour de nombreuses entreprises. Dans le système capitaliste, ce sont les actionnaires qui imposent leur loi. La SRM est le premier actionnaire du Monde. Mais, Minc parvient à forcer ce premier actionnaire à virer son représentant légitimement élu. Ce Minc, qui conseille quelques grands patrons, c’est un bolchévique ou on n’y connaît rien. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’il rate régulièrement tout ce qu’il entreprend sans pour autant, rassurez-vous, prendre au passage quelques millions d’euros pour ses conseils foireux.
Notre ami vient de tenter un coup sympathique à l’occasion du scandale de la Société Générale, plombée par une perte de 4,9 milliards d’euros à la suite de placements non autorisés d’un trader. Minc, qui se prend pour un génie de la finance, va rencontrer les dirigeants de BNP Paribas et leur conseille de lancer une OPA sur la banque rivale et de vendre la partie banque d’affaires (celle-là même qui a des problèmes) au Crédit Agricole, affirmant que celle-ci est d’accord avec ce schéma. Il rencontre ensuite les patrons de Crédit Agricole pour présenter son plan en affirmant que BNP Paribas est d’accord. On ne sait pas pourquoi mais les dirigeants des deux groupes ont décidé de vérifier en s’appelant directement. Et là ils ont découvert le pot aux roses. Ils ont bien ri.
Peut-être avaient-ils à l’esprit les idées géniales que Minc a proposé aux Caisses d’Epargne, lesquelles, après avoir acheté des sociétés immobilières, doivent maintenant organiser une augmentation de capital de trois milliards d’euros pour se renflouer. Heureusement qu’Alain Minc peut encore souffler ses idées à Super Sarko…
Message pour Bakchich :
je pense que vous avez plutôt vous écrire que Minc ne renonce pas à ses honoraires pour ses conseils foireux.
Une petite question me taraude à la lecture des conseils pour lesquels BNP-Paribas rémunérerait M. Minc : en quoi une banque de cette taille, que l’on peut penser largement dotée en spécialistes de tous poils sur les matières d’intervention de la banque, qui doit aussi faire émarger nombre d’énarques/polytechniciens tous dotés de bons réseaux au sein des différents ministères, donc en quoi une banque d’une telle envergure peut-elle trouver un intérêt aux petits conseils de M. Minc ???