À la veille du fameux Grenelle de l’environnement, le Parisien (du 17/9) titre en une « désastre sanitaire aux Antilles DANGER PESTICIDES ». Et relaie le rapport du professeur Belpomme, cancerologue de renom, où il apparaît que les îles sont affreusement contaminées par des pesticides interdits depuis des années, mais toujours abondamment utilisés, cause d’une évidente surmortalité par cancer. Ces informations, ainsi que les agissements en métropole de l’industrie chimique à vocation agricole – joliment baptisée Industrie de la protection des plantes – sont détaillées dans un édifiant ouvrage Pesticides, révélations sur un scandale français publié en mars 2007.
Les auteurs, Fabrice Nicolino, journaliste et François Veillerette, enseignant, responsable de Greenpeace, mettent au jour un système d’empoisonnement généralisé propre à la France et à son incroyable système de lobby par osmose public-privé. Des héros méconnus sortent de l’ombre : André Rico, membre de l’Académie de médecine, a supervisé l’homologation des pesticides en France en tant que président de la Commission d’étude de la toxicité (ou Comtox), commission dont il est président d’honneur depuis 2001.
La méritocratie française recèle quelques trésors : Thierry Klinger, ardent défenseur de pesticides tardivement interdits, qui fut dans les années 2000 patron de la puissante DGAL (Direction générale de l’Alimentation), en charge de sécurité alimentaire, se retrouve présider le CEMAGREF (Institut de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement), organisme également en charge de la sécurité des aliments, siège au conseil de l’AFSSET (Agence Française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail), et occupe concomitamment (en 2006) un bureau place Beauvau, où il dirige, la Direction Générale de l’Administration. On attend avec curiosité la méthode Borloo pour affronter ces périlleuses exceptions françaises…