Un corbeau poivrot et un singe-chaussette ont suffi à tailler à Millionaire une réputation de maître cartooniste aux États-Unis.
Triste destin que celui de Maître corbeau, qui, d’un simple trait de plume, compte ses jours dans la corbeille de l’infamie. Sans honneur ni fromage, un dessinateur l’a pris sous son aile pour lui donner une seconde vie. Et lui tint à peu près ce langage : La Fontaine, je ne boirai pas de ton eau, mais beaucoup de ton whisky !
Ce sauveur des bêtes d’abattoir de la poésie est le dessinateur américain Tony Millionaire. Un chic type flanqué d’un nom de mac sicilien dont la richesse, simplement artistique, est compilée dans un album aux éditions Soleil productions : l’Art de Tony Millionaire. Ses deux animaux de mauvaise compagnie, un corbeau poivrot (Drinky crow) et un singe-chaussette (Sock monkey) ont suffi à lui tailler une réputation de maître cartooniste aux États-Unis. Il faut dire qu’il sait rendre ses bestioles attachantes : désespérées, dépressives, suicidaires et d’un romantisme alcoolométrique.
Un beau CV dessiné à l’image de ce que fut sa vie. On tourne les pages de ce magnifique livre comme un voyage en montgolfière au-dessus d’un génial imaginaire. Ici et là, on passe du fantasque, avec des planches BD en noir et blanc, à des croquis et dessins en pleine page qui rappellent l’univers onirique de Little Nemo. Le tout entrecoupé de récits et de photos. Pénétrez dans cet entrepôt de la folie et du rêve au prix de quelques euros. Ça ne vous fera pas partir en vacances, mais vous aurez en tête une agréable odeur de coquelicot.