Tignous tond la toison d’or des patrons moutons à l’aide des plus aiguisés des ciseaux : son feutre noir.
Tignous tire son salut des salauds. Un de ces empêcheurs de tourner en rond qui mangent la laine sur le dos des saints patrons de la finance. La belle affaire ! Il tond ces moutons à la toison d’or à l’aide des plus aiguisés des ciseaux : un feutre noir. Car notre homme est un caricaturiste qui bosse à Marianne et Charlie Hebdo. Cet OS du dessin de presse n’a rien d’un pignouf. « Son dessin est aussi fougueux qu’élégant », disait de lui Cavanna, confrère de plume, à la moustache blanche d’un Ferrat qu’on aimerait repasser.
Il publie, aux éditions 12 bis, 500 illustrations originales sur le thème du fric à fracs mondialisés sous le titre Le Fric c’est capital. Qu’un bon marxiste aurait soigneusement corrigé par Le Fric c’est le vol. À chacun ses obsessions.
Son bouquin se divise comme les westerns-spaghettis de Sergio Leone. Ceux qui ont le pistolet et le porte-monnaie chargés, « les riches », en première partie. Et ceux qui creusent, « les pauvres dans la société et le travail », en seconde. Tout ce joli monde traité – suffisamment rare pour être mentionné – sur le même pied, celui de l’égalité dans la caricature.
Ainsi passe-t-on, par un saut de cabri, d’un patron qui lance à son salarié, plongé dans le code du travail, « Encore à lire des contes de fées ! », à un trader disant d’un clochard ahuri : « L’argent n’a pas d’odeur, mais le manque d’argent en a une ! ». Pour vous donner un arrière-goût de la chose.