Les grandes heures de la petite et néanmoins étrange lucarne revisitées dans À vous Cognac-Jay, aux éditions Delcourt.
On n’arrête pas le progrès. Pendant la Seconde Guerre, le TNT servait à faire sauter le caisson d’hommes en furie. Magie de la langue, l’explosif a aujourd’hui son double féminin, la Télévision numérique terrestre, de la nitro en pixels à l’assaut de nos neurones.
Avis aux masos, toxicos et autres camés de la télé, une BD devrait vous titiller la rétine : les grandes heures de la petite lucarne revisitées dans À vous Cognac-Jay, aux éditions Delcourt. Qu’on vous rassure, dans cet album, il y a plus d’images que de lignes pour occuper votre temps de cerveau disponible. Les jeunes cons prématurés qui n’ont tété que le sein de la télé-réalité auront du mal à suivre, mais qu’importe. La vingtaine d’artistes appelés au garde-à-vous de l’histoire font revivre l’OR TF et ses émissions de légende, « comme si vous y étiez », aurait dit Castaldi.
On zappe au fil des pages avec la télécommande de la nostalgie, même si tout cela sent la naphtaline du cathodique. Chaque dessinateur trempe son pinceau dans la sève de l’enfance et résume en quelques planches la petite musique des "Dossiers de l’écran", la bouffonnerie de la "Caméra invisible", la science d’Alain Decaux raconte ou l’émission politique du Général, "Face à la presse", rythmée au son du tambour. Sans oublier les vachettes sacrées, Léon Zitrone et Guy Lux. On saute les haies de ce tour de piste des années yé-yé au feutre ou au pastel, au crayonné ou en couleurs, le style toujours au sprint. Fermez le banc, "la Ferme Célébrités" reprend.