Après la publication du SMS supposé de Nicolas Sarkozy à Cécilia, le président a piqué sa crise et déposé plainte. Enquête préliminaire, saisine de deux services de police, convocation au « Nouvel Obs » d’une assemblée générale qui fait tanguer le journal… Tout ça à cause d’un lobbyiste trop bavard dans les dîners en ville.
Les grands moyens : pas moins de deux services de police, la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) et la Brigade d’enquête sur les fraudes aux technologies de l’information (BEFTI) viennent d’être requis pour faire la lumière sur l’affaire d’Etat qu’est devenue « l’affaire du SMS ». Oui ou non, Sarko 1er a-t-il envoyé un message de réconciliation à son ex, Cécilia, lui promettant de renoncer à son mariage avec la belle Carla si elle revenait auprès de lui à l’Elysée ? Le site web du Nouvel Obs a cru pouvoir l’affirmer. Les enquêteurs promettent de belles investigations. Vont-ils demander aux opérateurs téléphoniques de vérifier si Cécilia a bien reçu un SMS de son ex-mari avant le mariage de ce dernier ? Et Sarkozy va-t-il remettre son portable aux flics pour exploitation ? Là encore, ce serait une première…
Après la publication de l’info (ou intox) sur le site de l’Obs, voilà Sarko Ier qui pique une crise, d’autant qu’il lui faut se justifier auprès de Carla. D’où la plainte pour « faux, usage et recel ». Un délit puni de trois ans de prison, quand même. Depuis, le bon procureur de Paris, Jean-Claude Marin, a sommé les meilleurs enquêteurs du pays de mobiliser toutes leurs ressources pour accrocher quelques éminences de la gauche caviar au « croc de boucher », pour reprendre l’expression de celui qui, alors ministre de l’Intérieur, réservait ce gentil traitement à ceux ont trafiqué les fameux listings de l’affaire Clearstream. Mais ce déploiement policier est-il vraiment nécessaire à la manifestation de la vérité ? Une rapide enquête dans les milieux de la presse parisienne pourrait amplement suffire.
Car loin d’être un scoop exclusif, la rumeur du fameux SMS circulait dans les dîners en ville et certaines rédactions parisiennes depuis plus d’un mois. A chaque fois, l’histoire du SMS est présentée comme provenant de l’entourage de Cécilia. Personne n’a jamais vu le message, mais tout le monde commence à en parler. Un lobbyiste à la langue bien pendue, très connu sur la place de Paris, se charge de populariser la rumeur en la chuchotant aux journalistes qu’il croise à longueur de journée. Mais sans jamais leur livrer la moindre preuve. Ce corbeau, qui a déjà eu maille à partir avec la justice, tremble maintenant à l’idée d’une convocation en bonne et due forme dans les locaux de la police judiciaire et de la garde-à-vue qui pourrait suivre.
Les plumitifs qui ont refusé depuis un mois de publier « l’info » se félicitent bruyamment de leur prudence. Au Nouvel Obs, au contraire, certains ont des sueurs froides. Car l’info publiée sous la plume d’Airy Routier, l’un des nombreux rédacteurs en chef de l’hebdo de la gauche caviar, a été diffusé avec l’autorisation de la direction de la rédaction. Mais, semble-t-il, sans la moindre preuve. Bref, toute la hiérarchie de l’auguste journal de Jean Daniel risque d’être convié à des têtes-à-têtes désagréables avec les enquêteurs. Et pire encore, à voir leurs explications embarrassés couchées sur procès-verbal, largement diffusés par les colonnes de confrères bienveillants. En attendant ce grand déballage, comme l’a révélé Le Monde, l’ensemble des journalistes, dont beaucoup ont été choqués par cette immixtion incertaine dans les conversations téléphoniques du président, se réuniront lundi en assemblée générale. La réunion s’annonce quelque peu houleuse…