Le Qatar et sa chaîne Al Jazeerah vuelent jouer les grands dans le Golfe. Ce qui irrite fortement ses voisins et surtout l’Arabie Saoudite…
Le petit émirat du Qatar dérange de plus en plus ses pairs au sein du CCG (Conseil de coopération du Golfe). Pour certains d’entre eux, notamment, l’Arabie Saoudite, il prend même des airs de bête noire. Sur le plan politique, Doha ose depuis plus de quatre ans se démarquer des positions défendues par Riyad. Ce, au moment où son « fer de lance », la chaîne Al-Jazeerah s’évertue à critiquer les différents aspects aussi bien politique, social que religieux du système mis en place par Al-Saoud.
Cet allié fidèle des États-Unis, tout comme l’Arabie Saoudite, fait exprès de taquiner les responsables saoudiens. D’abord, et c’est le plus important, Doha a fait montre de ses divergences avec Riad concernant l’initiative de paix avec Israël, lancée par le roi d’Arabie Abdallah ben Abdel Aziz et adoptée à l’unanimité lors du Sommet arabe de Beyrouth, il y a quelques années. Les Qataris ne se sont pas contentés de montrer leur différend avec les « frères » Saoudiens à travers la déclaration de leur homme fort, l’actuel premier ministre, ministre des Affaires étrangères, cheikh Hamed Ben Jassem ben Jabr Al-Thani. Ces petits malotrus ont poussé Al-Jazeerah à mener une campagne contre « ceux qui acceptent de faire des concessions aux Israéliens qui occupent “Al-Qods” et la Mosquée d’Al-Aqsa, sans avoir les garanties nécessaires que ces derniers vont donner la contrepartie en se retirant jusqu’aux frontières de 1967 ».
Pourtant, le Qatar est le seul pays du Golfe avec le Sultanat d’Oman à avoir toujours un bureau de représentation « commerciale » d’Israël sur son territoire. Et ces sacripans, déterminés à jouer solo et dans la cour des grands sur le plan régional, déploient des efforts considérables, y compris financiers pour faire capoter toutes les démarches saoudiennes. En effet, les Qataris, dit-on, à Riyad, étaient derrière l’échec de l’accord de Mekka (Mecque) initié et concrétisé par le roi Abdallah ben Abdel Aziz en personne entre le Fatah et le Hamas. Un revers qu’ont essuyé les Saoudiens après la « guerre de Gaza » qui s’est soldée par la victoire du mouvement islamique Hamas, proche du Qatar.
Force est de rappeler que les dirigeants de ce pays avaient récupéré la majorité des chefs de l’organisation internationale (Attazim Al-Douali) des Frères musulmans chassés, il y a un peu plus de cinq ans par le ministre saoudien de l’Intérieur, le prince Nayef ben Abdel Aziz. La présence de ces derniers et leur Daïa (prêcheur), cheikh Youssef Al-Qaradaoui, devenu le gourou de la famille régnante au Qatar, joue un rôle important dans la montée des sentiments anti-saoudiens au sein d’une grande frange des courants islamiques dans les pays du Golfe. Pis encore, le Qatar, n’a pas hésité à s’acoquiner avec la Libye, en très mauvais terme avec l’Arabie Saoudite. Au point de s’entraider pour organiser à Londres, le mois dernier, un colloque regroupant les opposants saoudiens de l’étranger. Ce petit séminaire a mis les Saoudiens dans tous leurs états, gêné les Américains tout à leur préparation de la « Conférence d’Automne » sur la paix au Moyen-Orient, et poussé ces derniers à dépêcher l’émir du Qatar à Djeddah pour rencontrer son homologue saoudien et calmer le jeu. Reste à savoir maintenant si le Qatar va rester tranquille d’ici la tenue de cette rencontre, fin novembre prochain ?
Dans la capitale Saoudienne, personne ne croit à cet apaisement. Certains responsables ironisent en appelant leur petit voisin par « les États-Unis du Qatar », cet émirat qu’on peut traverser en longueur et en largeur en une demi-heure alors que ses habitants de souche ne dépassent pas les 100 000 personnes ! Les Saoudiens estiment que les Qataris font tout pour faire exploser le CCG. Et disent détenir des preuves tangibles du rôle négatif du Qatar aussi bien en Palestine qu’au Liban. Mal-élevés, les impertinents se sont même permis de venir chasser sur le terrain des dubaïs : les marchés financiers internationaux. Dernier exemple en date, l’embuscade faite au London Stock Exchange à ses voisins par le bras séculier de sa finance, la Qatar Investment Authority (QIA), dirigé, comme par hasard, par le même Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al-Thani.
Et l’action diplomatique de ces petits jocrisses commence à faire grincer des dents. Grand pote de Villepin, l’émir du Qatar semble copain comme cochon avec Sarko. Déjà à la manœuvre dans la libération des otages en Afghanistan, l’ami qatari a sorti le chéquier pour faciliter la sortie des infirmières bulgares. Quant aux États-Unis, qui y ont implanté leur plus grande base du Golfe, ils ne bougent pas une oreille afin de freiner l’élan de leur petit allié.