Malgré tous les Plans Banlieue, les jeunes des cités se sentent oubliés par les gouvernements. Le sociologue Eric Marlière leur donne la parole dans un livre d’analyses et de témoignages « La France nous a lâchés ». Ils n’ont pas oublié la sortie de Nicolas Sarkozy sur l’usage nécessaire du kärcher dans les cités.
Vendredi 8 février, Nicolas Sarkozy dévoilait le plan banlieue. Contrat d’autonomie, renforcement de la police, école de la deuxième chance… De bienveillantes mesures. Mais les jeunes des cités – principaux concernés – ont-ils sérieusement été consultés ?
Le gouvernement ne leur donne pas la parole. Et les journalistes guère plus. Sauf quand ils craquent. « Les banlieues populaires sont traitées exclusivement sous les angles de la violence urbaine et de la délinquance », explique Eric Marlière, spécialiste des questions de sociologie urbaine et chercheur associé au CNRS.
Eric Marlière a enquêté plusieurs années au cœur des banlieues et donne la parole aux jeunes dans un livre, La France nous a lâchés !(Fayard). Habile mélange entre témoignages et analyses, cet ouvrage montre de l’intérieur les représentations sociales des « jeunes des cités ».
Tour à tour, leurs relations avec la police, les travailleurs sociaux et l’école y sont étudiées ; ainsi que leur vision de la politique (« théorie du complot »). Le constat est accablant, car « leurs paroles véhémentes cachent mal, en réalité, un sentiment de désolation, de désespoir, d’oppression et même d’insécurité dans ces quartiers populaires de France ».
« Ils nous envoient la police pour nous humilier. Même quand t’es diplômé, ils te donnent un balai pour travailler ! » (26 ans, jeune issu de l’immigration algérienne, étudiant en DESS à l’université Paris-XIII).
Le sentiment d’injustice est d’autant plus grand qu’« ils se sentent citoyens français à part entière ; c’est pourquoi le discours sur l’intégration est humiliant pour la plupart d’entre-eux », estime le sociologue.
Nés en France, ils attendent de notre société les mêmes droits que les « français de souche ». Et là réside tout le problème car ces jeunes ont « intériorisé le fait que leur avenir dans la société était compromis et incertain ». Surtout depuis la scène du kärcher qu’ils n’ont évidemment pas oubliée.
Très vrai, je ne crois pas qu’il soit question forcément d’origine géographique et sociale…Du boulot pour un jeune diplômé en France, il n’y en a pas autrement que par les pistons. Désolé, mais pour le travail selon capacités, c’est Outre-manche et Atlantique que ça se passes… De plus on ne peut forcer un marché du travail étouffé par les charges faramineuses, il n’est pas question d’intégration, mais plus de politique des entreprises : que va-t-on choisir ? Forcer la main avec des emplois aidés, ou des discriminations positives, ou bien enfin se rendre compte que ce n’est pas un problème de personnes mais d’économie ?
Arrêtons s’il vous plaît cette victimisation rampante des minorités habitant les banlieues qui les dessert plus qu’autre chose…