Eric Besson menace de porter plainte. Bakchich revient sur les incohérences et les mensonges du ministre de l’Immigration, qui prétend avoir financé lui-même son voyage de noces à Capri.
Une polémique avec Brice Hortefeux sur les Roms pendant l’été, un voyage de noces express entre le 17 et le 19 septembre, un passage devant l’Assemblée pour porter son projet de loi sur l’immigration à partir du mardi 28… L’agenda du ministre Besson est chargé. Voire surchargé depuis quelques semaines.
Peut-être l’une des raisons à son pétage de plombs, le vendredi 24 septembre, au sein de son ministère, à l’encontre du directeur de la rédaction de Bakchich. Mais ne soyons pas de mauvaise foi. La une de Bakchich Hebdo n°39 et l’article qui a dévoilé le pot aux roses n’ont pas participé à sa baisse de tension. Et un homme éreinté a du mal à ne pas tout mélanger. Voyage public, visite privée, commande de billets à l’agence par le ministère… Tout un fatras bureaucratique à régler. Au point de confondre vie publique et vie privée.
En convolant en justes noces bardé de gardes du corps, Éric Besson a pioché dans les finances du contribuable. « Assez étonnant, glisse un ancien ministre des Affaires étrangères à Bakchich, je n’ai jamais usé de gardes du corps pour mes vacances… Il est vrai que je n’en ai jamais fait la demande. »
En usant des services d’une agence de voyages en contrat, entre autres, avec le ministère de l’Immigration, Carlson Wagonlit, le ministre a cédé à une facilité à la lisière de la légalité et de la prise illégale d’intérêt. Tout simplement parce qu’il a bénéficié, alors, de tarifs négociés par son ministère pour un voyage d’ordre strictement privé. Un mélange d’autant plus tortueux que Carlson Wagonlit dispose d’un bureau au sein même du ministère de l’Intérieur, sans y payer aucun loyer. « Bref, c’est un service du ministère », tranche un expert voyagiste. Une entreprise qui n’a évidemment aucun intérêt à déplaire à un ministre, quand elle guigne la reconduction de son contrat avec l’État.
En fournissant des documents incohérents ou erronés et en les assénant, depuis le 23 septembre, comme autant de preuves pour démentir nos révélations, l’ancien socialiste s’est tiré une balle dans le pied. Sa défense a versé dans le Grand Guignol, retour de bâton inclus. Bakchich Hebdo confronte la version et les documents du ministre à sa propre enquête. Face à Éric, ne Besson pas pavillon
Mariés le 12 septembre, Éric Besson et Yasmine Tordjman convolent en justes noces à Capri, via Naples, du 17 au 19 septembre. Un voyage à titre éminemment privé que le ministre a prévu de longue date. Soit le 27 juillet, date de la commande par e-mail des billets auprès de Carlson Wagonlit, l’agence officielle du ministère de l’Immigration (entre autres), titulaire de plusieurs marchés publics avec l’État, dont un pour les charters de sans-papiers… Or que constate-t-on en comparant le bon de commande de ce Paris-Naples, soi-disant à titre privé, avec celui d’un voyage officiel du ministre à New York, du 18 au 22 août, quand Éric Besson dut défendre la politique de la France à l’égard des Roms à l’ONU ? Ils sont identiques ! Même agence de réservation, même intitulé de réservation (« Déplacements-BDC-Ministre »), même petite main du ministère qui prend la commande…
Lors de sa rencontre avec Bakchich, Éric Besson a assuré avoir réservé ses billets en classe économique. Admettons ! Mais l’humilité est sans grands risques, le ministre étant sûr de voyager dans une classe… plus classe. Deux gardes du corps, dont le voyage en classe business était payé par le ministère de l’Intérieur, ont accompagné le couple, comme l’a reconnu lui-même Éric Besson. Difficile d’imaginer les tourtereaux voyageant loin de leurs anges gardiens.
Ensuite, les mentions « VIP Off », « corporate » et « délégation du ministre » mentionnent la qualité particulière des personnes accompagnant le ministre, qu’il s’agisse des gardes du corps ou de son épouse, tous signalés sous le sigle « OSI » (« Order Service Information »). Une qualité qui induit un traitement de faveur par Air France. Dans la vidéo diffusée par Bakchich, l’accueil réservé au ministre ne correspond pas vraiment à celui d’un voyageur en classe éco : file d’attente et contrôles évités, prise en charge par une hôtesse d’Air France. « J’ai été surclassé au dernier moment », clame le ministre. Vraiment ?
Pour clouer le bec à Bakchich, Éric Besson exhibe, lors d’une rencontre le 24 septembre, des factures et deux prélèvements sur son compte bancaire personnel, de 406,30 euros chacun (lire ci-dessous). Or ces montants ne correspondent pas à des allers-retours entre Paris et Naples en classe économique. Après des recherches auprès d’Air France, qui nous a indiqué que les tarifs pour un Paris-Naples début septembre réservé à la fin juillet s’élevaient à 222,17 euros, Bakchich s’est amusé à réserver, auprès de Carlson Wagonlit, six semaines à l’avance (comme l’a fait le ministre), un aller-retour Paris-Naples. Verdict, 134 euros TTC…
Le ministre nous a fait parvenir une salve de documents qui devaient démentir nos informations. Éric Besson dit avoir autorisé Carlson Wagonlit à prélever sur sa carte bleue 846 euros, via un formulaire de « débit à distance carte de crédit ». Pourquoi, alors, ce montant est-il différent de celui indiqué par la facture de Carlson, qui est de 812,60 euros ?
Mieux, l’agence de voyage se trompe en rédigeant l’adresse du ministère, plaçant l’Immigration dans le VIIIe, alors qu’il siège dans VIIe arrondissement parisien. Surprenant, pour un partenaire privilégié du ministère…
De plus, pourquoi la facture en question est-elle émise par l’agence Carlson sise au ministère de l’Intérieur ?
Dernière tache dans la documentation ministérielle : pourquoi Air France apparaît-elle comme la société créditée dans les relevés bancaires personnels de M. Besson (voir point 3 ci-dessus), quand c’est Carlson Wagonlit qui a émis la facture ?
En résumé, Éric Besson aurait autorisé un prélèvement par Carlson sur sa carte de crédit pour un montant supérieur au prix de ses billets, et ce montant aurait finalement été débité par Air France. Une jolie navette.
Eric Besson clame que les documents qu’il a produits le lavent du soupçon d’avoir utilisé les services de l’État pour voyager. Pourquoi, alors, interdire la diffusion de ces documents, comme nous l’a précisé par e-mail, sitôt après leur envoi, le cabinet du ministre ? « INTERDICTION FORMELLE DE REPRODUIRE LES ÉLÉMENTS CONTENUS DANS LE MEL PRÉCÉDENT ET RAPPORTANT LA PREUVE DU FAIT QUE EB A PAYÉ LUI-MÊME SES BILLETS D’AVION. » Sans doute par peur des recoupements gênants…
Eric Besson était vendredi matin l’invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. Il a répondu aux accusations de Bakchich sur sa lune de miel à Capri. Pour écouter l’extrait cliquez ici.
Chers Amis de Bakchich, C’est dans les Flèches de BiBi ( sur son blog) mais BiBi vous le livre ici :
"Après le Canard Enchaîné et l’hebdo Bakchich, Eric Besson s’en prend au petit journal haut-savoyard « Le Faucigny ». Ce journal satirique nous rapporte qu’Eric, excédé devant les vérités rapportées par "Le Faucigny", a longuement téléphoné à André Bouchet, président départemental du Parti Radical et résident de la Marsa (le Cap Nègre tunisien où vit Yasmine son épouse) pour enquêter sur les fuites. Eric a-t-il promis un bakchich à André ?"
PS : Le journal "Le Faucigny" n’a hélas pas de lien…
Le scandââââle est bien faiblard, même si il est à l’image du personnage : falot, insignifiant, intellectuellement limité.
Pourquoi diantre l’histoire n’est-elle que peu ou pas reprise par les confrères (le Canard n’en parle pas) ? Seraient-ils jaloux ? Ou ont-ils estimé que cette affaire n’en est pas une ?
Ces derniers mois, Eric Besson a effectué plusieurs voyages à l’étranger accompagné de celle qui n’était alors que sa bonne amie. Ce fut notamment le cas en avril dernier au Maroc. A cette occasion, les plus beaux hôtels du Royaume ont été réservés pour Eric Besson et sa jeune accompagnatrice. Aucun cliché dans la presse des deux tourtereaux : les journalistes et les photographes sont aux ordres du Ministre qui a interdit toute photographie du couple !
La lourde facture de cette escapade amoureuse déguisée en voyage officiel sera aux frais du contribuable français. Tout comme les services des agents du SPHP (service de protection des hautes personnalités) utilisés depuis des années à des fins privées, c’est-à-dire garantir la tranquillité du ministre le plus glamour du gouvernement.
Il est à noter, en passant, que le code pénal marocain proscrit toute relation sexuelle en dehors du mariage, indépendamment de la nationalité des intéressés. Le Ministre, souvent donneur de leçon, était donc contrevenant à la loi du pays hôte. Ce n’est pas bien.
J. R.
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