L’homme centriste se met volontiers à plat centre, il faut bien vivre, mais n’apprécie pas qu’on s’essuie les pieds sur lui, on a sa fierté.
L’homme centriste (homo sapiens sapionce), et plus précisément l’homme politique centriste, naît naturellement rond et flexible, à l’image du bonhomme Michelin. Le temps se chargera d’arrondir ses quelques angles. Le nouveau garde des Sceaux, Michel Mercier, semble bien répondre aux caractéristiques habituelles de l’homme centriste.
L’homme centriste, d’ordinaire, penche plutôt à droite, mais, à l’occasion, il tombe à gauche. L’homme centriste, tel M. Prudhomme, tire le plus souvent son sabre pour voler au secours du gouvernement en place, mais parfois aussi pour le combattre.
L’homme centriste se met volontiers à plat centre, il faut bien vivre, mais n’apprécie pas qu’on s’essuie les pieds sur lui, on a sa fierté. L’homme centriste n’est pas exigeant, il lui arrive même de se vendre pour le quart d’un plat de lentilles, tout ce qu’il demande, c’est une mangeoire à sa hauteur, pour la commodité, de l’avoine en quantité raisonnable, pour sa subsistance, et un minimum d’égards, pour ne pas perdre la face.
L’homme centriste apprécie qu’on lui fasse deux doigts de cour, l’homme centriste aime s’entendre dire qu’il sera ce soir la plus belle pour aller siéger à Matignon, l’homme centriste déteste être traité en quotité négligeable, l’homme centriste refuse d’être le dindon de la farce tranquille. L’animal, comme dit l’adage, n’est pas méchant mais quand on l’attaque…
Quand on l’attaque, il ne se contente pas de se défendre. Il n’y a pas plus sournois, il n’y a pas plus mauvais, il n’y a pas plus impitoyable que le mouton enragé. Nicolas Sarkozy aurait tort de sous-estimer la rancœur du Borloo humilié, la capacité de nuisance du Morin évincé. Ne tirez pas sur le centriste ou alors achevez-le. Épargné, il ne vous manquera pas.