L’état d’urgence en Mongolie, décrété mardi 1er juillet suite à de violents affrontements post-électoraux, a été levé samedi à minuit par son président Nambariin Enkhbayar. Bilan officiel : cinq morts et des centaines de blessés. « Bakchich » revient sur l’événement en publiant des photos inédites. Reportage.
Nous sommes le 1er juillet 2008. Les élections législatives du 29 juin donnent à priori gagnant l’ancien parti communiste de l’ère soviétique, le PPRM (Parti populaire révolutionnaire mongol). Il faut se souvenir que la Mongolie, pays enclavé entre la Russie et la Chine, a découvert le multipartisme en 1990, après près de 70 ans de domination soviétique.
Sans attendre les résultats officiels, les militants crient victoire. Lors d’une conférence de presse, non loin de la place Sukhbataar, le leader du parti démocrate se dit scandalisé par le résultat des élections et déclare avoir des preuves de la fraude. Chauffés à bloc, les militants démocrates envahissent la place à partir de 13 heures. Ici se trouve le siège du PPRM (le siège du parti communiste). Dans un premier temps, les manifestations se sont déroulées dans un calme relatif.
D’autres manifestants rejoignent la foule. Ils sont désormais près de 8 000 personnes à composer la fronde. Un groupe se détache et fait le tour du parlement, grand batiment dont l’entree principale donne sur le cote nord de la place sukhbataar. Devant l’une des entrées du bâtiment, les militaires tiennent la garde et subissent les provocations des militants.
Ils se sont ensuite dirigés vers le bâtiment du comité des élections. Ils sont restés devant un bon moment pour s’en aller ensuite vers le bâtiment du parti communiste. La police se mobilise.
Ici, le début des combats. Le premier assaut des manifestants a été repoussé.
Les voitures autour du bâtiment commencent a être incendiées.
Plus grave, c’est au tour du bâtiment du PPRM de brûler. On le voit cramer entre les feuilles d’un arbre dans la dernière photo. C’est à ce moment là que la police sort les gaz lacrymogènes et les balles en caoutchouc. Les combats continuent jusqu’à minuit-une heure du matin. D’autres munitions ont certainement été utilisées que le caoutchouc puisqu’officiellement cinq manifestants sont décédés. On ne sait toujours pas dans quelles conditions. Sont répertoriés aussi trois cents blessés, dont le tiers serait constitué de policiers.
Le lendemain, le siège du parti communiste après l’incendie
Un petit garçon vient récupérer des pièces dans une voiture calcinée
Depuis, la situation reste très tendue à Oulan-Boutor. Les mesures s’additionnent en ordre de bataille : couvre-feu, renforts de l’armée, interdiction pour la presse privée de diffuser. Le jeudi 3 juillet, la commission électorale a confirmé la victoire des communistes et la régularité du vote. Mais la frustration des battus reste intacte.
Le président Nambariin Enkhbayar a appelé samedi soir à un retour au calme et les principaux responsables politiques se sont rencontrés pour tenter de résoudre pacifiquement la crise et éviter ainsi une nouvelle flambée de violence.
Les programmes politiques de ces deux partis se ressemblent. Malgre son nom, le parti revolutionnaire est un parti de centre gauche qui n’a plus grand chose de staliniste justement, si ce n’est quelques reflexes anti democratiques (et encore). C’est plutot une social democratie comme il en existe un peu partout en Europe.
En fait, sur les sujets d’importance, c’est plus une affaire de personnes que de parti. Sur les investissements necessaires pour exploiter les ressources minieres, par exemple, on a, pour simplifier, trois solutions :
1 Compter uniquement sur la Mongolie pour investir, ce qui me semble irrealiste et meme dangereux, puisqu’il faudrait investir assez vite et que le pays n’en a pas les moyens. 2 Compter sur la Chine, ce qui aurait l’avantage de la proximite… Mais les Chinois sont universellement hais par les Mongols, a cause de l’occupation de leur territoire. 3 Compter sur les puissances occidentales…
Sur ce sujet precis, il n’y a pas d’unite de choix selon les partis. Au PD comme au PRPM, on trouve des partisans de chacune de ces solutions.
Les emeutes ne sont pas, a ma connaissance, liees a des revendications dans ce domaine ou sur un autre sujet d’importance, mais a une indignation face a des rumeurs de corruption. Le desespoir et la pauvrete ont peut-etre aussi joue un role, et il aurait certainement ete interessant d’aller dans les bidonvilles de la peripherie de la ville, je te l’accorde. Mais je ne pense pas qu’une description precise des programmes politiques ait ete vitale pour comprendre les enjeux de l’evenement.
Toutes les conferences de presse post-emeutes auxquelles j’ai assiste, en tout cas, ne traitaient pas de grande politique mais surtout d’affaires de corruption. En fait, ils font une sorte de tennis
PING :‘regardez, lui il a achete des voix’
PONG : ‘lui il a fait des promesses deplacees a ses electeurs potentiels, c’est pas mieux’
PING : ‘lui il a fait voter des morts dans sa circonscription’.
PONG : ‘Dans la circonscription ou j’ai perdu, des enfants ont vote pour mon adversaire’
Sinon, l’etat d’urgence est termine, les medias peuvent continuer a diffuser, et les voix seront recomptees dans plusieurs districts et provinces. Comme quoi chercher une solution pacifiquement, ca a l’air de marcher.