Suspecté d’avoir vendu quelques informations policières, le commissaire Moigne a un itinéraire peu banal, durant lequel il a croisé du beau monde, d’Edouard Balladur à Cécilia Sarkozy
Agé de 48 ans, Moigne n’a pas toujours été un policier « moyen » . Major de sa promotion il devient commissaire principal à 29 ans, soit l’un des plus jeunes de France et il nourrissait l’ambition de devenir « le plus jeune sous préfet » du pays. Sa carrière passe par la brigade des stups. Moigne est alors réputé appartenir au clan « des Bretons » de la PJ : Olivier Foll, Yves Jobic notamment.
Affecté ensuite à la direction des réseaux ferrés à Austerlitz, le commissaire fréquente assidûment « La Galoche », un restaurant près de la Bastille, qui sert de cantine à la direction des douanes. Le gérant corrézien de l’établissement (aujourd’hui décédé) s’affichait comme un « très proche » de Jacques Chirac.
Moigne est ensuite nommé patron de la 1er DPJ, qui couvre les beaux arrondissements de la capitale. L’occasion pour lui de se frotter à quelques affaires délicates comme à de hautes personnalités. Cécilia Sarkozy, qui fait l’objet du harcèlement d’un maniaque dans un parking de la rue Marboeuf. Patrick Balkany, accusé, lui, par une amie d’avoir tenté d’obtenir une « gâterie » sous la menace d’une arme à feu, ou encore Claude Chirac poursuivie au volant de son Austin jusque devant les grilles de l’Élysée par un automobiliste irascible et guère physionomiste.
Un beau matin, le commissaire Moigne est aussi convoqué au domicile de Balladur. Sa « courtoise suffisance » reçoit en robe de chambre, ne propose ni de s’asseoir, ni de café, mais se plaint de coups de fils intempestifs. Le commissaire conseille à Balladur de changer de numéro de téléphone…
Si officiellement le dossier de Moigne est vierge de toutes sanctions, le policier est notoirement connu pour son coup de fourchette et plus encore pour sa bonne descente. Plusieurs voitures de services en feront les frais. Tout comme cette compagnie de CRS qui se fera copieusement insulter alors qu’elle tente d’extirper un commissaire très fatigué de la carcasse de sa voiture accidentée sur l’autoroute. Pas de traces au dossier donc, mais une sanction/mutation avec un exil à la PJ de Créteil.
Moigne est conscient que sa « carrière » est en sommeil et ne prend pas le tour espéré. L’un de ceux l’ayant fréquenté croit savoir que pour la réveiller notre policier aurait alors décidé de rallier la franc-maçonnerie. À la GLF (Grande Loge de France), assure cette source.
Son affectation en 2003 à tête d’un service de la brigade financière marque un incontestable retour en grâce. Elle est d’ailleurs précédée d’un bref passage à la brigade de protection des hautes personnalités de la Préfecture de Paris, indice que ce fonctionnaire reste digne de confiance. Et ceci jusqu’à l’intervention de l’IGS – la police des polices – le 15 mars dernier. Des « collègues » qui n’ont pas hésité à placer la fille du commissaire, âgée de seulement 19 ans, en garde à vue.
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