Chaque semaine, Jacques Gaillard plonge dans son dico perso et taille un short aux mots à la mode.
Naguère, ça commençait comme ça : à 16 ans, ils persuadaient père et mère de les laisser partir pour la mer entre potes. Alors, c’était le train, parfois la mobylette, avec la mer au bout, et la petite tente, la canadienne, la guitoune, le camping-gaz, les lampes de poche et quelques billets pour tenir trois semaines. La liberté a longtemps commencé au camping de la Plage. Ou des Grands Pins, du Phare, des Girelles. Sous deux mètres carrés de toile, avec ces putain de moustiques, et les filles un peu trop sages qu’ils draguaient dès les bacs à vaisselle.
Désormais, le camping n’est plus une affaire de tentes. Au camping de la Plage, cette année, il y a 140 mobil-homes alignés en rang d’oignons entre leurs deux mûriers-platanes réglementaires, avec la terrasse pour l’apéro, une balustrade pour attacher le chien et même un paillasson pour se sentir chez soi. Il reste encore 30 caravanes, des habitués séniles dans leur enclos aménagé d’année en année, avec ou sans nains de jardin – mais ils se sentent dépassés. Et une pincée de camping-cars échoués là parce que, finalement, rouler, c’est fatigant.
Le propre d’un mobil-home, c’est qu’il n’est jamais mobile. Disons-le carrément : c’est le contournement cynique du permis de construire, approuvé par une administration qui leur suppose des roues et feint de croire que ces hideuses bicoques de plastique, filles indignes du container et de la baraque de chantier, pourront un jour, subitement, s’ébrouer et partir à l’aventure, traînées par un camion complaisant. Non : ils pourriront là, les sweet mobil-homes, qu’il faut retenir un an à l’avance pour jouir en août de leur bidet, de leur télé, de leur bac à glaçons, et profiter de la clim’ comme à la maison.
Pour les tentes, les canadiennes, les guitounes, voyez près des poubelles, il reste peut-être de quoi en caser quatre. Sinon, les jeunes, cassez-vous avec vos toiles de fauchés et vos piquets qui font trébucher les vieux et revenez quand vous pourrez vous payer du solide. Ici, pas de pétards, du Ricard, sinon rien !
C’est l’été sur Bakchich.info !
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