Suite à l’émission télé « Strip-Tease » qui révélait la « pédagogie virile » du policier municipal Arnaud Libert, ce dernier, suspendu de ses fonctions, se confie à « Bakchich ». Selon lui, le maire de Yerres (Essonne) Nicolas Dupont-Aignan, était au courant de ses méthodes. Notre enquête montre que le policier n’a pas que des ennemis, notamment parmi les familles de certains jeunes.
Solide réputation, naturel fort-en-gueule, équipe soudée. Il y a encore quelques mois, Arnaud Libert était le chef de la police municipale de Yerres (Essonne). Il avait même développé une méthode peu orthodoxe mais assumée pour recadrer les jeunes à la dérive. Il pouvait traiter Gianni, ado de 16 ans porté sur les dérapages, de « petite fiotte » ou de « connard », l’attraper par les cheveux, mimer un étranglement. Et conclure par un tonitruant : « Continue comme ça et tu vas te retrouver à faire la pute dans une des caves de la cité ».
Aujourd’hui, c’est un homme seul, abattu, sous le coup d’une enquête préliminaire lancée par le parquet d’Évry, suspendu de ses fonctions par la mairie des Lilas, où il était affecté depuis septembre. Le voilà dépassé par l’emballement des médias, auxquels il ne veut plus parler, ou au compte-goutte. Il se dit « lâché ». Un flic seul depuis que les caméras de l’émission « Strip-Tease » sont venues le filmer pour un documentaire sur France 3, « Police et polissons », diffusé le 29 mars, dont Bakchich avait parlé.
Pour revoir l’extrait de l’émission Strip-Tease qui a mis le feu aux poudres :
C’est là que les ennuis ont commencé. A lui tout seul, Libert le pédagogue a déclenché une tempête politico-médiatique. Nicolas Dupont-Aignan, le maire (ex-UMP) de Yerres, son ancien employeur, nie farouchement avoir été au courant de sa façon de travailler. Il aurait découvert ses méthodes en regardant la télé et lui aurait demandé de partir, en septembre, « uniquement à cause de sa gestion administrative brouillonne ». Des affirmations qui font doucement rire Arnaud Libert : « J’ai même encadré un voyage civique à Annecy. Il y avait donc bien une commande politique ».
Libert sait que sa pédagogie pour encadrer les apprentis délinquants est « discutable », il le dit d’ailleurs lui-même. « Je sais aussi avoir un langage institutionnel, mais les gosses ne le comprennent pas ». Il voulait provoquer « un électrochoc ». Éviter la récidive. « Plutôt que de mettre les pinces (menottes, ndlr) à un gamin pour le revoir régulièrement, je fais le choix de lui parler et de lui faire rendre des comptes tous les jours. Je m’adapte à chacun, quitte à lui mettre la pression en dernier recours ». Et il continue d’y croire.
Pourtant, les syndicats ne mâchent pas leurs mots : « Il a un comportement de barbouze plus que de policier, peste Jean-Michel Weiss, le secrétaire national du FAF PT, un syndicat de fonctionnaires. Si on veut se faire respecter, on ne peut pas avoir les mêmes agissements et le même langage que les jeunes en face ». Le syndicat a même tenté de faire interdire la diffusion du second volet du documentaire. Sans succès.
Bref, en voulant se transformer en éducateur spécialisé, Libert aurait « outrepassé l’ensemble de ses missions ». Et singulièrement compliqué le travail sur le terrain : « C’est devenu plus difficile. Ici, l’image de la police en a pris un coup », déplore un policier municipal de Yerres qui préfère garder l’anonymat. Même le forum de France 3 a été assailli par des centaines de réactions outrées de téléspectateurs. « Votre comportement frise le sadisme », « vous jouez au gourou avec ces jeunes », accusent les internautes, qualifiant Arnaud Libert de « shérif de Yerres » ou de « fou furieux » !
Affaibli, l’homme joue son joker : le soutien inconditionnel des familles qu’il a aidées. Les parents de Gianni, notamment, étaient totalement démunis face à leur fils. « Je comprends que l’on puisse être choqué, mais moi je connaissais notre situation et il fallait en passer par là. C’était notre dernière chance, explique Dominique, le père. Ce lynchage est injustifié : aujourd’hui, Gianni travaille en alternance, va au collège, nous écoute et a même arrêté de fumer ».
Avec Jordan, 13 ans, Libert a aussi fait des miracles. Sa mère, Denise, était prête à le placer en internat. Tous les éducateurs avaient échoué mais le policier a su lui parler, avec ses mots. Et la moyenne de Jordan a augmenté de 10 points en trois mois. Aujourd’hui, Denise a peur : « Je n’ai plus personne à appeler en cas de pépin. Arnaud était devenu indispensable ».
Il y en a un qui l’a suivi, et de près, pendant huit mois. C’est Eric Cardot, le réalisateur de Strip-Tease. Pour lui, tous les gamins en difficulté soutiennent « Arnaud », qui est « tout sauf une brute ». La preuve : « il ne frappe jamais, il bouscule un gamin qui a besoin d’être secoué pour réagir ». Le réalisateur regrette d’ailleurs « les conséquences démesurées » que le film a eues. Le fondateur de l’émission, Jean Libon, en rajoute une couche : « C’est une grande gueule qui joue au Père Fouettard mais il a un cœur d’or ».
Libert, d’ailleurs, ne regrette rien. A part la polémique : « Le reportage donne une vision simplifiée de mon travail et risque de me coûter mon emploi, explique-t-il, visiblement affecté. Ça me fait peur, car j’ai une femme et deux enfants. Si je suis réintégré, je ne bouge plus une oreille. Je le regrette, parce que j’avais l’impression de bien faire mon boulot ». C’est aussi ce que semble penser un maire, préférant garder l’anonymat, qui aurait déjà discrètement contacté Arnaud Libert pour s’attacher ses services.
A lire ou relire sur Bakchich.info :
bravo M. LIBERT
JE SUIS UN HABITANT DE MIDI PYRENEES DANS LA BELLE VILLE DE RODEZ ET J AI VU LE REPORTAGE DE STRIP TEASE. AYANT GRANDI DANS LA CITE ASSEZ TRANQUILLE AU PASSAGE D ONET LE CHATEAU, j4APPROUVE REELLEMENT VOS METHODE J AI 35 ANS VECU CELA ET CELA EST TRES POSITIF CE GENRE DE REACTION CAR IL N Y A RIEN DE CHOQUANT. SI L ON PRENDS DES PINCETTES IL N Y A AUCUN RESPECT AGISSONS ET ARRETONS DE PLEURER POUR UNE BAFFE OU AUTRE. ON M A TOUJOURS APPRIS QU A L EPOQUE DE MES PARENTS UN PROF QUI T EN METTAIT UNE AVAIT EU UNE RAISON SI ON PLEURAIT VA LA MAISON T EN RECEVAIS UNE AUTRE, PRENONS NOS RESPONSABILITE ET ARRETONS DE FUIR
M. LIBERT JE SUIS A FONDS POUR VOTRE METHODE