Le commandeur des croyants marocains préfère les inaugurations aux ballets diplomatiques. Dernier exemple en date, la conférence euro-africaine sur l’immigration.
Le roi du Maroc est un homme mal informé. Lundi s’est ouvert, pour deux jours, à Rabat, une grande messe diplomatique en présence de dizaines de ministres des affaires étrangères, d’organisations internationales et régionales, une armée de journalistes…
La conférence, qui a pour parrain l’Espagne, a réuni tout ce beau monde dans la capitale marocaine pour trouver des pistes de façon à stopper les clandestins qui arrivent à Ceuta, Melilla, ou aux Iles Canaries. Preuve que l’affaire est d’importance, la France a envoyé quatre ministres à Rabat (le chef de notre diplomatie, Douste-Blabla, notre premier flic, Sarko, et deux seconds couteaux : la ministre des affaires européennes, Catherine Colonna et celle de la coopération, Princesse Brigitte). Certes l’Espagne a fait mieux que nous (cinq ministres) mais Jacques Chirac s’est fendu d’un long message aux participants qui a été lu à la tribune. Avantage donc à la France.
L’important est ailleurs : rien n’est venu du Palais royal. Mohammed VI est aux abonnés absents. Il n’a envoyé aucun message. Pendant que des centaines de diplomates et de ministres discutaient à Rabat, superbe et ignorant, il était en goguette. Pas à l’étranger pour une fois mais dans le nord du royaume à couper des rubans, à inaugurer un tronçon de route, une école, comme si de rien n’était. Lundi soir, la deuxième chaîne de la télévision marocaine, pourtant réputée la moins cadenassée, a ouvert son journal, comme d’habitude, sur les activités royales. Ce n’est que dix minutes plus tard, lorsque le sujet a été épuisé, que 2M a tourné ses caméras vers ce qui se passait à Rabat.