Le président de la réserve fédérale américaine a capitulé. Le coût de l’intérêt de l’argent va baisser. Pour le pire ?
Mardi 18 septembre, le monde de la finance attendait la décision de Bernanke, le président de la réservé fédérale américaine. Baissera ou ne baissera pas ses taux ? « Ses » au pluriel car il y a plusieurs taux. Il en avait déjà baissé un fin août, le vieux taux d’escompte que l’évolution des techniques financières a rendu complètement caduc. Mais dans les salles de marché, comme la plupart des « golden boys » ignorent dans les détails comment fonctionne la Réserve fédérale des États-Unis, cette baisse avait été saluée en son temps comme une grande victoire. En France, les « marchés » s’excitèrent, la bourse crut pouvoir préparer son envol, des frémissements se firent sentir. Puis, la triste vérité s’était imposée : il ne s’était rien passé, si ce n’est que Bercy avait pu mesurer une nouvelle fois que le métier de banquier reste en France empreint d’enthousiasme un peu amateur. La bourse reprit sa courbe descendante, les actions bancaires furent de nouveau chahutées et l’on attendit le 18 septembre. Et Bernanke a capitulé.
Devant les représentants de la Réserve de Californie, une des banques membres de la Réserve fédérale qui, alertés par les quelque deux cent mille personnes jetées à la rue à Los Angeles par la crise immobilière, réclamaient à cor et à cri le retour à la bonne vieille période des taux bas, de l’argent facile et de la fuite en avant. Devant son prédécesseur, Alan Greenspan, qui sortait la même semaine ses mémoires et faisaient les gros yeux, de peur de devoir admettre que pendant la période où il fut à la tête de la réserve fédérale, il avait fait n’importe quoi, distribuant sans retenue les dollars, finançant sans états d’âme les spéculateurs et jouissant en prenant des airs mystérieux d’une incroyable notoriété. Devant les banquiers américains qui découvrent l’ampleur de leurs risques après avoir multiplié ses dernières années les acrobaties financières et les bénéfices hyperboliques et qui surtout craignent le retour des durs, le retour de l’époque où Volcker, le président de la Réserve fédérale des années 80, clamait devant l’establishment financier abasourdi : « Je sauve les banques mais pas les banquiers ! ».
Sa capitulation aura fait deux heureux de plus :
un par convention, et par besoin de faire croire qu’il comprend ce qui se passe en la personne de Nicolas Sarkozy qui à peine deux jours après la décision de Bernanke voyait déjà la reprise économique américaine ;
l’autre par discrétion, en la personne du directeur général du Crédit agricole, puisque pendant que tout le monde parlait de Bernanke, personne ne parlait des 250 millions d’euros perdus de façon hasardeuse par l’antenne de New York de la banque. Les paysans français n’ont pas à trop savoir ce qu’on fait de leur argent. Le Crédit agricole s’occupe de tout et réglera tout. D’ailleurs, dans la foulée, il a annoncé que les imprudents qui ont égaré les
250 millions avaient été renvoyés sur le champ. Tant que ce sont des « traders » irresponsables que l’on renvoie, tout va bien. C’est du moins ce que l’on doit penser à la BNP. Et quand Christian Noyer, le gouverneur méconnu de la Banque de France déclare qu’il va falloir revoir le management des banques, on se convainc assez vite sur les marchés que cela n’engage que lui, c’est-à-dire personne. On vous dit que tout va mieux. Sarkozy lui-même le dit…Volcker revient, ils sont devenus fous !
Hé oui, avec quoi endetter les pauvres si les taux sont inabordables ?
Ce système a bien été dénoncé depuis longtemps. Qui a dit déjà : "la spéculation est un jeu à somme nulle" ?
Ce système consiste à scier patiemment la branche sur laquelle on est assis, comme on disait jadis.