En 1996, les RG rendaient leur copie sur le thème origine sociale et violence. Zéro pointé !
Alors qu’une polémique nourrit les conversations des chercheurs et des intellos sur l’opportunité d’instaurer des statistiques ethniques, certains petits malins se sont affranchis depuis des années du moindre frein sur ce sujet qui fait tousser : les Renseignements généraux.
Ces derniers, dont on a encore entendu parler récemment avec leurs investigations malencontreuses sur Bruno Rebelle, lient noir sur blanc délinquance et origine ethnique. En témoigne une note miraculeusement arrivée entre les mains de Bakchich, délicatement titrée « Violence urbaine : la part des jeunes d’origine africaine ». Daté du 26 janvier 1996 et à en-tête de la section « Villes et banlieues », le document recense diverses bandes « de jeunes Africains » de région parisienne ainsi que leurs joyeuses occupations à l’heure du thé – coups de feu ou de couteaux, caillassages, dépouilles, attaques au cutter etc. Jusque là, rien de surprenant pour les flics qui suivent les banlieues.
Plus étonnantes, les analyses des RG contenues dans la deuxième partie de la note tirent de cette série de faits ponctuels des conclusions très générales sur la « violence des jeunes Africains ». Alors qu’au détour d’une phrase le rédacteur précise pourtant qu’une des bandes comprend « une majorité d’Africains mais également des Antillais et quelques maghrébins ». C’est sûr, ils sont tous bronzés…
Alors que lit-on sous la plume soi-disant renseignée des RG ? « La délinquance d’origine africaine se singularise par la capacité des auteurs à faire rapidement preuve, sans appréhension ni retenue, d’une extrême violence, souvent disproportionnée par rapport au gain escompté ». Rien que ça. Une sentence définitive suivie d’autres postulats du même tonneau : « L’installation de plusieurs familles polygames, dans certains quartiers, favorise la constitution de bandes, composées à l’origine des frères et cousins appartenant aux mêmes familles africaines élargies et susceptibles de se prêter occasionnellement main forte ». Autre perle : « Formant de véritables communautés, ces familles ont investi les équipements collectifs et certains de leurs enfants se signalent régulièrement par leurs comportements déviants ». On attend avec impatience la définition de l’adjectif « déviant » aux yeux des RG.