Au cours de sa visite “historique” en France, le Guide de la révolution libyenne a adressé des messages subliminaux à l’attention de ceux qui dissertent sur sa succession. Décryptage.
Lors de son séjour en France, le colonel Kadhafi a multiplié les ruses pour montrer à qui de droit qu’il est et restera le seul maître à bord de la Jamahiriya. Autant de messages subliminaux adressés à tous ceux qui ont un moment cru qu’avec l’ouverture économique et les concessions accordées aux Occidentaux dans le dossier du nucléaire, le vénérable Guide avait fait son temps. Mouammar « Ould al-Kheima » (littéralement le « fils de la tente » puisqu’il serait né sous la tente et par là serait bédouin), comme aiment l’appeler ses disciples purs et durs des Comités révolutionnaires a, à travers son one man show, montré qu’il n’y a pas de numéro deux en Libye. Et que disserter sur sa succession est un exercice vain. Ses fistons n’ont qu’à bien se tenir…
Premier message. Lors de sa visite « historique » dans l’Hexagone, le Guide de la révolution libyenne a confié l’organisation de toutes ses rencontres avec « ses amis français et arabes résidents en France » à son cousin. Répondant au doux nom d’Ahmed Kaddafeddam, ce dernier, qui gère les « intérêts » de la famille Kadhafi partout en Europe et en Égypte à travers la société Sahara qu’il préside, est revenu en force au sein du sérail libyen. Il était d’ailleurs le seul, avec les gardes du corps de Kadhafi, à dormir avec le colonel à l’Hôtel de Marigny. Un retour qui, selon un membre influent des Comités révolutionnaires faisant partie de la délégation libyenne, ne peut se faire qu’au détriment de Seif al-Islam et de son clan. En témoigne le baroud d’honneur tenté en vain par le fiston de Kadhafi à Tripoli, à la veille de l’arrivée de son père en France. Le beau Seif a en effet annoncé en avant-première que plusieurs contrats seraient signés en en précisant les domaines. Une intervention qui dans le subtil jeu de rôles libyen se traduit de la sorte : « je justifie mon absence de la délégation de mon père tout en montrant que j’existe encore ».
Deuxième message. Le seul fils de Kadhafi à figurer aux côtés du Guide lors de son périple français était le colonel-major Al-Mouatassem Billah, actuel chef du Conseil national de sécurité créé il y a environ six mois (encore un signe…). Un rôle clé pour ce fiston qui pêle-mêle jouit de la confiance totale de papa, monte en flèche sans tapage médiatique, coordonne les différents services de renseignement libyens et jouit d’un droit de regard sur le travail du gouvernement. C’est également lui qui assurera dorénavant le suivi des dossiers avec les Français. C’est ainsi qu’arrivé à Paris (en provenance de Lisbonne) avant son père, Al-Mouatassem Billah a rencontré Michèle Alliot-Marie, la ministre française de l’Intérieur. Reste à savoir si cela permettra aux promesses de contrats signés entre la Libye et la France d’aboutir.