Les prix pratiqués par la grande distribution sont soit abusivement bas, soit abusivement hauts.
Promotions, piège à cons. Ce n’est pas Bakchich qui le dit. C’est, en substance bien sûr, Serge Papin, tout puissant patron de Système U, le numéro quatre des marchands de boîtes de raviolis et autres paquets de nouilles en France, derrière Leclerc, Carrefour et Intermarché. Un tel langage de vérité, de la part d’un distributeur, est suffisamment rare pour être souligné.
Cette « papinade » s’est déroulée il y a quelques semaines, lors d’une intervention devant un parterre de professionnels (de la profession, comme dirait l’autre) réunis par un journal spécialisé. Son sujet de grand oral, ce jour-là : les prix bas… et leur meilleur ennemi, les promotions. « Il est aberrant de voir le kilo de côtes de porc à 3 euros en promotion et, trois jours plus tard, le même à 7 euros, explique-t-il. J’en ai assez de ces effets yo-yo en permanence. Les clients ne comprennent pas, et nous avons tous intérêt à miser sur des prix bas permanents. »
Jouons donc, avec Serge Papin, au jeu du juste prix. 3 euros ? 7 euros ? Non, à écouter le patron de Système U : « D’un côté, des prix abusivement bas, de l’autre, des prix abusivement hauts, raconte-t-il. Nous avons besoin de trouver un équilibre. »
Le bon tarif serait donc de… roulements de tambours… 4,90 euros. Par quel prodige ? Simple. Un magasin, un mois dans l’année, va vendre sa côte de porc à 3 euros le kilo. C’est-à-dire franchement pas chère. En prévision de ces quelques semaines difficiles, où il ne va pas gagner beaucoup d’argent, le gentil patron de la grande surface va donc prévoir, les onze autres mois, de se goinfrer en boostant ses marges.
D’où un ahurissant 7 euros, complètement déconnecté des prix réels du marché. Moralité, et aveu en bonne et due forme du repenti Papin : les promotions représentent de fausses bonnes affaires. De quoi méditer en cette période où, partout, sur les panneaux publicitaires, à la radio ou à la télé, on ne voit et n’entend que des publicités vantant les campagnes à prix soi-disant cassés de Carrefour, qui fête ses 50 ans, ou Intermarché, joyeux quadra quant à lui.
Tout le monde le sait bien : c’est souvent ceux qui en parlent le plus qui en font le moins.
Indication supplémentaire sur l’aberration des prix dans ce système. Calculez donc des indicateurs fiables avec ça.
Ce qui me fait toujours rire ( ?) par exemple, c’est le prix de certains DVD, à 2 ou 3 euros parfois. C’est tout-à-fait délirant.
Dans le système capitaliste, entre spéculation et opérations de promo, les prix ne veulent rien dire mais bon, faut pas trop le répéter…
Il n’a sans doute pas échappé à votre sagacité que quel que soit le taux de TVA, le jour de l’année ou le produit, les machines à laver ont toutes un prix terminant par 99, tout comme les télés ou les lave-vaisselle ?
Un jour où la TVA avait baissé, on avait bien vu quelques prix ressemblant à ce qu’on trouve chez les grossistes, des ordinateurs à 522,43, des télés à 172,27, mais ce n’était qu’illusion, c’était 599 moins la réduction de TVA, et non pas (prix grossiste + marge + TVA) comme ferait un commerçant honnête se payant par une marge raisonnable.
Et quand on fait une promo (regardez dans la poubelle sous votre boîte aux lettres), l’objet du magasin "toujours le moins cher" passe de 799 à 599.
Si la vente à perte est toujours interdite en France, ça veut dire que le magasin en dehors des périodes de promo vous met 200 dans la vue, mais moi je dis ça et je dis rien…