Tabassages par les familles, humiliations policières, tortures, exécutions capitales et lynchages médiatiques : être homosexuel au Moyen-Orient expose à de très sérieux risques. C’est ce que nous explique Brian Whitaker, dans son livre « Parias », sorti en juin aux éditions Demopolis. Enquête.
Pourquoi lire ce livre ? Parce que le mauvais traitement qui est fait aux minorités reflète bien souvent l’état d’angoisse ou de dysfonctionnement d’une société. En ce sens, « Parias » est une charge sans concession contre l’intolérance et la violence qui régissent, encore très souvent, les pays arabes.
Le panorama de l’enquête tout azimut est sombre : les Saoudiens sont, sans surprise, les plus menacés par la peine capitale. Pour ce qui est des Palestiniens, on retrouve le climat tragiquement pessimiste du film israélien « The Bubble », dans lequel l’amour avec l’ennemi est une trahison, pour la famille comme pour le peuple combattant. Quant aux Iraniens, des pages sanglantes éclairent l’instrumentalisation de la répression homosexuelle à usage politique interne, tout autant qu’elles décrivent les carcans spirituels imposés par les turbans noirs.
« Vous autorisez l’homosexualité…mais ici ce n’est pas accepté et tout le monde devrait reconnaître que ce qui est bon pour l’Amérique ou pour l’Europe ne l’est peut-être pas ailleurs », des propos tenus par le porte-parole d’un gouvernement égyptien, naguère bienveillant pour ses minorités. Seule Beyrouth apparaît comme une zone d’ombres tacitement acceptée, mais est-ce bien surprenant ?
A lire la chronique judiciaire de Whitaker, les passionnés du Moyen-Orient découvrent que la sodomie n’est pas un crime « hadd » et, par conséquent, ne tombe pas sous le coup des châtiments légitimes, d’un point de vue coranique. Malgré des longueurs et des exemples parfois médiocrement restitués, l’enquête du journaliste au Gardian est un méritoire coup de projecteur sur la brutalité qu’engendre l’ignorance et le sectarisme. C’est surtout un coup de boule pour les occidentaux qui n’auraient pas encore perçu la diabolisation des mœurs de nos démocraties, utilisée dans de nombreuses tyrannies du Moyen-Orient.
Pour aller plus loin : IslamOnLine, dont la ligne « populaire » est cette fois très normative et froidement intolérante. Sans surprise ?
J’ai lu ce livre. Le service de presse, informé de mes activités dans la presse gay et ethnique, a eu la gentillesse de me le faire suivre.
Admirable, convainquant, fouillé, illustré, documenté, érudit et pas chiant. Un tour de force en somme. Bravo à Whitaker. Je recommande chaudement ce bouquin aux gays et à leurs amis. Egalement à leurs ennemis car il donne des clefs de compréhension très utiles et un argumentaire élaboré et limpide à la fois.
Enfin, Whitaker parvient à démonter les principes assenés dans les oukazes des politiques musulmans, usant de leur couverture religieuse pour justifier l’injustifiable, alors même que les textes authentifiés du prophète ou l’histoire des différents peuples arabes, appelle à la tempérance. Montrer du doigt et parfois avec véhémence une forme certaine d’incurie en terre Arabe, sans pour autant verser dans l’islamophobie ou le "border line" est une gageure. Pari gagné.
"A lire la chronique judiciaire de Whitaker, les passionnés du Moyen-Orient découvrent que la sodomie n’est pas un crime « hadd » et, par conséquent, ne tombe pas sous le coup des châtiments légitimes, d’un point de vue coranique."
C’est une grossière erreur commise par un soit disant auteur qui prétend s’y connaître en affaire islamiques.
Je tiens à préciser que le Coran interdit formellement la sodomie entre époux légitimes, alors qu’en serait il en cas de non existence d’un lien officiel entre un homme et une femme ? Sachant que tout lien sexuel en dehors du mariage est interdit et est passible de lapidation. Or, en suivant le "qyass" (raisonnement par analogie ou jurisprudence) qui est l’une des sources religieuses sur lesquelles se base tout musulman, après le Coran la Sounna, "al ijma3" (c’est à dire le consensus des docteurs de la Loi), on en déduit que la sodomie est passible de sanctions pénales.
Ceci pour expliquer qu’une partie du contenu de ce livre n’est pas forcément fondé sur des bases réelles.
Bien à vous.
parler du "monde arabe" est déjà malhonnête - ne me donne pas envie de lire ce livre… Le "monde arabe" est tellement hétérogène qu’on se demande si le concept recouvre même un embryon de réalité ! Toutes les généralisations abusives prouvent le degré (faible) d’intelligence de leurs usagers (abusagers ?) !
Les arabes sont comme ci, les juifs sont comme ça… un discours stupide, une manipulation des esprits faibles… rencontrez, discutez, et vous pourrez constater que toute la merveilleuse variété humaine se retrouve à l’intérieur de ces soi-disant catégories !
Même l’ouverture d’esprit dont se réclament les "laïcs et obligatoires" est bien souvent elle aussi malheureusement décevante (euphémisme). Là aussi il y a de la variété !