Depuis l’arrestation le 14 mai en Iran de six Bahaïs, les adeptes de cette religion créée en Perse au 19è siècle s’inquiètent. Il savent qu’ils ne peuvent compter ni sur l’aide du monde musulman, ni sur celle de la communauté internationale. Cruel destin.
Sale temps pour la religion Bahaïe (lire l’encadré en bas de page) et ses fidèles. Alors que l’Egypte débat de leurs droits sous la pression des courants islamistes, l’Iran se remet à les réprimer. Le 14 mai dernier, le régime des mollahs a arrêté sans motif six leaders de cette minorité religieuse non reconnue et régulièrement persécutée dans ce pays. Pour justifier son acte, le gouvernement qui a confirmé avoir embastillé ces six citoyens iraniens les accuse d’avoir oeuvré « contre l’intérêt national ». Bien sûr sans communiquer le moindre détail sur ce qui leur est reproché hormis servir une propagande habituelle qui ne trompe plus personne : les Bahaïs d’Iran entretiennent « des liens avec des étrangers et particulièrement avec les sionistes ». Rien de nouveau donc sous le ciel des ultra-conservateurs iraniens qui savent pourtant faire preuve de tolérance envers la communauté juive installée chez eux, au point de faciliter le retour de certains de ses membres en Israël.
Bien que la religion Bahaïe soit née en Iran au 19è siècle et soit réputée pacifiste, apolitique et tolérante (elle accepte le Coran, le prophète Mahomet et loue l’enseignement de l’islam), ses fidèles y ont toujours été pourchassés, emprisonnés, torturés et même exécutés. Le pouvoir chiite qui n’a jamais accepté la proclamation de leur indépendance religieuse les taxe d’« apostats ». Dans le passé, les autorités, n’ont pas hésité à interdire les réunions des Bahaïs, confisquer leurs biens, leur infliger des impôts sur-mesure, à encourager les exactions à leur encontre, à détruire leurs lieux saints… Bien que moins violente et davantage larvée, la répression actuelle qu’endure les Bahaïs en Iran n’en demeure pas moins réelle.
La religion bahaïe a été créée en 1863 en Perse par Mirzâ Husayn’Alî connu sous le surnom de Baha’u’llah, la « Gloire de Dieu ». Cette foi croit en trois unités : l’unité de Dieu, celle de la religion et celle de l’humanité. Les Bahaïs considèrent qu’en fonction des époques, Dieu se révèle aux hommes au travers de messagers comme Abraham, Zoroastre, Moïse, Bouddha, Jésus, Mahomet et bien sûr Baha’u’llah. Pour eux, d’autres apparitions de Dieu sont à venir mais mille ans après l’apparition du bahaïsme. La communauté est accréditée aux Nations Unies comme Ong (organisation non gouvernementale).
Le tout dans l’indifférence du monde musulman alors que cette religion, comme l’Islam, reconnaît le concept de l’unicité de Dieu. Pire, des pays comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et même l’Egypte se sont hâtés de fermer les yeux sur le harcèlement du régime iranien pour mieux tenter d’isoler leurs propres communautés bahaïes, allant jusqu’à placer certains de leurs membres les plus éminents en résidence surveillée. Les Bahaïs n’ont rien, non plus, à attendre de la communauté internationale. A chaque fois qu’une voix se fait entendre pour les défendre, comme celles des Ong de défense des droits de l’homme, des boucliers se lèvent dans les pays occidentaux. Il ne faudrait surtout pas contrarier les pays musulmans avec qui les Occidentaux ont bien trop d’intérêts…
Malgré les persécutions diverses et variées dont ils sont victimes, les Bahaïs ne courbent pas l’échine. Alors qu’on comptait 400 000 adeptes de cette religion dans les années 60, ils sont environ six millions aujourd’hui de par le monde (dont près de 2 millions en Inde). En prônant la justice sociale, la tolérance et l’égalité hommes-femmes, ils sont parvenus à convaincre qu’ils ne sont pas une secte chiite mais une religion indépendante. La récente arrestation de six dirigeants en Iran font craindre aux leaders de cette communauté qu’une purge se profile à l’horizon, surtout que depuis l’arrivée du président Mahmoud Ahmedinejad, la répression se durcit à leur encontre. Idem dans les pays du Golfe Persique qui tolèrent paradoxalement de plus en plus la construction d’églises sur leurs territoires.
oh les pauvres, mahmoud abbas est un bahai, envoyez le charles de gaulle
AS
C’est article est clair et concis.
Cette concision devient très vite problématique.
Par exemple, pourquoi ne pas dire que le centre Bahai mondial, se trouve depuis de nombreuses années à Haifa en … ISRAEL.
Cest un très bel édifice, cernés de magnifiques jardins en terrasses avec une vue somptueuse sur la baie de Haifa.
Oubli, peut etre, ou bien cette réalité, ternie donc l’image de l’état raciste et conquérant ?
Quant à l’immigration juive, d’Iran vers Israel, quelques détails :
" ils sont autorisés à quitter le pays, si ce n’est pas explicitement pour Israël. Et s’ils partent, ils peuvent faire gérer les biens qu’ils abandonnent par des gardiens légaux. Sinon, l’Etat s’en empare."
Mis à part mes observations, je salue M ATOUM pour son travail de recherche et son appel à l’aide pour cette communauté oublièe.