A Rungis, les Halles, le grand marché de gros de la région parisienne, périclitent. Pas leur patron, le sémillant Marc Spielrein, qui se maintient à leur tête contre vents et marées. Rapport de la cour des comptes, changement de majorité politique, et tout récemment la privatisation, rien ne l’a fait vaciller.
Semmaris rime avec Rungis. C’est fait exprès. Puisque la société d’économie mixte gère le marché international de la petite ville du Val-de-Marne, consacré depuis des lustres plus grand marché à ciel ouvert du monde.
Et depuis 1994, un homme, seul, préside à sa destinée, Marc Spielrein. Un polytechnicien bon teint, passé par moults cabinets ministériels et haut fonctionnaire détaché, arrivé là du temps où Madelin, un de ses proches, avait la côte à droite, et l’oreille ou le poste des ministres.
Nommé à l’époque par décret ministériel dans un établissement où l’État était l’actionnaire majoritaire, le bon Marc a tenu bon la barque pour être reconduit tous les trois ans. Et ce malgré le passage de Jospin, de 1997 à 2002. Lui, l’ultra-libéral, proche du très sélect club Le siècle ou des volutes du club des Amateurs de Havane du sous-ministre André Santini, a réussi à passer outre l’orage rouge… en se fendant d’une visite à la fête de l’Humanité dans ces temps de vaches maigres pour ses amis politiques.
Imperméable aux changements de climat politique, Spielrein l’a aussi été aux remontrances de la Cour des comptes. Quand en 2005, un rapport confidentiel pointe tout à la fois une chute du chiffre d’affaires de l’entreprise (qui gère 1 200 entreprises concessionnaires et 2 000 salariés), l’endettement croissant, l’absence de transparence financière, les dérapages du coût des investissements ou des opérations de marketing « incertaines et coûteuses », le garçon de Rungis se maintient. Tant pis pour la baisse de tonnage de Rungis de l’ordre de 25 % depuis la prise de pouvoir de Spielrein, le rapport fait pschitt !
Malgré ces chiffres peu flatteurs, Altaréa, promoteur immobilier-concepteur de centre commercial a lâché bien du grisbi pour devenir le premier actionnaire – et actionnaire de référence – de la Semmaris le 13 novembre dernier. Au moins 17 millions d’euros pour l’achat d’actions, sans compter le rachat des comptes courants de l’État. Une générosité peut-être attisée par les 230 hectares de terrain aux portes de Paris…
Et l’écueil de la privatisation partielle de la Semmaris, intervenue en novembre dernier n’a guère fait tanguer non plus le président. Seulement changer de casquette en douceur. Président nommé par décret ministériel il était, président nommé par Assemblée générale il restera. Avec la bénédiction du nouvel actionnaire privé, Altaréa détenteur désormais de 33,34 % des parts et plus gros porteur de la boîte, devant l’État, dont la part a fondu de 51 à 31 %.
Le nouveau venu dans la Semmaris n’a, il est vrai, guère à se plaindre de l’activité du président. Quand Altaréa, concepteur de centre commercial, s’installe à Thiais, voisin du marché international, le patron de Rungis lui facilite la tâche. Ikea, locomotive du centre commercial tout frais, cherche un terrain pour son centre de stockage. 17 000 m lui sont vendus sur une zone annexe du marché. Pourtant une petite loi de 1963 réserve aux entreprises qui ont une activité liée à Rungis le droit de s’implanter sur ces terrains, et conditionnent ladite implantation à une convention avec la société gestionnaire du marché. Soit la Semmaris de Spielrein, un peu oublieuse du règlement sur ce coup-là.
Difficile à blâmer cependant, puisque l’État aussi peut se montrer étourdi. Fonctionnaire en détachement, nommé par l’État jusqu’en novembre dernier, Spielrein a pris sa retraite de la fonction publique depuis. Mais pas de la Semmaris, dont il demeure président et possède une action. « À titre de garantie , précise-t-on à Image 7, la célèbre agence de communication qui s’occupe de son cas, pas comme une prise d’intérêt »…
Voire. La loi de 1993 sur la prise illégale d’intérêt interdit à un fonctionnaire de prendre une participation dans une entreprise privée dont il a assuré le contrôle dans les trois années suivantes. Et le cabinet de la ministre de l’Économie reste sourd aux suppliques de Bakchich, avide d’un éclairage définitif sur la question.
Seul indice de la côte de popularité de Spielrein auprès du nouveau gouvernement, son érection au grade d’officier de la Légion d’honneur le 13 juillet dernier. Un joli ruban fêté en grande pompe début février.
De quoi consacrer définitivement Spielrein comme le dernier « fort des halles » de Rungis…
hum ! une faute de frappe flagrante c’est glissé dans l’article ;
"son érection au grade d’officier de la Légion d’honneur le 13 juillet dernier"…
Je crois que vous vouliez parler d’élection et non d’érection ,qui peut être a suivit à cette nouvelle,mais dans se cas les journalistes de bakchich son allez très loin pour connaitre l’info et la je dit"chapeau".