Le foot, école de l’amour européen

Le "Non" irlandais au traité de Lisbonne affole les politiques. Comment se fait-il ? Car les peuples européens s’adorent comme nous le montrent chaque jour les parties à l’Euro de football. Jugez-en plutôt :

Ce soir, nous saurons si nos amis les voleurs de poules roumains auront vaincu nos amis les Bataves hollandais mangeurs de gouda qui auront fait semblant de perdre pour éliminer le coq gaulois. Encore faudra-t-il que nous battions de notre côté nos amis les macaronis italiens dont on sait qu’ils sont les maîtres de la Commedia dell’Arte pour leur façon astucieuse de provoquer un penalty en confondant la surface de réparation avec une patinoire olympique. Si nous gagnons, nous allons rencontrer ensuite nos amis les espingouins amateurs de corrida qui ont le manque de sportivité de courir plus vite que les nôtres. Il va de soi que nombre de joueurs français, étant payés par des clubs italiens ou espagnols, ont intérêt à ne pas contrarier leurs employeurs.

Par bonheur, nos amis les hooligans anglais buveurs de bière ne se sont pas qualifiés, à la grande joie de nos amis les banquiers helvètes dont ils auraient sans nul doute saccagé les rues piétonnes les soirs de beuveries collectives. Reste donc en compétition nos amis les teutons qui finissent toujours par gagner à la fin comme à Séville après le lâche attentat du vilain goal allemand Schumacher qui a frappé notre infortuné Battiston. Souhaitons donc la victoire de nos amis les Boches !

Restent d’autres pays européens comme nos amis les Portugais qui sont d’excellents concierges, nos amis les Polacks qui vont à la mine ou des peuplades mal identifiées comme les Croates. Heureusement que les Slovènes, les Moldaves, les Ukrainiens et les Baltes sont absents sinon c’était la pagaïe dans l’Europe unie, surtout que certains n’y sont pas encore. Regrettons quand même la non-qualification de nos amis les ivrognes irlandais qui ne sont pas sortis du pub pour dire "oui" au traité simplifié mis au point par Sarko : nous aurions pu les mettre en bière sur le terrain pour leur apprendre la solidarité.

Car il est clair que les peuples européens s’adorent. Et que le sport est une magnifique vitrine de l’amour qu’ils se portent. A une condition : que l’arbitre ne vienne pas, par ses décisions scandaleuses, introduire le germe de la division dans cette symphonie pastorale. Et si les politiques n’arrivent pas à imposer leurs traités, c’est pour une simple raison : ils ne lisent pas assez l’Equipe et n’écoutent pas assez les commentateurs télé !