Contrairement aux DVD, la distribution des jeux vidéos n’est pas réglementée. Ce qui permet à une grosse boite comme Micromania de griller régulièrement la sortie officielle de ses jeux.
« Qui vous parlera des jeux vidéo mieux que nous ? » Et qui vous les vendra avant la sortie ? C’est la blague que se font certains vendeurs de jeux vidéo concurrents de Micromania. Car cette « petite » enseigne est en fait un monstre de marché de la distribution de jeu vidéo. Un « category killer », pour reprendre un jargon marketing, à la mode il y a quelques années, pour désigner les enseignes ultra-spécialisées qui font de l’ombre aux grands hypermarchés. Car la chaîne de magasin, créée en 1983 par Albert Loridan, pèse près de 25% de part de marché et a réalisé l’année dernière 500 millions d’euros de chiffre d’affaires, en vendant exclusivement des jeux vidéo. A titre de comparaison, c’est plus que les magasins Celio dans la fringue ou Virgin dans la culture.
Sauf qu’en tête de la course, l’enseigne Micromania (qui appartenait jusqu’à l’an dernier à LVMH via L Capital avant d’être revendue à prix d’or à l’américain Gamestop), grille souvent le départ. Autrement dit, elle vend les jeux sous le manteau quelques jours avant la sortie officielle. Pour ça, c’est très simple : les vendeurs exigent un paiement en espèce et ne délivrent pas de tickets de caisse. D’autres rentrent dans la caisse enregistreuse un code dit « poubelle », qui ne précise pas quel titre vient d’être vendu. Certains, enfin, ne s’embarrassent de précautions et vendent le jeu avec un ticket de caisse normal. Tout ceci pour proposer des titres très attendus avant tout le monde. « Il faut faire du chiffre à tout prix chez Micromania, explique un vendeur parisien de l’enseigne à Bakchich. La hiérarchie, à travers la direction régionale, nous encourage même à le faire. » Il faut dire que le distributeur ne risque pas grand-chose. A la différence du DVD qui, légalement, ne peut être vendu moins de 6 mois après la sortie du film, le jeu vidéo n’est pas réglementé. La date de sortie d’un titre est fixée par contrat entre l’éditeur du jeu et le distributeur. Pour que la justice s’en mêle, il faut donc que l’éditeur (donc le client de l’enseigne…) porte plainte.
Ce qui n’arrive jamais évidemment. Certains pourtant, harcelés par les concurrents de Micromania, font les gros yeux. A chaque lancement de son jeu de foot phare, Pro Evolution Soccer, l’éditeur Konami, fait le tour des magasins avec un huissier pour faire constater les manquements. Mais en dehors de quelques menaces, difficile d’arrêter d’alimenter le plus gros vendeur de jeu vidéo en France.
Pourtant, en fin d’année dernière, un grossiste du secteur qui fournit notamment les enseignes de la grand distribution a eu un coup de sang et a écrit une lettre au nouvel actionnaire de Micromania. « J’ai 3 400 clients en France qui se plaignent depuis des années, confiait-il il y a quelques semaines au magazine LSA pour expliquer la motivation de sa sortie publique. Lorsque l’on est fort comme Micromania, il faut montrer l’exemple. » Ce n’est pas loin d’être le cas… De plus en plus d’enseignes font comme Micromania et « grillent » le jour de lancement officiel du jeu. Dans les centres commerciaux, ça tourne désormais à la foire d’empoigne sur le thème du : « c’est pas moi qui l’ait vendu en premier, c’est toi ! » Très drôle parfois. On s’amuse comme on peut dans le jeu vidéo…
Lire ou relire sur Bakchich.info, quelques articles conso :
Qui s’en plaint ?
Ah oui la grande distribution !
Oh les pauvres ils sont a plaindre en effet.
Micromania est tout sauf un "petit" distributeur en France. C’est une chaine.
Ceux qui s’en plaignent, à mon humble avis, sont davantage les petites enseignes qui ont besoin de ces sorties attendues pour attirer en leurs murs un certain nombre de joueurs.
Pas tellement envie de plaindre la grande distribution non plus…
J’ai un exemple particulièrement frappant sous la main.
Cela ne concerne pas que Micromania, mais les distributeurs de Jeux Vidéos en règle générale.
Le dernier opus de Football Manager, référence mondiale du jeu de gestion de clubs de football, avait changé sa méthode de lutte anti-piratage. A l’achat du jeu, il fallait soit passer par internet pour l’enregistrer, soit appeler un numéro de téléphone indiqué dans le boitier pour obtenir un code lançant le jeu.
Sauf que… pour l’occasion, SI Games avait mis en place un serveur d’enregistrement, afin de gérer l’afflux de demandes d’inscription. Le serveur devait être opérationnel le jour de la sortie, et certains revendeurs ont massivement vendu le jeu un ou deux jours avant. Du coup, serveur débordé, crashé, inscriptions ratées, jeux injouables, etc…
Il me semble qu’en punition, SI pensait à ne fournir le prochain opus aux revendeurs fautifs qu’une ou deux semaines après la sortie officielle. Ce n’est qu’une rumeur, malheureusement, SI a besoin de vendre son jeu et ce n’est pas sur qu’ils puissent se permettre de bloquer certains points de vente.
Micromania n est pas le seul à faire cela.
J ai acheté les 3 dernieres versions de PES (de Konami) à la fnac entre 2 et 5 jours avant leur sortie officielle.
Personnellement, si les magasins ont les jeux en stock, pourquoi attendre 2, 3, 4, 5 jours pour les vendre ?
Et de tte facon, comme les jeux qui sortent sont de plus en plus buggés, il faut encore attendre 1 semaine minimum après l achat pour avoir un patch à sa disposition pour pouvoir y jouer de maniere correcte.
D ailleurs, si Bakchich veut s interesser aux jeux videos (sur PC notamment), qu ils dénoncent ces editeurs de jeux qui sortent des jeux buggés (à 50 euros le jeu, c est abusé qd meme), des jeux injouables sur bcp de machines à cause des protections anti copies
Tout ces travers incitent au piratage. Mais personne ne le dit (vous savez bien que le piratage est la plaie absolue, bien devant la guerre et la maladie :D )