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Jean Montaldo : « Je suis le seul à vivre honnêtement de la corruption »

Bakchat / mardi 30 juin 2009 par La Rédaction

Ce lundi 29 juin, l’invité du Bakchat était l’écrivain-enquêteur Jean Montaldo. A l’occasion de la parution de son livre, Lettre ouverte aux bandits de la Finance.

Dans ce dernier ouvrage, Jean Montaldo dénonce les scandales des tenants du monde de la Finance, avec un dose d’humour et une touche de provocation.

Le Making of du chat

Questions à Jean Montaldo

L’intégralité du chat

Bakchich : Bonjour à toutes et à tous, nous avons le plaisir d’accueillir Jean Montaldo.

Godgiven : Hello

Godgiven : Bonjour Bonjour..

Lily : Pourquoi cette fascination pour la finance ?

Jean Montaldo (JM) : C’est le nerf de la guerre…

Lola : Comment a été accueilli votre livre par le public et par les critiques ?

JM : Par le public, et pour ce que j’en sais après trois jours en librairie, plutôt avec enthousiasme. Par la critique, à Paris, seul le magazine Le Point s’est mobilisé. De même que France Info, RTL, Les Grosses Têtes de Philippe Bouvard, en attendant la suite.

kumasan : Que pensez-vous du soutien des web-média ?

zozo : Trouvez-vous que le Net - à commencer par Bakchich - redonne ses lettre de noblesse à l’investigation ?

JM : Il est aujourd’hui essentiel. J’observe qu’il y règne une plus grande liberté que partout ailleurs.

Pour zozo : Il est évident que Bakchich fait globalement un bon travail, sans se soucier des groupes de pression. C’est ce qui me plaît dans sa démarche. Je le mentionne d’ailleurs dans ma Lettre ouverte aux bandits de la finance, et au chapitre consacré aux affaires Kerviel et Madoff, avec des documents et une version des faits que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Pour l’affaire Kerviel, j’avais, le jour même de son éclatement, en janvier 2008, publié à chaud sur le site de Bakchich ce qui s’était réellement passé, avec les montants des sommes perdues par ce golden boy laissé libre de s’en donner à cœur joie en engageant à lui tout seul 50 milliards d’euros dans des spéculations délirantes, ce montant dépassant de très loin la somme des fonds propres de la Société Générale qui l’employait.

Savoir que dans cette banque plusieurs centaines d’autres traders intervenaient sur les mêmes produits financiers abscons et ultra sophistiqués, vous donne une idée de l’irresponsabilité des dirigeants de cette banque. Certes, elle n’est pas seule en cause.

A peu près tous les autre géants de la finance s’exercent dans la même discipline. Leur but ? Gonfler leur bilan à l’hélium, pour en définitive justifier les salaires de maharadjahs de leurs dirigeants, leurs bonus de satrapes et leurs parachutes dorés dont les montants sont inversement proportionnels à leurs résultats réels.

Sur l’affaire de l’attentat de Karachi : « Mon informateur de l’époque a été retrouvé pendu…  »

Court : Vous mêmes, vous avez des sites que vous fréquentez plus souvent que d’autres ? Lesquels par exemple ?

JM : Outre Bakchich, Mediapart, Rue89, Agoravox… Et aussi la mise en ligne d’articles de presse de bonne qualité, par exemple sur le site du journal Le Temps de Genève.

Clem : Vous pouvez nous donner votre avis sur le Karachigate ? On lit sur Bakchich un article où la thèse sur les rétrocommissions est montrée comme hasardeuse et où on privilégie l’hypothèse Al Quaïda.

JM : Ce dossier est hyper compliqué. Au début des années 90, j’ai reçu les confidences écrites d’un agent secret français impliquant Benazir Bhutto, alors à la tête du Pakistan, impliquée dans l’assassinat des membres de sa famille pour de ténébreuses affaires de corruption. Je ne peux pour l’heure vous en dire davantage, sauf que mon informateur de l’époque n’est plus aujourd’hui de ce monde, ayant été retrouvé pendu sur une paroi de Chamonix…

zazou : Ce n’est pas un peu tard de nous dénoncer les bandits de la finance, alors que le mal est fait ? Vous n’auriez pas pu le faire avant la crise ?

zozo : On sent que vous ne faites pas dans la nuance dans ce bouquin. Si tout ce que vous dénoncez saute aux yeux depuis longtemps, pourquoi ne pas l’avoir révélé plus tôt, ça nous aurait évité bien des catastrophes ?

JM : A tous les deux, je vous répondrai que vous oubliez le livre publié sous ma signature en janvier 2003, avec pour titre Le marché aux voleurs. J’y relatais les manigances de PDG avides et de financiers sans scrupules qui avaient participé aux mirages de la nouvelle économie et à la création de la bulle internet. Tous en prenaient alors pour leurs grades, avec leur nom, l’étendue de leurs méfaits, les sommes délirantes dilapidées ou volées. Ce n’est pas ma faute si malgré cette volée de bois vert, méticuleusement référencée, tous ont été laissé libres de continuer comme avant.

En défenseur du système capitaliste et libéral, je suis scandalisé de voir qu’on a laissé des aigrefins, des PDG avides d’argent, des banquiers mégalomanes, avilir le système capitaliste avec exactement les mêmes méthodes que j’avais inventorié dans Le marché aux voleurs, sans se priver d’y ajouter des wagons, de nouveaux produits financiers toxiques. Voulant savoir comment la dernière crise survenue en 2008-2009 a fini par faire exploser les économies du monde, à ruiner des états tels que l’Islande, l’Ukraine, la Hongrie, la Grèce et même l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne, pour ne pas parler de la France, j’ai continué pendant toutes ces années à remonter les filières du capitalisme sauvage. Cela me permet aujourd’hui de pouvoir disséquer le monstre, en fournissant aux lecteurs un exposé précis. Moi-même, bien que spécialiste des questions financières, ne comprenais rien aux explications qui nous étaient données depuis le début du scandale des subprimes.

J’ai voulu savoir, retrouver les acteurs, identifier les responsables, jusqu’aux plus hauts niveaux, qu’il s’agissent des Etats-Unis, de l’Europe et des paradis fiscaux. La somme est édifiante, nul ne pourra dire maintenant qu’il ne comprend pas. En outre, vous avez aussi dans cette Lettre ouverte aux bandits de la finance les noms des politiques et des financiers qui n’ont pas failli.

« Sarkozy et ses homologues américains n’avaient pas le choix »

valentic : Pour vous, c’est un scandale que Sarko ait accordé des prêts d’une telle importance aux principales banques françaises ou après tout, ne fait-il que son boulot en essayant de sauver ce qui peut l’être ?

JM : Je n’ai jamais dit ni écrit que le président de la République avait commis une faute en venant au secours des banques. S’il n’avait pas pris le taureau par les cornes, dès septembre-octobre 2008, la France et l’Europe auraient volé en éclats. Les dégâts étaient immenses. Ce que Nicolas Sarkozy a fait en France, ses homologues américains l’ont également fait de l’autre côté de l’Atlantique. Ils n’avaient pas le choix : c’était ou sauver les banques de la faillite qu’elles ont cherché par leurs spéculations délirantes, ou les laisser tomber dans la banqueroute, ce qui aurait provoqué un plus grand cataclysme.

Ce qui scandalise - je ne me prive pas de l’écrire dans cette Lettre ouverte aux bandits de la finance, c’est de voir un Jean-Marie Messier, ancien PDG déchu de Vivendi Universal qu’il avait conduite au désastre, se présenter aujourd’hui à nous en donneur de leçons, dans un livre publié en janvier 2009, prenant l’heureux volontarisme de Nicolas Sarkozy en otage, dans un numéro de cireur de pompes qui me hérisse le poil.

Ce que j’écris à propos de Jean-Marie Messier n’est pas tendre. Il est tout de même l’homme qui, payé 6 millions d’euros, a conseillé le président des Caisses d’épargne, Charles Millaud, pour l’introduction en bourse de sa filiale Natixis.

Parti de 19,50 euros en 2006, le titre va tomber en peu de mois à 0,76 euros, Natixis se retouvant, in fine, en situation de virtuelle faillite, pour s’être livrée à des spéculations honteuses avec les produits dérivés.

Dénoncer les bandits, ça soulage

Minute papillon : Un top 5 des bandits de la finance ?

JM : Aux Etats-Unis, les plus grandes banques que je cite. En France : Dexia, Natixis, Société Générale, Crédit Agricole, Caisse d’Epargne et … La Caisse des Dépôts et Consignations, principal bras financier de l’Etat, dont la filiale IXIS (qu’elle partageait avec les Caisses d’Epargne) était le « correspondant centralisateur en France » ; du premier outil d’arnaque de l’escroc Bernard Madoff, je veux parler de la SICAV LUXALPHA, dans les comptes étaient certifiés conformes et sincères par le cabinet d’audit international Ernst & Young.

Je n’invente rien, ayant retrouvé à Londres l’original, la boîte noire des courtiers de Bernard Madoff, document qu’il croyait disparu à tout jamais.

Je le tiens à la disposition de la justice et des victimes de Bernard Madoff et de ses complices dont je livre dans cette Lettre ouverte aux bandits de la finance l’identité et leurs réelles implications dans un escroquerie qui a cette fois consisté à voler prioritairement les pauvres tandis que les bandits des subprimes volaient les pauvres.

La rédaction : Merci beaucoup, un mot de conclusion ?

Jean Montaldo : Merci à tous pour votre patience, quant à vous messieurs les bandits de la finance, sachez que je continuerai de vous tenir sous haute surveillance. Ce n’est peut-être pas juste, disons que ça me soulage.

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Forum

  • Jean Montaldo : « Je suis le seul à vivre honnêtement de la corruption »
    le mercredi 20 janvier 2010 à 12:20, BackVince a dit :

    Merci pour vos livres assez intéressants, M. Montaldo.

    J’écris assez intéressants parce qu’incomplets pour moi qui ne voit dans les errances du système financier que les conséquences des investissements internationaux dans les armes et autres systèmes de défense.

    Mais comme ces investissements en armement sont complètement opaques, certains ont trouvé des fusibles que personne n’apprécie, nos amis les banquiers et financiers, tous ces fainéants qui n’ont pas le bon goût d’être d’honnête vignerons comme les autres, en somme.

    Pour avoir été souvent pris moi-même comme bouc-émissaire, j’évite depuis les raccourcis.

  • Jean Montaldo : « Je suis le seul à vivre honnêtement de la corruption »
    le dimanche 19 juillet 2009 à 21:50, clara66 a dit :
    Monsieur MONTALDO toutes mes félicitations et toute ma reconaissance pour vos écrits et notamment lorsque vous affirmez que la FRANCE est une république bananière, surtout attention à votre personne et votre famille car n’oubliez pas que les français sont des laches.
  • Jean Montaldo : « Je suis le seul à vivre honnêtement de la corruption »
    le dimanche 5 juillet 2009 à 10:34, cMoi69 a dit :

    "c’était ou sauver les banques de la faillite qu’elles ont cherché par leurs spéculations délirantes, ou les laisser tomber dans la banqueroute, ce qui aurait provoqué un plus grand cataclysme."

    le tout est de savoir pour qui cela airait été la cata.. les pourris et ceux qui en vivent ou nous le petit peuple. moi.. je souhaite que tout ce système éclate, explose, tant pis si vous ne toucherez pas vos bénéfs sur la vente de ce bouquin, un cancer, il faut l’éradiquer..

  • Jean Montaldo : « Je suis le seul à vivre honnêtement de la corruption »
    le mercredi 1er juillet 2009 à 17:51, ZADIGLEVIZIR a dit :
    On n’a jamais prétendu que JEAN était un accro des lanceurs et autres ZADIG de ce pays…. sinon à l’évidence ça se saurait depuis bien des lustres…..salut l’artiste mais on a vraiment raté ta prestation….un crime de lèse majesté….
  • Jean Montaldo : « Je suis le seul à vivre honnêtement de la corruption »
    le mercredi 1er juillet 2009 à 11:31, cassandre a dit :

    Montaldo n’aime les bandits de la finance, mais il était le grand copain de Pasqua et il soutient "son fils "Nicolas Sarkozy.

    Dis moi qui tu fréquentes je te dirais qui tu es…

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