Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
COUPS DE BOULE

Le Caucase, une réplique attendue des Balkans

mardi 16 septembre 2008 par Olivier Brachet
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Olivier Brachet dirige l’association Forum réfugiés, spécialisée dans l’accueil des réfugiés et la défense du droit d’asile. Alors que le nombre de demandes d’asile déposées par des Caucasiens augmente en France, la crise en Géorgie risque d’aggraver cette tendance. D’autant que les décideurs occidentaux ne remplissent pas leur rôle de prévention. Quand ils ne jouent pas les pyromanes.

En 2005, lorsque l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) a classé la Géorgie comme « pays sûr » [1] c’est-à-dire comme un Etat qui « veille au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales », le pays comptait encore deux républiques sécessionnistes. Il rompait aussi tout juste avec quinze ans d’un régime peu respectueux des droits fondamentaux. Contestée par Forum réfugiés (www.forumrefugies.org), validée par le Conseil d’Etat, cette décision relevait, au mieux, d’une naïveté et d’un optimisme béat devant la « révolution des roses ».

Trois ans plus tard, quelques jours de guerre avec la Russie engendraient plus de 100 000 déplacés. Forum réfugiés interpelait donc le gouvernement pour que le classement soit révisé et qu’enfin et à l’avenir un peu de clairvoyance et d’anticipation guide la prise de décision dans le domaine.

D’importants déplacements forcés

Au-delà de l’explosion géorgienne d’août dernier, c’est toute la région caucasienne qui connait une situation de tensions et de violences qui engendrent d’importants déplacements de population. L’année dernière, plus de 10 % des personnes qui ont déposées une demande d’asile en France, soit près de 4000 personnes, étaient originaires de la région.

Les ressortissants russes, originaires à 80 % de Tchétchénie, d’Ingouchie ou du Daghestan, ont été les plus nombreux à demander l’asile en France au premier semestre 2008. Selon le HCR, ces derniers sont également arrivés en deuxième position, avec 18 000 demandes d’asile, dans les pays industrialisés, juste derrière les Irakiens.

La demande arménienne et celle en provenance d’Azerbaïdjan restent également à un niveau élevé. La demande géorgienne, peu importante en 2007, pourrait connaitre une hausse dans les mois qui viennent si les tensions aux abords des enclaves sécessionnistes devaient perdurer.

Dans la majeure partie des cas, les demandes caucasiennes se sont fondées sur des persécutions du fait d’appartenances confessionnelles ou ethniques.

Un risque réel de contagion

Ce constat reflète bien l’incroyable diversité de population de cette partie du monde. Agrégés dans un ensemble supranational, l’URSS, les conflits identitaires restaient en sommeil. La disparition de l’empire soviétique a laissé le champ libre à l’expression de tous les séparatismes. Et le séisme de 1989 n’a pas fini de connaitre des répliques.

L’une des plus évidentes est le conflit de Yougoslavie dans les années 90. La longue désintégration de cet Etat avait entrainé de nombreux conflits essentiellement basés sur des questions ethniques ou religieuses. Des centaines de milliers de personnes avaient alors dû fuir, faisant renouer l’Europe avec le spectre des déplacements forcés de masse. Quinze ans après le début de cette crise, les ressortissants du Kosovo arrivaient toujours en tête en termes de demandes d’asile en France en 2007.

Sur ce modèle, on peut déjà dessiner la ligne de faille qui, demain, ne demande qu’à se transformer en diagonale des conflits, depuis la Géorgie jusqu’aux républiques baltes. Haut-Karabagh, Crimée, Transnistrie, minorités éparpillées par l’histoire et prêtes à réclamer violemment la remise en cause des frontières, au besoin en forçant des centaines de milliers de personnes à la fuite.

Cernés par des partenaires tous plus agressifs les uns que les autres, l’Union européenne et les Etats-Unis n’ont pas saisi leur rôle de prévention et jouent même les pyromanes. Aveugles aux susceptibilités russes et aux nationalismes de leurs nouveaux « alliés », les Occidentaux agissent comme s’il n’y avait plus de limites à l’extension de l’UE ou de l’OTAN. La crise géorgienne est venue nous rappeler la complexité et la dangerosité de cette « tectonique ». Avis aux décideurs occidentaux, les frontières pourraient bien encore trembler à l’Est, entrainant avec elles des milliers de réfugiés.

[1] Les demandeurs d’asile, ressortissants des Etats figurant sur cette liste, ne peuvent bénéficier d’une admission au séjour et donc d’un hébergement ou d’une assistance financière de la part de l’Etat. Leur demande est instruite par l’OFPRA dans le cadre de la procédure prioritaire et leur recours éventuel devant la Cour nationale pour le droit d’asile (CNDA) n’a pas de caractère suspensif.


AFFICHER LES
1 MESSAGES

Forum

  • Le Caucase, une réplique attendue des Balkans
    le mardi 16 septembre 2008 à 14:45, Timothée a dit :
    La Russie craint un démentellement du Caucase, et ça se comprend : Il y a pas moins de 60 à 70 langues différentes dans la région pour autant voire encore plus de peuples différents ! Daguestan, Ingouchie, Ossetie, Tcherkessie, Tchtchénie, etc… ça en fait du monde qui attend son indépendance !
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte