Un livre de l’écrivain-journaliste Bernard Violet revient sur la vie du comédien humoriste et nouveau marié. Et s’interroge sur le mystère de l’accident qui lui a fait perdre son bras…
Dans Jamel Debbouze, l’as de cœur, qui vient de paraître, l’écrivain-journaliste Bernard Violet dresse un portrait très élogieux de l’artiste franco-marocain. Un surdoué de la scène, du cinéma, de la télévision. Toutefois, la vie de Jamel ne manque pas de zones d’ombres, à commencer par l’accident qui lui a fait perdre l’usage d’un bras.
Le chapitre est intitulé « Une sale affaire ». Le 17 janvier 1990, peu après 20 heures, deux jeunes gens sont fauchés par le rapide Nantes-Paris en gare de Trappes. Jean-Paul Vaïty, un Réunionnais, est tué sur le coup. Jamel Debbouze s’en sort avec de graves blessures. Après avoir risqué l’amputation, il perd définitivement l’usage de son bras droit. Est-ce un malheureux accident ou autre chose ?
Pour la famille Vaïty, leur fils Jean-Paul était doux et sociable, « toujours prêt à rendre service ». En revanche, Jamel, alors âgé de 14 ans et demi, traîne derrière lui une réputation de « voyou », « de casseur et de dépouilleur ». Il aurait tenté de voler le superbe blouson au col de fourrure, avec plaque de shérif sur le cœur, de Jean-Paul. En se défendant, ce dernier serait tombé sur les voies, entraînant son agresseur.
L’accusation est très grave. Elle n’a pas été retenue par la justice, qui a prononcé à deux reprises un non-lieu. Mais les parents de Jean-Paul continuent à mettre en cause l’artiste à la « tchache » légendaire. Ils ont même recruté un détective privé pour relancer l’affaire, en vain. Bernard Violet, qui a passé près de deux ans pour écrire sa biographie, a interrogé beaucoup de témoins.
« L’attitude de Jamel Debbouze n’est pas claire dans ce drame. Quand je lui ai posé la question en février 2008, lui, habituellement si bavard, s’est contenté de répondre : ’Pour moi, c’est une affaire on ne peut plus claire. Il y a eu un non-lieu. La justice a parlé’ », raconte le biographe. Bernard Violet constate que Jamel Debbouze « n’est jamais allé voir la famille de la victime ».
Devenu riche et célèbre, « il n’a jamais non plus fait un geste en leur faveur ». Interrogés par le magistrat instructeur, certains témoins disent avoir vu deux garçons sur les voies, mais sans assister à une bagarre. En revanche, une jeune femme, Edwige A., raconte à des amies qu’elle a bien vu Jamel pousser Jean-Paul sur les voies. Mais pour elle, pas question de témoigner devant les policiers. On est en banlieue, et elle a bien trop peur car il s’agit d’un meurtre.
Edwige A., âgée de 17 ans au moment du drame, refuse, selon Bernard Violet, à trois reprises de déférer aux convocations du juge. Faute de témoins, les magistrats de la cour d’appel de Versailles confirment en mars 1993 l’ordonnance de non-lieu signifiée deux ans plus tôt. Interrogée en septembre 2007 par Bernard Violet, Edwige A. déclare par téléphone : « J’ai peut-être pu dire que j’avais vu l’un des garçons pousser l’autre, mais le mot "meurtre" me semble très grave et ne faisait en tout cas pas partie de mon vocabulaire ». Quant aux trois convocations du tribunal, Edwige A. prétend n’avoir jamais été au courant.
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