La campagne électorale de Barack Obama est déjà un exemple. Pour les politiques français, une recette miracle afin de concrétiser de folles ambitions !
Pour nous autres, les desperados du journalisme sur Internet, l’élection d’Obama est une bien mauvaise nouvelle. Que remarquent les spécialistes, ceux qui fabriquent des hommes politiques comme Georges Clooney fait du Nespresso ? Ils observent, ces experts de la pilule du lendemain- celle avalée par Sarah Palin et son vieux pote-, que ce sont les soixante millions d’internautes obamesques qui ont tissé le drap housse et la couette du sénateur de l’Illinois, fait son lit à la Maison Blanche.
Un spécialiste du réseau me signale depuis Sète (cimetière marrant depuis que Georges Brassens y repose), à moi qui n’y comprends rien, que les amis du jeune candidat « blanc » (pourquoi le qualifier de « noir » alors qu’il est tout aussi blanc, ce que sa politique va nous démontrer ?) ont utilisé comme outil « le web 2 », alors que McCain, l’andouille, n’utilisait « qu’un média plus ordinaire ». L’ancien prisonnier des Viets mettait en ligne un journal ou du courrier pendant que chez Barack les ordinateurs étaient le moyen de signer un pacte avec ses fidèles, de former une famille. Pour nous, les Paul-Émile Victor de l’Internet, cet ordinateur capable de faire élire un président en noir et blanc est signe de danger. Pour copier la méthode Barack, tous les phagocytes du pouvoir sont déjà en marche. Finie la tranquillité dans notre pré d’utopie, celle du bovin attendant la lame du boucher. Pour nos priapiques de la chose politique, Internet cesse de n’être que l’instrument des couples chercheurs d’infidèles, la cantharide des pianoteurs du soir, l’outil des acheteurs compulsifs : la Toile est prise au sérieux puisqu’elle peut faire le roi du monde.
Attendez-vous donc à découvrir le débarquement dans notre univers bienséant et feutré, d’engeances web aussi discrètes qu’une plateforme pétrolière. Postulat : pour occuper l’espace, le mieux est de le contrôler. Mon interlocuteur, cet informaticien de Sète me disait : « Internet est dans l’état dans lequel se trouvait l’industrie automobile en 1910 » ! Faites donc confiance à nos amis du Pouvoir, à la recherche du temps perdu, bien assez doués pour étouffer notre liberté comme ils étranglent, aujourd’hui, celle d’une presse en papier où l’on ne croise que peu de tigres.
Un coup de semonce (pour utiliser une métaphore digne de Max Gallo), nous est donné dans Le Monde du 5 novembre (il se trouve que ma femme achète ce très grand journal « pour faire les mots croisés » et que, pour son pardon, elle accepte le port de la burka). Donc, le coup de semonce est un papier intitulé : « La campagne de M. Obama inspire les conseillers de M. Sarkozy ». C’est ici que la tuile glisse du toit, menaçant notre occipital.
On en apprend de belles. Ainsi Pierre Giacometti , conseiller politique du président, « revient d’une semaine d’immersion dans l’équipe de campagne de Barack Obama » ! Saluons l’exploit. Pour avoir croisé Giacometti dans des couloirs de journaux, je peux vous assurer, qu’à part dans le Sarkozysme, métal lourd, on ne peut l’immerger dans rien d’autre. Il est si léger qu’il remonte.
Pierre (vous permettez que je vous appelle Pierre ?) a donc « réfléchi à une refonte de l’UMP et à la future campagne présidentielle ». Bêtement je croyais que les partis étaient le produit des souhaits et décisions des militants, des élus… Pas du tout. L’UMP du futur est déjà dans la tête de Pierre, engrossée dans l’incubateur d’Obama. Pierrot et ses amis, je vous l’annonçais, ont aussi réfléchi à la création sur la Toile d’un « site conçu comme un média politique global ». Constatez qu’en dépit de mon style incohérent et de ma pensée sauvage, je ne vous ai pas menti.
Christophe Lambert, membre de la « cellule stratégique de l’UMP », découvre « qu’Obama applique les lois du cinéma à la politique ». Ce garçon ignore l’existence de deux monuments de l’histoire politique, ayant déjà appliqué la recette : Kennedy et Sarkozy. Si Lambert oblige son client français à faire plus de cinéma, l’Élysée ce ne sera plus la Présidence de la République mais « Les Cht’is, le Retour ».
Conclusion. « Le succès d’Obama tient au recrutement dans la société civile des meilleurs spécialistes d’Internet (Bakchich, y’a pas mieux), de la communication, de la publicité, des sondages, des finances, de l’économie et de la diplomatie » (je n’invente rien, Le Monde cite tout ça).
Et moi de m’insurger. Parlons d’abord de la société civile : quand dans une équipe on a la chance de compter sur Bigard, Johnny, Clavier, Mathieu, Macias, Barbelivien, Duteil, Glucksmann, Brukner, Doc Gynéco, Faudel… chercher mieux c’est pas possible, et leur faire injure.
Quand, dans l’écurie politique, on a d’aussi beaux étalons qu’un Xavier Bertrand -dont on est sûr d’une chose c’est qu’il n’est pas ambitieux- quand on a un Roger Karoutchi, un Balkany, une Dati, un Besson –dont est sûr qu’il n’est pas traitre-, un Kouchner , une Yade, un Laporte, une Roselyne… pourquoi aller piocher dans le vivier du civil ? Mais c’est toujours pareil, on cherche toujours ailleurs ce que l’on a sous la main.
Attendons-nous à voir apparaître « une marque Sarkozy, avec son logo, sa typographie, son slogan, son positionnement, ses valeurs… » C’est Le Monde qui l’écrit. Il est vrai dans une édition d’un mercredi, le jour du rire.