Les hommes et les sponsors d’abord ! Après son naufrage financier, La Boudeuse, programme de recherche « emblématique du Grenelle de la Mer », est en vente. Pas de Borloo à bâbord, ni à tribord.
À l’été 2009, le « Grenelle de la mer », un show sponsorisé par Borloo et Sarko, annonce des centaines de mesures magnifiques en faveur des océans. Parmi ces dernières, un grand voyage à travers le monde et sur les flots, à la recherche de la biodiversité et du « développement durable », forcément durable.
La mission est confiée à Patrice Franceschi, grand aventurier devant l’Éternel. Il traîne depuis trente ans une réputation d’honorable correspondant des services, qui ne gêne d’ailleurs personne. N’a-t-il pas aidé jadis les Afghans dans leur guerre contre les Soviétiques ? N’est-il pas marin ? N’est-il pas capitaine de La Boudeuse, un trois-mâts d’exploration baptisé du même nom que le navire de l’illustrissime Bougainville ?
C’est dit. En novembre 2009, porté par l’enthousiasme conjoint de Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko Morizet, La Boudeuse numéro 2 part de Brest en novembre 2009. Comme avait fait Louis-Antoine de Bougainville en 1766 ! La mission Terre-Océan a pour noble but d’explorer les grands fleuves de l’Amérique du sud avant d’étudier les effets du changement climatique sur les îles du Pacifique menacées de submersion. Et que vogue la galère. Car le voyage tourne à la tragicomédie.
Les sponsors – une vingtaine au départ – ont senti la bonne affaire et les reprises au journal télévisé du soir. La BNP-Paribas, par exemple, lance un concours aussi magnifique qu’alléchant : « Vous avez le pied marin, une âme d’explorateur ? BNP Paribas et La Boudeuse proposent une aventure hors du commun, humaine et scientifique ». Après quelques ronds dans l’eau devant la Guyane française, et une halte dans le delta de l’Orénoque, tout s’arrête début juin.
Franceschi pique sa crise et accuse Borloo de ne jamais avoir débloqué une aide de 500 000 euros pourtant promise. Le ministre gueule comme un putois et affirme qu’aucune demande ne lui a été faite. Profitant de la confusion et du départ sur la point des pieds de discrets sponsors, BNP se fait aussi la malle, entraînant le naufrage général. Endettée jusqu’au pont supérieur – elle devrait 400 000 euros à ses fournisseurs -, La Boudeuse part finalement en Martinique pour y être vendue. Mais où diable est passé le programme de recherche « emblématique du Grenelle de la Mer » tant vanté par Borloo ? D’ailleurs, où est passé le « Grenelle de la mer » ? Et Borloo lui-même ?
Cet été Bakchich vous invite à visiter l’envers des plages parfois paradisiaques de notre bel hexagone. Algues tueuses, promoteurs indélicats, pêcheurs hystériques ou naturistes transcendantaux, la liste de ce qui pollue nos côtes est tellement longue qu’on en a fait un abécédaire. A déguster en long, en large et en travers, vautré sur le sable.
"Ils ont flingués nos plages !" en vente dans les kiosques et marchands de journaux jusqu’au 3 septembre
"La Boudeuse, programme de recherche"
Pour la Recherche, en France, on a le CNRS. Et quand ça touche plus particulièrement la mer, on a l’Ifremer.
Alors donner des centaines de milliers d’euros, voire des millions à une équipe de pieds nickelés pour qu’il se paye du bon temps en croisière dans les îles du Sud me déplait particulièrement.
Cependant, il me déplait encore plus de constater que la politique n’est aujourd’hui que plan com, buzz et coups tordus.
Oups !
PF a perdu une jonque "La Boudeuse" dans un naufrage au large de l’ile de Malte en mars 2001.
Pour PF c’est le N°2. Ou le N°3 si on compte le navire de Bougainville.
Mais qui peut avoir l’idée de baptiser un bateau du nom de Titanic ? Lui il s’entête avec "La Boudeuse"…