Au théâtre du Lucernaire, dans une mise en scène sobre, pure et émouvante, Marcia de Castro, met en valeur la poésie du texte de Michel Quint.
L’humour noir du clown-poète Apollinaire, engagé volontaire et artilleur se retrouve dans ses vers comme : « que la grenade est touchante dans nos effroyables jardins ! » ou bien « Ah Dieu que la guerre est jolie ! ».
C’est le halo de lumière de tous ceux qui luttent avec tout leur être et leur imagination contre les manichéismes de toute sorte. Ils défient le royaume des ténèbres et les forces du mal par l’insolite et la grâce. Le nez rouge qu’arbore fièrement un soldat nazi en est le fier et digne symbole.
L’ironie s’incruste avec beaucoup de poésie et de rire dans cette pièce « Effroyables Jardins » de Michel Quint. Il nous raconte une guerre touchante et terrifiante, avec ces moments où « on trouille à cramoisir, à faire pipi culotte.. », et où apparaît, surnaturel, au bord du gouffre, un soldat allemand avec un nez de clown…
L’histoire en quelques mots : la pièce se passe dans le Nord de la France : un clown rôde aux abords de la salle d’audience du procès Papon et un petit garçon raconte sa honte de voir son père faire le pitre.. quel lien entre les deux images ? L’histoire dénoue doucement les fils, les années passent, et le garçon comprend cet acharnement de son père à se rendre ridicule lorsqu’il apprend par son oncle qu’ils étaient tous deux engagés dans la Résistance, plus par jeu au départ que par conviction. Ayant réussi, sans vraiment savoir comment, une opération de sabotage, ils sont pris comme otages et emprisonnés dans un trou boueux. L’ironie veut que la sentinelle allemande qui les garde est clown, jongleur et parle un français impeccable.
Comme le dit l’auteur, il n’y a pas de parenthèses dans l’Histoire, « parce que Vichy a eu lieu » et « que l’humanité profonde, la dignité, la conformité au bien moral échappent au droit, à la légalité ».
Dans cette ligne, droite et ferme, aucun compromis ne peut être accepté sur une prétendue définition ethnique, religieuse, politique ou économique de l’identité nationale française à part l’honneur et le courage de ceux qui s’engagent pour leur pays, y travaillent et le représentent partout dans le monde. Mais non elles ne vont pas nous « bouffer » toutes ces étranges personnes qui viennent d’ailleurs !
Dans une mise en scène sobre, pure et émouvante, Marcia de Castro, met en valeur la poésie du texte. Seul sur scène, André Salzet, nous raconte l’histoire avec beaucoup d’humanité et de tendresse. Michel Quint, auteur policier, a connu un grand succès avec la publication de ce texte qui s’est écoulé à près de 200 000 exemplaires et s’est arraché dans douze pays. Il a été plusieurs joué au théâtre et adapté au cinéma dans un film de Jean Becker.
EFFROYABLES JARDINS de Michel Quint
Avec André Salzet, adaptation et mise en scène : Marcia de Castro
Au Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre dame des Champs, 75006 Paris
Du 25 novembre 2009 au 24 janvier 2010 à 18H30 du mardi au samedi et à 15H00 le dimanche – Réservations : 01 45 44 57 34